Benin – préfecture du Littoral: Modeste Toboula sort par la petite porte

Fin de mission pour Modeste Toboula à la tête de la Préfecture du Littoral. Nommé en Conseil des Ministres le 22 juin 2016, le désormais ancien Préfet du Littoral est relevé, ce mercredi 20 février 2019, de ses fonctions par le gouvernement dans une affaire de vente de domaines publics.

Très célèbre parmi les douze préfets nommés en Conseil des Ministres du 22 juin 2016, Modeste Toboula, précédemment préfet du Littoral perd désormais son poste. L’homme qui aura le plus marqué les Béninois en général et les populations de Cotonou et environs en particulier, est impliqué dans une affaire domaniale qui a mal tourné selon le compte rendu du conseil des ministres du mercredi 20 février 2019. D’autres sources indiquent qu’il serait également impliqué dans une autre affaire à venir de coups et blessures.

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Ecouté à la Brigarde économique et financière (Bef) lundi 18 février dernier et mis sous convocation pour le lendemain, le plus zélé des préfets sera gardé à vue dans les locaux de la Bef depuis mardi dernier avant d’être mis sous mandat de dépot à la prison civile de Missérété hier mercredi sur ordre du procureur spécial de la cour de répression des infractions économiques et du terrorisme, Gilbert Togbonon. Quelques heures plus tôt, le gouvernement l’avait relevé de ses fonctions en plus de son Ministre de tutelle, Barnabé Dassigli afin de permettre à la justice de faire son travail en toute impartialité.

Manque de tact de Toboula

C’est un secret de polichinelle que l’ancien Préfet du Littoral a manqué de tact au cours de son passage à la tête de cette préfecture qui couvre la seule ville Cotonou composée de 13 arrondissements. Dans la conduite de l’opération dite de libération des espaces publics en début janvier 2017, l’homme n’a pas été sensible aux cris de détresse de certains occupants dits illégaux. Pendant que ses pairs dans les autres départements ont fait montre de sagesse pour alléger la peine des populations, c’est tout à fait le contraire qui a été constaté dans le Littoral.

Nombreux sont ces citoyens qui gardent encore les séquelles de cette triste période.
Traceur des lignes rouges dans Cotonou, Modeste Toboula n’a laissé de bonne impression nulle part. On se rappelle comme si c’était hier, la répression sous les instructions de l’ex-homme fort de Cotonou, de la marche des étudiants devant la Bourse du travail, le 26 juillet 2016, alors que ceux-ci se rendaient au Ministère de tutelle pour un sit-in de protestation contre la suppression des organisations estudiantines et bien d’autres revendications.

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Tout comme les étudiants, les forces politiques de l’Opposition en ont également eu pour leur compte à travers des marches interdites ou réprimées. Mais celle qui aura marqué le plus, c’est la répression de la manifestation des opposants, le 09 mars 2018, au niveau du carrefour Marina. Les manifestants ont été dispersés à coup de gaz lacrymogènes et de grenades sous les instructions du chef du territoire. Cotonou aurait pris feu, n’eut été la vigilance des éléments de la police républicaine dépéchés sur les lieux pour le maintien de l’ordre. Le pire a donc été évité de justesse.

En outre, il ne faut pas perdre de vue la mauvaise conduite de l’opération d’interdiction de prières sur les places publiques qui avait suscité de vives contestations de la communauté musulmane et de personnalités politiques membres de cette communauté et proches du pouvoir de la rupture.

Abus de pouvoir et arrogance

Les maux qui ont également miné les relations entre l’ancien préfet et ses désormais anciens collaborateurs de la municipalité se résument essentiellement à deux mots: abus de pouvoir et arrogance notoire. Avec l’ancien Maire de Cotonou, Léhady Soglo, la collaboration n’a du tout pas été tendre. Cotonou étant la seule commune placée sous la tutelle de la Préfecture du Littoral, Léhady Soglo se voyait amputé de certaines de ses prérogatives par son autorité de tutelle. On se souvient ainsi des prises de bec répétées entre les deux autorités surtout dans le cadre de l’opération de déguerpissement des occupants dits illégaux des espaces publics.

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A travers les reportages des différents médias classiques(radio, télé, presse écrite) sans oublier les médias en ligne, les Béninois ont quand même eu la chance de voir comment le tonitrurant Modeste Toboula traitait leurs élus. “On est dans une réunion sérieuse. Vous attendez qu’on vous donne la parole avant de la prendre. Vous n’avez pas été éduqué suffisamment pour ça. CA, c’est la dernière fois que vous allez vous comporter comme ça vis-à-vis de moi. Je ne vous donne pas la parole…”, rétorquait-il à un un élu municipal qui aurait pris la parole pour l’interrompre dans son intervention, au cours d’une réunion avec le Conseil municipal en Août 2018. Faisant preuve de sagesse vivement recommandée en de pareilles circonstances, le chef d’arrondissement a préféré lui répondre par le silence. D’ailleurs, cette attitude du Préfet a vivement été condamnée dans l’opinion.

Modeste Toboula sacrifié pour une réconciliation avec le peuple?

Les Béninois ne font pas la même interprétation du limogeage de l’ancien Préfet Modeste Toboula. Si certains proches du pouvoir estiment que cela témoigne de la volonté du chef de l’Etat de lutter contre la corruption sous toutes ses formes quel que soit l’individu(opposant ou mouvancier), le camp adverse pense plutôt qu’il serait sacrifié par le pouvoir qui tente de se réconcilier avec le peuple puisque les populations de Cotonou sont celles qui ont été profondément touchées par l’opération de libération des espaces publics.

Peut-on dire alors que l’heure de la justice tant réclamée par les victimes des casses sauvages, voire inhumaines dénoncées même par les organisations de défense de droits de l’homme a sonné? Seul le plus malin pourra répondre à cette interrogation.

Modeste Toboula bientôt fixé sur son sort

Après son audition par le Procureur spécial de la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet) où son procès a été fixé au 08 avril prochain,  Modeste Toboula devra répondre des faits qui lui sont reprochés dans cette affaire. Sachant que la plupart des personnalités écoutées par la Brigarde économique et financière (Bef) séjournent désormais dans les maisons carcérales, il risque gros au regard des chargent qui pèsent contre lui. L’idéal serait qu’il lave son honneur dans ce dossier, mais dans le cas contraire, il serait sorti par la petite porte.

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