Procès icc-services: clap de fin, les premières leçons à tirer

Le verdict tant attendu dans le procès du plus grand scandale financier jamais connu au Bénin est finalement tombé au petit matin de ce Jeudi 7 Février 2019. A l’arrivée, les principaux accusés s’en sont tirés avec une condamnation de 10 ans d’emprisonnement et le payement d’une amende de 12 Millions de FCFA. Quelles sont les leçons à tirer de ce procès ?

Le procès Icc-services re ouvert avec fracas ce 17 Décembre 2018 a connu son épilogue, après un peu moins de deux mois de dépositions, avec un goût d’inachevé. Si logiquement les principaux accusés de ce procès que sont Guy Akplogan, Emile Tégbénou, Pamphile Dohou et Clément Sohounou ont été condamnés à une peine d’emprisonnement de dix ans et le payement d’une amende de 12 Millions de FCFA, il va sans dire que ce verdict est bien en deçà des préjudices sociaux et économiques causés par ce dossier.

Ce n’est qu’un secret de polichinelle que plusieurs déposants ( le terme victime ne nous paraissant pas approprié) ont perdu la vie à l’éclatement de cette crise socio économique. Les conséquences collatérales de cette affaire qui a enlevé tout pouvoir économique à des milliers de citoyens, tout en déstabilisant le tissu économique du pays, sont à peine estimables. Autant d’éléments qui donnent l’impression que le verdict prononcé est disproportionnel aux effets induits par ce scandale financier.

Quid des erreurs professionnelles ?

Le procès icc-services a également eu le mérite de révéler davantage l’état de fonctionnement de l’administration béninoise caractérisée par l’incompétence, le laxisme, la corruption et la politisation à outrance.

Ce procès vient encore attester les maux qui minent l’administration publique béninoise. Pour preuve, les cadres de l’administration impliqués dans la résolution de cette crise ont péché à tous les niveaux par inconscience professionnelle. Banalisation de manuel de procédure, rédaction de procès-verbaux non signés, pour ne citer que ceux-là, ont été le constat fait lors de ce procès à l’endroit des cadres en charge de la résolution de la crise.

Malheureusement, les sanctions qu’on est en droit de s’attendre à l’encontre de ces fonctionnaires de l’Etat n’ont pas été au rendez-vous. Tout porte à croire que la responsabilité de l’ancien chef de l’Etat et de certains de ses ex collaborateurs dans ce scandale, a plus retenu l’attention de la Cour que les fautes professionnelles commises par ces fonctionnaires qui émargent au budget national et qui ont l’obligation de faire avec professionnalisme le travail qui leur est confié. De plus, beaucoup de zones d’ombre sont restées non élucidées dans ce procès.

Des veuves et des orphelins restés sans justice

Point besoin de rappeler ici que le procès icc-services a révélé plusieurs « décès mystérieux ». S’il n’est pas formellement établi le lien entre ces décès et le dossier icc-services, il ne fait l’ombre d’aucun doute que ce scandale en a pour quelque chose. Trop de coïncidences nous obligent à penser que ces pauvres citoyens cités dans ce dossier et qui ne vivent plus, seraient certainement avec leur famille  s’il n’y avait jamais eu une affaire icc-services.

Ceux-là sont aussi des victimes collatérales de ce dossier scandaleux et honteux. Si les déposants, qui sont aussi susceptibles de condamnation dans ce dossier, ont pu bénéficier de la clémence de la cour avec l’espérance de rentrer en possession de leur sou, ces veuves et orphelins ne pourront plus jamais retrouver leurs proches.

Des vérités qui ne seront jamais connues

L’une des déceptions du procès icc-services, c’est qu’il y a des vérités qui ne seront jamais connues. Les auditeurs assidus du procès icc-services ne sauront jamais si Emile Tégbénou avait réellement disposé dans son coffre-fort un montant de 27 Milliards de FCFA. On ne saura jamais si les décès mystérieux cités lors du procès sont des assassinats. On ne saura jamais si le procureur général Amoussou soupçonné par les proches du pouvoir Yayi est un conseiller occulte des promoteurs de icc-services. On ne saura jamais le nombre exact de déposants et la véritable somme collectée par les promoteurs de icc-services et consorts.

Au demeurant, nul n’a d’ailleurs jamais cru que ce dossier connaîtra un épilogue heureux. Que la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme ait pu ouvrir le dossier et le conduire jusqu’au verdict est déjà à encourager. Il faut dire pour conclure que la témérité des juges de la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme nous a tout de même permis d’en savoir davantage sur ce dossier, sur le caractère cupide du béninois et sur le dysfonctionnement de notre administration. Tout de même, beaucoup pensent que la Cour pouvait prendre tout son temps pour démêler tous les nœuds de ce dossier avant d’en arriver au verdict.

Des verdicts qui en dit en long

– Guy Akplogan, Émile Tégbénou, Pamphile Dohou, Clément Sohounou a 10 ans d’emprisonnement ferme, à 12 millions d’amende chacun;
– Étienne Tihoundro à 8 ans d’emprisonnement ferme et à 240 mille d’amende;
– Grégoire Ahizimè à 3 ans d’emprisonnement ferme et à 8 millions d’amende pour blanchiment d’argent.
-Acquittement purement et simplement du pasteur Justin Dimon et la restitution des 8 millions qu’il a versé comme caution.

-Acquittement de Michel Agbonon retenu pour complicité.

-Le dégel des 252 millions consignés au greffe, des 275 millions consignés au trésor public,

-la vente de plus de 150 immeubles appartenant aux promoteurs. Les frais issus de la vente des plus de 150 immeubles en plus des 822 millions vont servir à rembourser les victimes de Icc – Services.

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