Haïti à feu et à sang: le président sort de son silence, Washington rappelle ses diplomates

En Haïti, « les institutions n’ont plus le contrôle de la situation ». Depuis jeudi 7 février, des milliers de manifestants protestent contre la vie chère et la corruption dans le pays. Ils réclament la démission du président Jovenel Moïse, au pouvoir depuis deux ans.

Le président haïtien est finalement sorti de son mutisme, après une semaine de violences. Alors que dans les rues, depuis huit jours, ils ont été des milliers à réclamer quotidiennement sa démission, Jovenel Moïse campe sur sa position : il assure qu’il finira son mandat de cinq ans.

« Je ne laisserai pas le pays aux mains des gangs armés et des trafiquants de drogue », a déclaré le chef de l’État, s’exprimant en créole au lendemain d’affrontements violents entre forces de l’ordre et manifestants dans le centre-ville de Port-au-Prince.

Washington annonce le rappel de ses diplomates non essentiels

Quasiment en même temps, le département d’État américain a annoncé, jeudi soir , le rappel de ses diplomates non essentiels et de leurs familles basés en Haïti et a exhorté les citoyens américains à ne pas se rendre dans ce pays.

« Il y a actuellement des manifestations de grande ampleur, violentes et imprévisibles à Port-au-Prince et ailleurs en Haïti », a expliqué le département d’Etat dans la dernière mise à jour de ses conseils aux voyageurs, mettant en garde contre la « criminalité » et l' »instabilité civile ». « Le gouvernement américain a des capacités limitées pour fournir des services d’urgence aux citoyens américains en Haïti », a-t-il prévenu, soulignant que les « voyageurs sont parfois pris pour cible, suivis et attaqués violemment et dépouillés peu après avoir quitté l’aéroport international de Port-au-Prince ».

Au moins sept personnes ont été tuées depuis le 7 février.

Paralysant considérablement les activités du pays à cause des nombreuses barricades érigées en travers des grands axes, la colère populaire se cristallise autour de la personne de Jovenel Moïse.

Au pouvoir depuis deux ans, il rejette à ce stade toute démission ainsi que toute idée de céder le pouvoir à un régime de transition.

« Nous avons déjà connu une série de gouvernements de transition qui ont donné un paquet de catastrophes et de désordres », a déclaré le président haïtien jeudi soir.

Appelant ses opposants au dialogue pour trouver une issue à la crise, il a assuré qu’un « paquet de mesures a été pris par le gouvernement : j’ai demandé au Premier ministre de venir les expliquer et les appliquer rapidement pour soulager notre misère ».

Le mécontentement populaire a été exacerbé par la publication fin janvier d’un rapport de la Cour supérieure des comptes sur la gestion calamiteuse et les possibles détournements de près de deux milliards de dollars du fonds Petrocaribe, un programme d’aide offert à Haïti par le Venezuela depuis 2008.

Une quinzaine d’anciens ministres et hauts fonctionnaires ont été épinglés. De même qu’une entreprise dirigée à l’époque par Jovenel Moïse, identifiée comme bénéficiaire de fonds pour un projet de construction d’une route dont le contrat n’a pas été retrouvé par les juges ayant réalisé l’audit.

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