Gabon – Putsch manqué : Ali Bongo a frôlé la répétition de l’histoire

Ce lundi 7 janvier 2019, des éléments de l’armée gabonaise ont tenté de prendre le pouvoir par les armes. Une tentative de putsch qui finalement a été enraillée par les militaires et les mutins arrêtés. Alors qu’il était en convalescence au Maroc après son AVC, le président Ali Bongo Ondimba, a failli être témoin de la répétition de l’histoire dans son pays avec pour victime cette fois, lui-même.

Tôt lundi matin, plusieurs officiers de l’armée ont pris le contrôle de la radio d’État et ont exprimé leur mécontentement à l’égard du président. Ils ont exprimé leur déception à Ondimba et leurs doutes sur sa capacité à mener à bien ses responsabilités après une allocution du Nouvel An prononcée par le président. Un soldat qui s’est identifié comme étant le lieutenant Kelly Ondo Obiang a exhorté ses collègues militaires et citoyens à s’armer et à occuper des bases militaires, des aéroports et des postes-frontières. Des chars et des véhicules blindés pouvaient également être vus dans les rues à mesure que la nouvelle de la tentative de coup d’Etat faisait les gros titres dans les journaux régionaux et internationaux. Selon des reportages, on ne savait toujours pas si les officiers militaires seraient soutenus par une force plus importante mais avec le temps, les autorités ont annoncé avoir repris le contrôle de la situation et mis les putschistes aux arrêts.

Rappel historique : Le coup d’Etat de 1964

Omar Bongo Ondimba , père de l’actuel locataire du palais de la présidence gabonaise, a été l’une des premières victimes du coup d’Etat qu’a connu le Gabon en 1964 lorsque des officiers militaires ont renversé le gouvernement du premier dirigeant post-colonial du pays, le président Léon M’ba. Alors que le coup d’Etat précédent avait eu un résultat relativement positif pour Ondimba père, revenu aux affaires avec le soutien des Français, son fils, Ali Bongo, actuel président la tête pays, n’est sûr de rien. En février 1964, Albert Bongo avait été arrêté et interné au camp Baraka de Libreville à la suite d’un coup d’État militaire visant à placer Jean-Hilaire Aubame au pouvoir. Très rapidement il a été libéré par les forces françaises qui ont volé au secours de Léon Mba, il restera néanmoins profondément marqué par cette expérience, au point de ne jamais accorder la moindre confiance à son armée tout au long de ses quatre décennies de pouvoir.

Et comme les événements dramatiques se sont déroulés lundi, reflétant étrangement le premier coup d’Etat militaire du pays, il reste à voir quelle sera la réaction des citoyens gabonais et autres personnalités politiques qui, jusque-là, n’ont pas réagi. De plus, la hiérarchie militaire est étonnamment restée muette depuis ces événements. On aurait pensé à une sorte d’hésitation de la part de ces différents acteurs qui se demandent s’il faut soutenir ou non les putschistes.

Le premier coup d’Etat militaire du Gabon a été plus ou moins pacifique, faisant peu de victimes, et l’armée a de nouveau utilisé la radio pour apaiser la population. M’ba a été destitué par environ 150 conspirateurs avec à la clé la formation d’un gouvernement provisoire . Le peuple gabonais n’a eu aucun soulèvement ni réaction majeur lorsqu’il a été informé du coup d’État. Ce manque de réaction a été interprété par  l’armée  comme un signe d’approbation. Les putschistes se plaignaient du fait qu’M’ba travaillait pour son clan et les élites locales et non pour le Gabon .  Ces mêmes récriminations sont similaires à celles évoquées par les putschistes actuels  . Lors du coup d’État précédent, le gouvernement M’ba avait été réinstallé avec l’aide de parachutistes français, respectant ainsi un traité de 1960 entre la France et le Gabon. Ancienne métropole  , Paris est restée très impliquée dans les affaires du Gabon après l’indépendance.

La famille Bongo

Le gouvernement gabonais est une bureaucratie présidentielle centralisée et autocratique dont le pouvoir est largement distribué par le biais du favoritisme, a déclaré Amnesty International. Pendant les vacances parlementaires le président a un pouvoir discrétionnaire sur les lois déjà votées . Il peut dissoudre l’Assemblée nationale, organiser de nouvelles élections ou gouverner par décret présidentiel.

La famille d’Ondimba dirige le pays riche en pétrole depuis plus d’un demi-siècle. Le président actuel a pris ses fonctions en octobre 2009. Le père du président actuel, Omar Bongo Ondimba, a gouverné Gabon avec de la dictature  pendant 42 ans, de 1967 à sa mort en 2009. Il était chef de cabinet et a été emprisonné dans un camp militaire lors du premier coup d’État militaire de 1964. Avant le coup d’Etat de février 1964, qui avait renversé Mba, le Gabon était considéré comme l’un des pays les plus stables d’Afrique sur le plan politique. À l’époque, le pays avait un revenu annuel moyen élevé et était l’un des rares pays d’Afrique à afficher une balance commerciale positive, les exportations dépassant les importations de 30%. Les élections présidentielles de 2016 ont été critiquées par l’Union africaine .

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