Bénin – Crise interne à la CENA: quelle que soit l’issue, l’institution sortira fragilisée

Depuis l’avènement du régime de la rupture, le Bénin est plongé dans une crise institutionnelle profonde. Après l’Assemblée nationale qui a perdu toute sa lettre de noblesse et la cour constitutionnelle qui est objet de tous les commentaires, la commission électorale nationale autonome  (CENA) traverse à son tour, actuellement une crise interne d’où l’institution sortira à coup sûr totalement affaiblie.

Objet de tous les soupçons dès le lancement du processus électoral en vue des élections législatives de 2019, la commission électorale nationale autonome est depuis ce lundi 11 mars 2019 objet d’une crise interne. Tout est parti d’un recours adressé par le parti du renouveau démocratique devant la cour constitutionnelle. Convoqué hier pour faire valoir sa défense, le parti arc-en-ciel a exhibé des documents jugés confidentiels et censés être en sécurité dans une cantine de l’institution en charge de l’organisation des élections.

Interpellée devant la Cour constitutionnelle, la Commission Électorale Nationale Autonome se pose des questions sur la provenance des documents détenus par ledit parti.

Le président de la CENA fait injonction au commissaire  d’ouvrir les cantines 

Il faut préciser que déjà devant les conseillers de la cour constitutionnelle, le représentant de la CENA a douté de la crédibilité du document présenté par le parti du renouveau démocratique. Pour situer tout le monde, les responsables du parti PRD ont demandé aux conseillers de la haute juridiction de poursuivre leur investigation à la CENA. Mais contre toute attente, le président de la CENA par exploit d’huissier somme un commissaire de l’institution qui par ailleurs est le fils du président du parti en question d’ouvrir la cantine pour constat.

Peu importe l’issue, la CENA ne sortira pas grandie de cette crise

La crise interne que traverse actuellement la commission électorale nationale autonome n’aura que pour effet de renforcer la suspicion dont l’institution était déjà objet. D’ailleurs, au niveau des partis de l’opposition, les positions sont désormais claires: cette CENA présidée par le professeur Emmanuel Tiando est « disqualifiée » pour conduire le processus électoral.

Ainsi, la crise électorale née suite à une décision de la cour constitutionnelle à savoir, une nouvelle pièce à ajouter à la liste de pièces contenues dans le nouveau code électoral, renforcée par des  procédures difficiles d’obtention de certificat de conformité au niveau du ministère de l’intérieur, la crise au niveau de la CENA est venue comme une cerise sur le gâteau dans la crise électorale qui embrase le pays depuis plusieurs semaines. Tout compte fait, la situation actuelle aussi bien au niveau de la CENA et dans les différentes institutions impliquées dans l’organisation des élections ne rassure guère et les jours à venir nous réservent beaucoup de surprises. Par ailleurs, bien que des discussions sont en cours pour une sortie de crise, l’image que présente actuellement la CENA risque de braquer l’opposition qui exige suffisamment de garanties pour participer aux élections, une élection qu’elle martèle ne se fera pas sans elle.

Mais en attendant l’issue de cette crise interne à la CENA, il est important de retenir que les soupçons qui pèsent sur cette institution sont suffisamment graves et elle va s’en sortir très diminuée quelle que soit l’issue des procédures en cours.

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