Mali: un forum contre le franc CFA au lendemain de la déclaration d’Alassane Ouattara

S’il y a une chose sur laquelle le président de la Côte d’Ivoire et la jeunesse africaine ne s’entendent pas, c’est bien le Franc CFA. Au lendemain de sa déclaration à l’Elysée sur le franc CFA, qu’il considère comme une monnaie « solide », plusieurs économistes et leaders de la société civile des pays de la zone franc CFA se sont réunis, dimanche 17 février, dans la capitale malienne pour opiner sur la sempiternelle question du lien entre le franc CFA et la pauvreté en Afrique que Ouattara a remis en cause.

Si Alassane Ouattara considère le débat sur le franc Cfa comme un  » faux débat », ce n’est pas le cas de certains économistes et leaders de la société civile des pays de la zone franc CFA. Réunis, dimanche 17 février, dans la capitale malienne, ces leaders ont relancés le débat sur le franc CFA, après la sortie médiatique des membres du Conseil italien, qui accusent la France d’appauvrir les pays de la zone franc avec “une monnaie coloniale”.

Cette rencontre qui a enregistré la participation des économistes, des écrivains et des leaders de la société civile du Mali, du Sénégal, de la Côte d’Ivoire, du Togo, du Burkina Faso, du Cameroun,…, a permis de faire les états généraux du franc CFA et des propositions de sortie de cette monnaie créée par la France depuis 1945 sous Charles de Gaulle. Selon Mamadou Koulibaly, le forum de Bamako est le début d’une série de rencontres dans tous les pays de la zone CFA.  » la fin du franc, ce n’est qu’une question de jour ou de mois », a-t-il assuré.

Contrairement à Ouattara, les conférenciers établissent bien le lien entre le franc CFA et la pauvreté

Pour Mamadou Koulibaly, homme politique, économiste et enseignant-chercheur ivoirien,

« S’il y a chômage, c’est parce qu’il n’y a pas suffisamment d’entreprises ici pour les employés. Il n’y a pas d’entreprise parce qu’il n’y  a pas d’investissement. Pour investir dans la zone CFA, les investisseurs ont deux calculs : le taux d’intérêt et le taux de change. Ces deux sont faux dans nos pays. »

Mamadou Koulibaly, candidat à l’élection présidentielle d’octobre 2020 en Côte d’Ivoire, pense également que, la migration tant combattue par l’Europe, « est le résultat de mauvais prix et d’un taux de change fixe [ parité fixe entre le franc CFA et l’Euro, ndlr] entre des économies qui n’ont pas de même rendement et de productivité ».

Les participants invités à ces Etats généraux du FCA ont dénoncé cette survivance de l’époque coloniale. « Nous voulons en finir avec l’acronyme CFA qui renvoie quand même aux francs des colonies françaises d’Afrique. Les Américains ne comptent pas en euro, les Européens ne comptent pas en yen et donc il nous faut une monnaie qui puisse renvoyer à notre identité « , estime Kako Nubukpo, ancien ministre de l’économie togolais et grande voix anti-CFA du continent.

Dans tous les pays membres de la zone CFA, les organisateurs de la rencontre de Bamako entendent installer des comités de réflexion pour instaurer de manière pacifique un débat citoyen sur le sujet. Ces universitaires, acteurs de la société civile et responsables politiques présents à cette rencontre avaient pour seul but, plaider pour un changement de monnaie. Le CFA n’avait pas de défenseur lors de cette rencontre.

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