Bénin-procès ICC-Services: les trois principaux enseignements

Démarré le lundi 17 décembre 2018, le procès relatif au plus grand scandale financier appelé “Icc-Services” a connu son dénouement dans la nuit du mercredi 06 à jeudi 07 février 2019 avec de lourdes peines à l’encontre des accusés selon leur dégré d’implication. A l’issue de ce procès, il importe d’en tirer les grands enseignements afin que de tels événements ayant détruit plusieurs vies ne se reproduisent.

Après plus d’un mois de ballet des différents acteurs impliqués dans cette rocambolesque affaire, de débats houleux entre avocats de la partie civile, de la défense et de l’Etat, de réquisitions du Ministère public et de plaidoiries, la Cour de la répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet) présidée par le juge Cyriaque Dossa a fixé les accusés sur leur sort tard la nuit du mercredi 06 février 2019. Le verdict prononcé par le juge a tenu compte du dégré d’implication des accusés à la barre. En effet, les principaux auteurs dans ce dossier en l’occurence Guy Akplogan, Emile Tégbénou, Pamphile Dohou et Clément Sohounou ont écopé de dix (10) ans d’emprisonnement fermes et à 12 millions d’amende chacun tandis que Étienne Tihoundro est condamné à 8 ans d’emprisonnement ferme et à 12 millions d’amende.

Quant à Grégoire Ahizimè, la Cour l’a condamné à 3 ans d’emprisonnement ferme et à 8 millions d’amende, et acquitte purement et simplement le pasteur Justin Dimon et ordonne restitution des 8 millions qu’il a versés comme caution. Par ailleurs, la Cour a également ordonné le dégel des 252 millions consignés au greffe, celui des 275 millions consignés au trésor public, et la vente de plus de 150 immeubles appartenant aux promoteurs. Ainsi, le fruit  de la vente du plus de 150 immeubles ajoutés aux 822 millions serviront à rembourser les victimes de Icc-Services.

L’appât du gain

Le premier enseignement à retenir de cette affaire qui a éclaté sous le régime précédent, c’est la recherche effrénée du gain facile. Au regard des déclarations faites aussi bien par les sachants, les témoins, les accusés que les victimes et d’autres personnes impliquées dans ce dossier, on se rend à l’évidence que c’est l’appât du gain qui a conduit des milliers de béninois à placer leur argent dans les structures illégales de placement de fonds telles que Icc-Services. Face aux mirobolants pourcentages qu’octroyaient les responsables d’ICC sur leur nominal, les victimes espéraient devenir riches du jour au lendemain. Même certains fonctionnaires ayant servi l’Etat pendant des années n’ont pas hésité à déposer leur pension de retraite dans ces structures.

Toujours dans la quête effrénée du gain facile, certaines victimes sont allées même retirer leurs sous des banques légalement constituées pour les placer dans les structures espérant gagner gros pour avoir une vie paisible. Erreur! Pire, des financiers pas des moindres sachant bien que la chose n’était pas réellement possible n’ont pu résister à l’appât. Si les tous premiers déposants ont pu bénéficier des avantages de leur placement, éléments motivateurs, les autres ont tout simplement mordu la poussière. Mais ils seront bientôt remboursés quand on se réfère à la décision de la Cour. Bonne nouvelle donc pour ces derniers, après plusieurs années de souffrance et de désespoir.

Légèreté des autorités

La deuxième leçon qu’on pourrait tirer de cette affaire, c’est le manque de prudence et de vigilance des autorités au plus haut sommet de l’Etat de l’époque. En effet, lors de ce procès, il est constamment revenu des propos de certaines victimes qu’elles ont déposé leurs sous dans les structures de Icc-Services parce qu’elles auraient vu à la télé, les responsables de cette entreprise avec les gouvernants. Ce qui, à les en croire, donnerait un caractère légal à l’activité  même si l’Etat ne leur a jamais demandé de déposer leur sous dans lesdites structures. Il est vrai qu’un  argument comme celui-là pour se tirer d’affaire ne tient pas la route, il faut néanmoins  reconnaître qu’on peut leur concéder cela étant que les gouvernants ont l’obligation d’assurer la sécurité et la protection des citoyens.

Ainsi, il va falloir que ceux-ci fassent beaucoup plus attention dans les actes qu’ils posent car cela pourrait naïvement induit en erreur les populations comme dans le cas de Icc-Services. La vigilance doit être donc de mise afin d’éviter toute situation qui pourrait mettre à mal la quiétude des citoyens. Il faut tout de même saluer la promptitude du régime précédent qui a très tôt pris ses responsabilités suite à l’éclatement de l’affaire.

L’Etat étant une continuité, le régime de la rupture ne vient qu’achever le travail entamé par son prédécesseur.

Le poids de l’église

L’autre aspect à ne pas perdre de vue, c’est l’influence de l’Eglise du Christianisme Céleste dans ce dossier. Les déposants, dans leur grande majorité, seraient des fidèles de cette grande église. Considérant comme leurs frères, les principaux auteurs de cette entreprise, eux-aussi fidèles Célestes, les victimes, à l’exception de quelques-unes n’ont pas trop réfléchi avant de déposer leurs fonds dans cette structure. De bouche à oreille, beaucoup de fidèles ont mis leur richesse dans cette entreprise. Ce qui a malheureusement mal tourné.

C’est dire donc que l’église aussi a joué un grand rôle dans cette affaire.

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