Législatives du 28 avril 2019 au Bénin: l’opposition au creux de la vague

Sur la ligne de départ pour la course à la députation 8è législature ne figurent que quatre partis politiques. Du moins, provisoirement. Ainsi a indiqué la Commission électorale nationale autonome (CENA) sur la base des dossiers à elle présentés au soir du mardi 26 février.

Au Bénin, les élections législatives du 28 avril prochain échappent désormais aux forces de l’opposition officiellement reconnues. Les évènements qui se succèdent prouvent, à suffisance, que les adversaires des tenants du pouvoir sont au pied du mur. Sauf inattendu donc, le Parti du renouveau démocratique de Me Adrien Houngbédji, les Forces cauris pour le développement du Bénin du professeur Soumanou Toléba, l’Union progressiste et le Parti républicain proches du Président Patrice Talon sont dans le starting-block. En dehors de l’Union sociale libérale dont le dossier a été rejeté, les partis Restaurer l’espoir et les Forces cauris pour un Bénin émergent n’ont pu effectuer le dépôt.

[su_heading size= »17″]A lire aussi : [Exclu] Quiproquo autour du certificat de conformité: Célestine Zanou livre ses remèdes [/su_heading]

L’article 57 de la loi n°2018-23 portant charte des partis politiques en République du Bénin stipule que : ‘’ En cas de non-respect des droits prévus par la présente loi, les partis politiques peuvent saisir la chambre administrative de la Cour suprême pour le rétablissement de leurs droits. La Cour examine la requête en procédure d’urgence’’. Complètement abasourdie, l’opposition a saisi l’institution qui, paradoxalement, s’est déclarée incompétente pour régler le contentieux dont la loi lui confère toute compétence. Plus aucune voie de recours ne s’offre donc à elle.

La violence électorale comme solution de sortie d’auberge ?

L’opposition veut engager un bras de fer avec l’exécutif dont le lendemain pourrait être préjudiciable à la quiétude du peuple béninois. Dans leur point de presse du mercredi 27 février au Codiam, les forces de l’opposition ont réaffirmé ‘’leur attachement au processus démocratique en cours dans le pays, disent haut et fort qu’ils participeront aux élections législatives du 28 avril 2019, prennent l’opinion publique nationale et internationale à témoin de leur détermination à participer à l’animation de la vie politique nationale. Elles déclarent qu’elles se battront de toutes leurs forces afin qu’aucune consultation électorale ne se tienne sans elles’’.

Il s’établit clairement une volonté affichée de l’opposition d’en découdre avec les tenants du pouvoir en souhaitant le soutien du peuple à qui ils lancent d’ores et déjà un appel vibrant à se dresser contre ‘’l’arbitraire et la dictature conformément aux mots d’ordre qui leurs seront adressés dans les prochaines heures’’. La paix est un substrat fondamental du développement de toute nation et les forces de l’opposition béninoise en sont bien conscientes. S’inscrire dans la logique de la violence mettrait en péril notre jeune démocratie acquise au prix de hautes luttes et du sang. Sous d’autres cieux, l’opposition appellerait au boycott.

La responsabilité engagée du pouvoir

La pierre d’achoppement est le certificat de conformité sans lequel le dossier des listes électorales n’est pas recevable par la commission en charge des élections. Un document à polémique qui ne figure ni dans le code électoral, ni dans la charte des partis politiques.

Selon nos recoupements, c’est seulement à la fin du mois écoulé que la haute juridiction a introduit cette pièce dont la délivrance est confiée au ministère en charge de l’intérieur. Les partis politiques toutes tendances confondues ont donc été prises au dépourvu. La suite est connue de tous. Mêmes les partis de la mouvance, en l’occurrence l’Union progressiste se sont vus notifiés le certificat de non-conformité. Les corrections notées ont été prises en compte et aujourd’hui, ce bloc politique pro-Talon est prêt pour la compétition. Pendant ce temps, les partis de l’opposition sont sur le carreau. Au détour de la rencontre avec ces derniers, le chef de l’Etat avait déclaré que : « l’absence de l’opposition sera malheureuse mais ça ne sera pas de ma faute ».

Alors, il convient de se demander s’il était convenable d’instituer ce document nouveau qui jusqu’à présent n’a apporté au processus électoral en cours que de grincements de dent.

A tout prendre, l’opposition devra savoir raison garder et utiliser des voies pacifiques pour un dénouement heureux de la situation.

Les commentaires sont fermés.

Ce site Web utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que vous êtes d'accord avec cela, mais vous pouvez vous désinscrire si vous le souhaitez. Accepter En savoir plus