Algérie: manifestations des étudiants, la jeunesse brise le grand tabou politique

Des milliers d’étudiants algériens ont manifesté mardi 26 février dans la capitale et dans d’autres villes, contre le projet du président Abdelaziz Bouteflika d’allonger son mandat de 20 ans en demandant un cinquième mandat, ont déclaré des témoins cités par Reuters.

En dépit de la vague de dissidence publique, le directeur de campagne de Bouteflika a déclaré que le président déposerait les documents officiels pour une réélection le 3 mars, soit 15 jours avant le vote. « C’est (son) droit d’être candidat », a déclaré Abdelmalek Sellal à une foule, lors d’une allocution télévisée. C’était le cinquième jour des manifestations, mais le premier à être couvert par les médias publics après que ses journalistes ont interpellé leurs employeurs pour leur permettre de couvrir les manifestations.

En effet, les étudiants demandaient à Bouteflika, 81 ans, de renoncer à son intention de se représenter lors du vote présidentiel du 18 avril. Bouteflika a été victime d’un accident vasculaire cérébral en 2013, et depuis lors, n’a été vu en public que quelques fois et n’a prononcé aucun discours connu depuis des années.

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Les manifestants, qui ont scandé «pacifique, pacifique», ont également demandé au gouvernement de prendre des mesures pour créer des emplois (plus du quart des Algériens de moins de 30 ans sont au chômage). «Beaucoup de jeunes ont obtenu leur diplôme universitaire mais ils sont toujours au chômage», a déclaré un étudiant aux médias. Des dizaines de personnes ont défilé dans le centre d’Alger, tandis que des centaines d’étudiants ont organisé des rassemblements à l’intérieur des facultés vu que la police tentait de les empêcher de quitter l’université pour rejoindre leurs homologues dans les rues. Des rassemblements réunissant des centaines de personnes ont également été organisés dans des villes telles que Béjaïa, Tizi Ouzou, Blida et Bouira, rapporte  Reuters. L’agence de presse officielle APS a déclaré que les manifestants réclamaient «un changement et une réforme».

La fin du grand tabou ?

Les autorités ont annoncé plus tôt cette semaine, qu’il se rendrait à Genève pour des examens médicaux non spécifiés. Pendant de nombreuses années, de nombreux algériens ont évité la politique en public, craignant des ennuis de la part des services de sécurité omniprésents. Ce pays est dirigé par le même groupe d’anciens combattants depuis la guerre d’indépendance de 1954-1962 avec la France. Bouteflika a lui-même gouverné depuis 1999 et est respecté pour avoir mis fin à une insurrection islamiste qui a duré une décennie au début de son règne. De nombreux Algériens ont longtemps toléré un système politique laissant peu de place à la dissidence, un prix à payer pour la paix et la stabilité.

Mais les nouvelles vagues de protestation semblent avoir brisé le long tabou du débat public sur la politique. Selon les opposants de Bouteflika, rien n’indique qu’il est en assez bonne santé pour diriger le pays et qu’il est gouverné en son nom par des conseillers. Les autorités affirment qu’il conserve une solide emprise sur les affaires publiques, malgré la rareté de ses apparitions. Une opposition faible et divisée se heurte à de gros obstacles pour relever le défi électoral. Depuis que le parti au pouvoir a de nouveau choisi Bouteflika comme candidat à la présidentielle, plusieurs partis, syndicats et groupes d’affaires, l’ont endossé. La baisse des prix du pétrole au cours des dernières années a nuit à l’économie algérienne, ravivant le mécontentement.

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