Bénin: Opposition à Patrice Talon, Sébastien Ajavon peut-il tenir jusqu’au bout ?

L’on s’accorde que l’opérateur économique, Sébastien Ajavon n’est pas au mieux de sa forme depuis son entrée dans l’arène politique. Arrivé troisième au terme du premier tour de l’élection présidentielle, le roi de la volaille a énormément contribué à l’élection de Patrice Talon à la magistrature suprême de notre pays. Mais le mariage n’a duré que le temps d’un feu de paille et l’on se demande si Sébastien Ajavon pourrait maintenir sa posture d’opposant même après les législatives.

La question est embarrassante  mais pleine de portée. En politique, il faut tout envisager. Les ennemis d’hier peuvent devenir des amis d’aujourd’hui et vice-versa. Le cas qui retient notre attention pour l’instant est celui de Sébastien Ajavon. L’homme semble avoir rompu au vu et au su de l’opinion publique, les amarres avec son ancien allié. Exilé ou contraint à l’exil à l’image d’autres opposants, le président d’honneur de l’Union sociale libérale assiste impuissant à la scène politique. Il est recherché par la justice du pays pour son implication dans l’affaire des 18Kg de cocaïne.

Une coalition gangrenée dès ses premières heures

Sept mois seulement après la prise du pouvoir, précisément le vendredi 28 octobre 2016, une affaire éclate et ébranle la coalition de la rupture ayant permis à Patrice Talon d’accéder à la magistrature suprême. 18kg de cocaïne « pure » découvertes dans l’un des conteneurs de la société de Sébastien Ajavon vont lancer le divorce entre les deux hommes. Si d’aucuns y voient une main invisible pour écarter un soutien de taille, le PDG de Cajaf Comon n’a pas usé de sagesse face au dossier.

Quelques jours seulement avec l’éclatement de l’affaire, Sébastien Ajavon a tenu des propos médiatisés dénoués de tout esprit de discernement. L’homme a tôt fait de pointer d’un doigt accusateur le régime, l’accusant d’être à l’origine de ces manœuvres visant à le déstabiliser. La réplique de Patrice Talon ne s’est pas faite attendre. Dans un message à peine voilé devant les populations du Septentrion, le chef de l’Etat a réitéré son engagement à lutter contre l’impunité. Les amarres sont visiblement rompues entre les deux hommes et la bataille juridique s’installe.

Ping pong  juridique au lendemain incertain

L’affaire de 18kg de cocaïne pure a dépassé les frontières nationales. Mais avant, Sébastien Ajavon et ses co-accusés ont été condamnés à 20 ans d’emprisonnement par la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet) après leur relax au bénéfice du doute par le tribunal correctionnel de Cotonou le 04 novembre 2016. Comme pour laver son honneur, Sébastien Ajavon par le biais de ses conseils a saisi  la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples (CAfDHP) et réclame 550 milliards à titre de dommages et intérêts car, il estime que son image a été salie et que ses droits de citoyen ont été violés.

Dans sa  décision le 18 décembre 2018, l’institution a demandé  au Bénin de surseoir à l’exécution de la peine infligée à Sébastien Ajavon par  la Criet. Pour la juridiction africaine, la loi portant création de la Criet, autorise que ses décisions fassent l’objet d’un pourvoi en cassation mais selon le code de procédure pénale béninois, l’appel des condamnés qui ne sont pas en détention ou qui n’ont pas obtenu l’exemption de l’exécution de leurs peines  est invalide. Mais c’est sans compter avec la justice du pays qui continue de jouer les prolongations. Selon l’un des conseils du mis en cause, l’Etat béninois n’a pas autres choix que de mettre en application la décision de la CAfDHP. Pour lui, la décision de la Cour africaine est directement exécutoire au Bénin, donc ne pas l’exécuter serait une infraction vis à vis de la loi. En attendant la fin de cet épilogue juridique, il n’est pas à écarter une probable réconciliation entre les deux hommes.

Un mariage USL-mouvance à l’Hémicycle n’est pas exclu

Un vieillard assis voit plus loin qu’un jeune débout, dit un adage séculaire. Dans un audio, mercredi 13 février 2019, Bertin Koovi prévient d’un mariage inéluctable entre l’Union sociale libérale de Sébastien Ajavon et le régime actuel. Le roi de la volaille dont les affaires sont en chute libre depuis l’avènement de la Rupture est trop exposé économiquement pour rester éperdument dans l’opposition. C’est pourquoi, estime l’Iroko, les députés USL ne vont pas hésiter à faire allégeance à Patrice Talon quand leur leader sera véritablement asphyxié.

L’homme de Djeffa, en plus de ses ennuis judiciaires, a même déjà fait l’objet d’un redressement fiscal de plusieurs milliards. Pour retrouver alors sa bonne santé financière d’antan, Sébastien Ajavon peut faire table rase. « Je suis quelqu’un qui sait pardonner. Tout ce que Dieu m’a fait est bon, nous n’avons qu’un seul pays et nous devons œuvrer pour la paix dans notre pays. Je pardonne », déclarait Sébastien Ajavon après sa sortie du palais de justice, se rendant à l’église Saint Michel. Comme quoi, les choses peuvent changer. Patrice Talon et Sébastien Ajavon pourraient faire la paix. En politique, rien n’est impossible.

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