Canada : éclaboussé par une affaire pot-de-vin en Libye, le PM Trudeau refuse de démissionner

Justin Trudeau a rejeté les appels à la démission suite aux allégations explosives de l’ex-procureure générale du Canada, qui a déclaré que le premier ministre avait tenté de faire pression sur elle pour qu’elle abandonne une enquête de corruption dans une entreprise basée au Québec.

L’ancienne ministre de la Justice et procureure générale, Jody Wilson-Raybould, a déclaré mercredi devant le comité de la justice du Parlement que des hauts responsables l’avaient «réprimandée» en lui demandant de retirer les poursuites pénales contre SNC Lavalin, une société canadienne d’ingénierie accusée d’avoir utilisé des pots-de-vin pour garantir des contrats gouvernementaux en Libye. Wilson-Raybould a témoigné que les pressions politiques intenses incluaient des «menaces voilées» et que Trudeau tentait même de la persuader de mettre un terme à la procédure.  «De nombreux membres du gouvernement ont fait des efforts constants et soutenus pour tenter de s’immiscer politiquement dans l’exercice du pouvoir discrétionnaire du poursuivant dans mon rôle de procureur général du Canada dans un effort inapproprié», a-t- elle déclaré dans sa déclaration préliminaire.

Wilson-Raybould a déclaré que le Premier ministre s’était inquiété de la possibilité que l’enquête mette en péril des emplois au Québec et lui ait demandé de « donner un coup de main» dans cette affaire. Au total, l’ancienne procureure générale a raconté dix réunions et dix appels téléphoniques qu’elle a eus avec Trudeau et de hauts représentants du gouvernement, réclamant la clémence de la justice. L’ex-procureure a déclaré au comité qu’elle pensait que son refus d’abandonner les poursuites était la raison pour laquelle elle avait été brusquement rétrogradée au poste de ministre des Anciens Combattants. Son témoignage a incité l’opposition conservatrice canadienne à demander à Trudeau de se retirer en déposant sa démission. «J’étais écœuré et consterné par l’histoire de Wilson-Raybould sur des pressions illégales et franchement marginales exercées sur elle par les plus hautes autorités du gouvernement Justin Trudeau», a déclaré le chef conservateur Andrew Scheer.

Pas de démission au programme

Trudeau a rejeté les demandes de démission, insistant sur le fait qu’il a «toujours agi de manière appropriée et professionnelle». La prétendue tentative de faire pression sur Wilson-Raybould pour qu’elle abandonne l’affaire contre SNC Lavalin avait été rapportée pour la première fois par le Globe and Mail au début de février, créant un mal de tête majeur pour le Parti libéral de Trudeau avant les élections fédérales d’octobre.

SNC-Lavalin a été accusé d’avoir versé 48 millions de dollars de pots-de-vin à des responsables libyens au cours de la décennie qui a précédé le renversement du gouvernement de Mouammar Kadhafi sous la direction de l’OTAN en 2011. La société a également été accusée d’avoir fraudé sur des sociétés libyennes d’environ 130 millions de dollars. Le scandale a ébranlé l’image de Trudeau en tant que porte-parole du gouvernement progressiste. Son soutien à un pipeline controversé en Colombie-Britannique a également amené certains Canadiens à s’interroger sur les références «écologiques» de Trudeau.

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