Bénin : guerre de positionnements à la mouvance, l’inévitable revers de la médaille

Le compte à rebours a commencé au sein de la mouvance présidentielle. Après avoir réussi, en dépit de quelques anicroches, a constitué les deux blocs nourris par Patrice Talon, la mouvance devra faire face aux difficultés liées aux positionnements. Et c’est à ce niveau que les soutiens de Patrice Talon devront montrer toute leur maturité pour ne pas donner raison aux mauvaises langues qui estiment que leur union était une farce.

La mouvance présidentielle est à la croisée des chemins. L’Union progressiste et le Parti républicain en dehors des partis satellitaires de la mouvance sont minés, selon les indiscrétions, par de petits conflits internes, notamment liés aux positionnements. Des députés du Bloc de la majorité parlementaire (BMP) et candidats à la députation refusent de se sacrifier sous aucun prétexte. Bien d’autres cadres politiques, peut-être jeunes et nourrissant l’ambition depuis bien des années, cherchent à émerger. Les tractations vont bon train et les deux parties se livrent de petites guerres intestines.

Des défections volontaires ou pure contrainte

A moins de trois mois des consultations électorales, des têtes pas des moindres jettent l’éponge et renoncent définitivement à la politique contre toute attente. Idji Kolawolé, député et ancien président de l’Assemblée nationale ne sera pas candidat. L’information est relayée sur le site de Bénin 24 télévision ce mardi 05 février. Il se retire de la course au profit d’autres candidats de l’Union Progressiste, en l’occurrence le maire Jean Pierre Babatoundé. Avant lui, son collègue de la 18ème circonscription électorale avait déjà fait le pas vers la sortie. Mathurin Nago renonce à la politique et dans un langage limpide fait ses adieux à ses militants. ‘’Maman et moi nous ne recevrons plus de chefs de village, de comités de jeunes ou de femmes ni de budget de championnat de foot, de belote ou des plans de financement de cours de vacances. On a fait les comptes, maman et moi et nous gardons ce qui nous reste pour nos vieux jours, merci pour tout’’. Quelques jours après, le retrait de la course du député Alexis Agbélessessi a été fortement annoncé. L’information a été démentie plus tard mais il n’y a jamais de fumée sans feu, dit-on. Selon les informations persistantes, parmi les 59 députés pro-Talon, certains vont rendre le tablier très prochainement à l’image d’Idji Kolawolé et Mathurin Nago pour éviter un camouflet. Dans cette atmosphère, l’on se demande si c’est par pure conviction ou une contrainte venant de la hiérarchie. Car de mémoire de béninois, c’est un fait rarissime.

Patrice Talon, seul maître à bord

Le Président Patrice Talon détient la clé de voûte de la situation. L’homme aura son mot à dire dans la confection des listes de la mouvance avec à la clé, les différents positionnements. Evidemment, les places préférentielles seront attribuées aux hommes de confiance et non aux soutiens parachutés. Mais au-delà, les positionnements doivent répondre à des critères de sélection très rigoureux et sans complaisance, car l’Assemblée nationale est un haut lieu politique où tous les coups sont permis. Dans ce schéma, plusieurs députés ayant soutenu Patrice Talon se verront reléguer au dernier rang.

Des campagnes ont même déjà commencé en défaveur de certains qui traînent des cadavres tapis dans les placards et jouissent de l’immunité parlementaire depuis plusieurs mandatures. C’est le cas par exemple de David Gbahoungba, mêlé à la construction du nouveau siège du Parlement. L’homme de Matéri, Barthélémy Kassa, alors ministre de l’énergie et de l’eau s’est vu mêler au dossier Ppea 2. L’affaire a été déclarée non-lieu mais demeure dans le souvenir des mandants. Quant à Rachidi Gbadamassi, il est cité dans l’affaire  d’assassinat du juge Sévérin Coovi, André Okounlola peine à convaincre de sa probité dans le dossier machine agricole, bref, les exemples sont légions. Le passé sulfureux de certains  députés peut donc jouer contre eux.

A tout prendre, la mouvance présidentielle est dans  une zone de turbulence. Un premier test pour le Président Patrice Talon qui devra montrer sa capacité à fédérer les énergies autour de sa politique. Dans le cas contraire, l’opposition va gagner du terrain et se verra renforcer.

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