Bénin – Impasse électorale: poussé à bout, le président de la CENA fait des révélations

La Commission électorale nationale autonome (CENA) a animé une conférence de presse dans la journée du mercredi 13 mars 2019 pour se prononcer sur les accusations avancées contre elle par certains partis politiques. Le président de la CENA a apporté des clarifications sur l’étude des dossiers de candidatures des partis aux législatives du 28 avril 2019 pour réfuter la thèse de favoritisme dont elle aurait fait preuve au profit de certaines formations politiques. Visiblement poussé à bout, Emmanuel Tiando a dû livrer certains secrets de délibération.

Emmanuel Tiando ne peut visiblement plus rester muet face aux accusations formulées contre la CENA par certains partis politiques dont les dossiers de candidatures ont été rejetés pour diverses raisons. Ainsi, le président de l’institution électorale a attendu les décisions de la Cour constitutionnelle qui lui a d’ailleurs donné raison sur toute la ligne pour se prononcer. « Devant tant d’avalanches de critiques, nous sommes restés sereins attendant en bon légalistes la décision du juge constitutionnel devant qui ces griefs contre la Cena ont été portés. Depuis ce matin ces décisions de la Cour constitutionnelle sont connues. 
Nous pouvons maintenant dire notre part de vérité en relatant en toute objectivité ce qui s’est passé afin que les intoxications ne l’emportent pas sur la réalité des faits », a-t-il confié.

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Pour le président Emmanuel Tiando, les informations qu’il s’apprête à donner ne sont normalement pas destinées au grand public; mais la situation actuelle l’oblige à tout dévoiler. « Par ailleurs il est important de souligner que nos décisions sont prises en plénière, soit par consensus ou à la majorité et que nos délibérations sont frappées du secret conformément à l’article 26 du code électoral. Je suis obligé parce qu’on nous a poussé à évoquer ici certains aspects de nos délibérations. Nous n’aurions pas souhaité le faire mais je crois qu’à force de ne rien dire, on pense qu’on n’a rien à dire », a-t-il rappelé.

Dans les coulisses de la délibération…

Pour situer les uns et les autres sur l’essentiel à retenir de l’étude des dossiers de candidatures des partis politiques, le président de la CENA s’est accentué sur le cas des formations politiques qui ont saisi la Cour ou celles qui auraient bénéficié de faveur de sa part. Ainsi, Emmanuel Tiando a levé un coin de voile sur les irrégularités constatées dans les dossiers du PRD, MOELE-Bénin, le Bloc Républicain et l’Union Progressiste.

En ce qui concerne le PRD, Emmanuel Tiando fait savoir que l’étude du dossier par les cadres techniques a révélé dix-sept (17 ) irrégularités suffisantes pour rejeter la liste du parti. Mais après une analyse profonde, la plénière a décidé de tenir compte seulement de cinq (05) fautes, qu’elle considère comme suffisamment graves vis à vis du code électoral. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle, il pense que le PRD ne devrait se sentir favorisé et non défavorisé au profit de l’Union Progressiste et du Bloc Républicain. Pour le MOELE-Bénin de Jacques Ayadji, la commission technique qui a étudié son dossier a soulevé six (06) griefs. Mais pour prendre sa décision de rejet, la CENA n’a tenu compte que deux (02) irrégularités.

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Quant à l’Union Progressiste et au Bloc Républicain, les deux partis de la mouvance présidentielle, le président de la CENA estime qu’ils n’ont commis que des fautes considérées « mineures », insuffisantes pour rejeter leurs dossiers. Par exemple des documents qui ont été légalisés par des commissaires de police, la non concordance des lieux de naissance sur les différentes pièces due au découpage territorial, le cas des « né vers » qui créent la non concordance des années de naissance sur les documents de certains candidats. En ce qui concerne particulièrement l’Union Progressiste, il a été noté la non précision du mandataire sur la procuration d’un candidat et absence de procuration dans le dossier d’un candidat. « La plénière estimant que les observations relevées ne viennent pas du code électoral a décidé de retenir ce parti tout comme le Bloc Républicain et donc c’est une décision qui a été prise dans cette même salle ensemble. C’est vrai que le lendemain lorsque nous sommes revenus approuver le compte rendu il y a un commissaire qui a dit non », a précisé Emmanuel Tiando.

Pas de traitement de faveur… 

Après avoir exposé ces différents éléments qui soutiennent la délibération, le président de la CENA a martelé qu’il n’y a jamais eu de traitement de faveur pour certains partis au détriment d’autres. « Au regard des décisions prises par la CENA et qui viennent de vous être présentées, nous ne voyons pas en quoi elle a fait preuve de favoritisme envers un parti au détriment du PRD. En réalité c’est plutôt le PRD qui devrait se réjouir du traitement qui lui a été appliqué parce que certains votes n’ont pas été pris en compte », a-t-il confié.

Par cette sortie médiatique, le président de la CENA compte mettre fin à la campagne médiatique qui jette du discrédit sur elle. Il a pour finir, invité les acteurs politiques à rester coller aux exigences des lois électorales car, la CENA ne fait rien d’autres que de mettre en application ces lois qu’ils ont eux-mêmes voté. Il faut rappeler qu’à l’étape actuelle du processus électoral, seuls les deux partis de la mouvance présidentielle ont reçu l’onction de la CENA pour participer aux élections législatives prochaines.

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