Bénin: la Police républicaine, entre manque de professionnalisme et désert de compétence ?

La victoire des Écureuils du Bénin face au Togo en match qualificatif pour la coupe d’Afrique des nations (CAN) 2019, a été  entachée par plusieurs blessés et un mort par balle. Les services de police ont-ils failli à leur mission ? Décryptage.

Le Bénin a gagné ! Le Bénin ira à la CAN en Egypte cette année ! C’est des phrases qui reviennent partout actuellement dans le pays. Mais derrière cette joie, derrière l’euphorie de la victoire, se cache une tout autre réalité dont le degré de désolation est tout aussi intense que celui de la joie ressentie. En effet, les autorités béninoises ont crié à travers presque tous les médias possibles qu’il est indispensable pour chaque béninois de sortir de chez lui pour se rendre au stade Mathieu Kérékou afin d’apporter son soutien à l’équipe nationale de foot. De cet appel, il était clair et d’une évidence indiscutable, que le stade de Kouhounou dimanche 24 mars 2019, serait noir de monde. Personne ne l’ignorait, encore moins les services de la police républicaine sensés anticiper sur le contrôle des incidents relatifs à ce genre d’événement. Mais hélas…

Mais qu’est-ce qui n’a pas marché chez les flics ?

A travers les médias, et sur place au stade, les béninois ont été témoins oculaires de la violence policière et de ce qu’il convient de nommer « bavure policière ». Un homme est mort parce qu’on lui a tiré dessus à balle réelle. Des dizaines d’autres sont blessés parce que les éléments de la police dite républicaine ont perdu leur sang-froid et se sont substitués en « justiciers ‘tabasseurs’ ». Pourquoi un tel usage de la force alors qu’à première vue, il n’y avait pas émeute ? Aucune raison ne justifiait l’attitude des flics. Certes, les supporters étaient animés par une certaine passion et c’est tout à fait normal puisqu’il s’agissait de leur « Nation ». La police n’avait aucune raison de se comporter violemment face à des supporters qui voulaient tout faire pour être à l’intérieur du stade et vivre en direct l’événement. Il fallait juste prévoir.

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La faute est donc aux policiers. Même si on apprend que des têtes sont tombées et que le tireur tueur serait un garde rapproché d’une autorité, le porte-parole de la police indique qu’il y a eu des ratés dans la stratégie mise en place pour la « sécurité et l’ordre » dimanche dernier. « Quelques ratés » ! C’est plutôt trop facile de sortir une telle expression quand en réalité on a clairement manqué de « compétence ». Sur ce coup, le président Patrice Talon a peut être raison quand il utilisait l’expression « désert de compétence » au Bénin. La police et ses hauts gradés ont manqué de professionnalisme et de compétence, il faut le dire car, n’ayant pas su anticiper sur d’éventuelles troubles pour un événement aussi sensible. Ceci démontre que si les togolais avaient remporté la victoire et que des émeutes éclataient, ce qui semblait évident, le dispositif policier mis en place n’aurait pas pu contenir la foule et les dégâts auraient été plus lourds.

La police républicaine a failli

Depuis la création de la police républicaine, le match de dimanche s’est présenté comme le premier vrai test de stratégie et d’anticipation de mouvement de foule « passionnée » qu’elle a connu. Cependant, il faut dire que la police est passé à côté et a échoué lamentablement. Pour avoir pris à la légère le comportement probable du supporter lambda, la police a simplement opté pour un encadrement à minima de l’événement. Il va sans dire que les parades du premier août avec des véhicules anti émeutes, des éléments bien équipés pour la sécurité et la prévention de troubles ou encore des équipements de pointe pour prévenir le désordre, ne sont que de la poudre aux yeux et qu’après, tout est rangé au placard pour un autre 1^er août.

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Sinon, comment comprendre que les policiers déployés sur les lieux étaient simplement en uniforme sans aucune protection et surtout sans aucune arme de dissuasion. On pouvait voir autour du stade, des flics sans aucun équipement à part leurs uniformes et leur ceinture en main, qui essayaient de « faire quelque chose ». Sur certaines vidéos publiées sur les réseaux sociaux, les policiers qui tabassaient violemment des supporters n’avaient aussi que leur ceinture pour prévenir les troubles. Leur acte est certes déplorable, mais il faut comprendre que même dans les cas extrêmes d’incivisme ils n’avaient que ça pour faire régner l’ordre ou essayer en tout cas. Dans tous les cas, la police a failli à tout point de vue. Seule la chance a permis d’éviter au Bénin un drame de grande envergure. La grosse artillerie et des éléments bien équipés et bien protégés auraient pu dissuader d’éventuelles envies des supporters de se confronter aux forces de l’ordre ou de ne pas respecter les consignes de ces derniers.