Avis de chefs d’Etat africains et personnalités françaises sur le FCFA

Depuis des lustres, la polémique autour de la monnaie CFA alimente les débats économiques, politiques(…) et elle n’est pas prête de s’arrêter. Pour preuve, ces dernières semaines, les débats sont devenus très houleux et entraînant parfois quelques frictions diplomatiques sur les médias : Télévision, radio et les réseaux sociaux.

Le 20 janvier 2019, Luigi Di Maio, le vice-président du Conseil des ministres italien et dirigeant du Mouvement cinq étoiles (M5S), à lancé une attaque frontale contre la France, l’accusant d’appauvrir l’Afrique par sa politique monétaire et donc favorise la crise migratoire dont les conséquences sont très considérables. Le ministre italien, a en effet demandé à ce que l’UE sanctionne la France qu’il pointe vigoureusement du doigt. La réaction des autorités françaises a été spontanée. L’Elysée a convoqué l’ambassadrice de l’Italie auprès de la France; pour entendre sa version sur les déclarations de Luigi Di Maio. Dans la foulée, c’est le ministre italien de l’Intérieur, Matteo Salvini, qui s’en prend violemment au président français au sujet de la crise migratoire : «la France a un très mauvais Président de la République», a-t-il lancé, sans ménagement , sur Canal 5 à l’endroit de l’actuel locataire de l’Elysée.

Voilà qui place désormais le débat autour du Franc CFA dans un contexte nouveau, en lui donnant une envergure internationale. Il n’est que loisible de voir les langues les plus autorisées se délier sur ces questions, pour s’en convaincre. Sur le continent africain aussi la question avait nourri et continue de nourrir les débats entre chefs d’état, d’anciens cadres de banques centrales et autres anciens ministres. Voici un florilège, morceaux choisis:

Patrice Talon janvier 2016:

« Le FCFA est-il surévalué ? Oui, mais il n’est pas opportun de le dévaluer. Ce serait une catastrophe étant donné le niveau qu’a atteint la pauvreté. Et pour pouvoir rebondir, il faut avoir un peu de muscles. »

Alassane Dramane OUATTARA septembre 2016:

« On ne discute pas des questions monétaires sur la place publique. Mais, l’expérience a prouvé que le FCFA était plutôt une bonne chose. »

« FCFA est une monnaie saine et elle est entre de bonnes mains. La dette extérieure est bien gérée avec une monnaie saine ».

Macky Sall mars 2016:

J’ai lancé une invitation aux membres africains de la communauté pour qu’ils publient sur ce sujet. Au-delà de l’aspect politique et passionnel de débat sur la monnaie, il est bon que les universitaires montrent par leurs recherches et par leurs connaissances quels sont les véritables enjeux.

« Le FCFA est une bonne monnaie à garder et il ne faut pas la déstabiliser. Le FCFA est une monnaie stable ».

Ali Bongo Ondimba août 2016:

« Aucune situation n’est parfaite, idéale, il y’a des choses à faire évoluer. Mais, je préfère pour l’instant que nous restions dans le cadre du FCFA, grâce auquel nous avons des assurances. »

Idriss Déby Itno aout 2015:

« Il y’a aujourd’hui le FCFA qui est garanti par le trésor français. Mais, cette monnaie, elle est africaine(…)il faut maintenant que réellement, dans les faits, cette monnaie soit la nôtre (…) une monnaie qui permet(te) à tous ses pays qui utilisent encore le FCFA de se développer. »

Faure  Gnassingbé février 2010:

« Le taux d’échange fixe lié à l’euro, nous empêche d’avoir une politique monétaire. L’unique latitude est fiscale et non budgétaire, ce qui est un inconvénient majeur pour nos pays. Vous avez des situations économiques différentes dans chacun d’entre eux, mais la politique monétaire est la même pour tous, ce qui n’est pas idéal…Et nous avons encore à mettre 65% de nos devises dans le trésor français. »

Roch Christian Kaboré, président du Burkina Faso:

« C’est un gros défi lancé aux présidents de réfléchir pour qu’ensemble nous puissions avoir une monnaie. Cela nous permettra de réaffirmer notre indépendance, d’avoir une politique monétaire propre à nous et non pas attelée à une autre monnaie telle que l’Euro. »

Mahamat Tolli , gouverneur de la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC):

 

« Nous avons des problèmes de compétitivité (…) il faut une transformation structurelle avant de parler du taux de change (du franc CFA) »

 

L’ancien ministre des Finances du Niger, (ancien car il vient d’être limogé)Hassoumi Massaoudou , a déclaré    cette semaine que:

« le fcfa participe à la sécurisation des investissements sur le plan du « pouvoir d’achat ». Ses utilisateurs sont également « immunisés par les politiques de la Banque centrale contre l’hyperinflation ». Pour lui, le choix de souveraineté de chaque état membre de l’UEMOA est « libre » et « positif ». 

Aussi traite-t-il les discours de ceux qui contestent l’usage du franc Cfa en Afrique de l’Ouest de désuets.

Les français se prononcent…

Emanuel Macron, candidat aux présidentielles françaises;

« C’est un débat que les pays de la zone franc doivent conduire dans les deux zones concernées. Je n’ai pas à me prononcer pour eux. C’est un élément de stabilité que nous garantissons. Ce qui est vrai, c’est que cela crée de l’hétérogénéité, en particulier au sein de la Cédéao, où vous avez plusieurs cohabitations. En même temps, je pense que le choix leur est laissé. »

A l’occasion de sa visite au Burkina Faso, en novembre 2017, le président français Emmanuel Macron avait déclaré que : « Le franc CFA n’est pas une monnaie coloniale, en dépit de ce qu’en pensent les Africains, et la France ne force aucun pays qui ne le souhaite pas à y rester, les pays africains qui veulent se retirer et battre leurs propres monnaies sont libres de le faire, c’est aussi simple que ça». 

 

Marine Le Pen, candidat aux présidentielles françaises:

« J’entends les plaintes des États africains qui considèrent par principe qu’ils doivent avoir leur propre monnaie et que le franc CFA est un inconvénient à leur développement économique…Je suis tout à fait d’accord avec cette vision. »

 

Claude Bartelone, président de l’Assemblée nationale française:

 Une affaire africaine

 «Le franc CFA est une monnaie africaine et la France est à la disposition des pays qui ont pour monnaie commune le franc CFA pour savoir ce qu’ils veulent comme orientation monétaire et économique pour leurs pays »

 

Michel Sapin, ministre Français des Finances:

La monnaie des africains

«Le franc malgré son nom est la monnaie des Africains, ce n’est plus la monnaie de la France, il a disparu en Europe. Sur toutes ces questions-là, c’est aux Africains de se prononcer et ce n’est pas à nous de le faire à leur place.»

 

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