Bénin – Législatives 2019: vers une invalidation de tous les dossiers déposés à la Céna?

Sept partis politiques ont pu déposer leur dossier de candidatures à la Commission électorale nationale autonome (Céna) en vue des législatives de 2019 au Bénin. Et tandis que la tension monte suite à l’absence de partis majeurs de l’opposition dans cette liste (FCBE et RE), et que de nombreux observateurs annoncent déjà l’invalidation de la candidature du seul parti d’opposition restant (USL), une dernière hypothèse n’est désormais plus à écarter: celle que la totalité des listes déposées soient rejetées.

En effet, en insistant sur sa volonté d’être ferme dans le respect des lois votées ces derniers mois, le Régime Talon risque de voir le piège se retourner contre lui. Le piège de voir les dossiers des partis pro-gouvernements rejetés par l’institution en charge des élections.

1- Les cas des partis Progressiste et Républicain

Si ces partis politiques, proches du pouvoir, ont pu obtenir leur certificat de conformité auprès du ministère de l’intérieur et ont même pu déposer leur dossier de candidature à la Céna, ils ne semblent pas être pour autant tirer d’affaire quant à leur participation effective à la course législative du 28 avril prochain. En effet, selon l’article 11 de la Charte des partis politiques, nul ne peut faire partie de deux partis politiques en même temps. Or, selon des sources concordantes, les noms de  plusieurs députés, officiellement membres PRD, se retrouvent sur les listes des partis Bloc Républicain et Bloc Progressiste. C’est le cas par exemple dans le Bloc Progressiste du député Augustin Ahouanvoebla qui, aux dernières nouvelles serait toujours membre du bureau du PRD et Président du Groupe parlementaire du PRD tout en faisant partie des membres fondateurs du bloc progressiste. Le PRD n’ayant pas été dissout, ne s’agirait-il pas là d’une infraction à la dite Charte?

Le cas est encore plus impressionnant au niveau du Bloc Républicain où le ministre Houssou, les députés Gbenou, Zinsou et Aguemon sont tous membres, jusqu’aux dernières nouvelles,  du Bureau Politique du PRD, mais se retrouvent sur la liste du bloc progressiste. Sachant que la Céna interdit la modification des dossiers après leur dépôt, les personnages cités plus haut ne seront-ils pas disqualifiés des prochaines législatives ainsi que leur parti politique?

MOELE, UDBN et FCBD également sur la braise ?

Le dossier du PRD ne plombe pas seulement les Progressistes et les Républicains. Il plombe également le parti MOELE Benin. En effet, selon plusieurs sources concordantes, des noms figurant sur la liste déposée à la Céna par le PRD, se retrouveraient également sur celle du Moele-Bénin. Une information qui, si elle se confirmait, ne peut que contraindre la Céna à disqualifier le MOELE Bénin.

Aussi, selon plusieurs indiscrétions, l’UDBN de Claudine Prudencio n’aurait pas réussi, à l’instar des partis de l’opposition, à obtenir son certificat de mise en conformité avec la charte des partis politiques. Une situation ambiguë pour le parti qui se réclame toujours membre de la mouvance présidentielle.

Enfin, le cas du FCBD est quant à lui particulier. Ce nouveau parti crée par Soumanou Toleba, il y a seulement quelques semaines, ne répondrait pas à l’ensemble des critères de la nouvelle Charte des partis pour des questions de logo et de dénomination qui créent la confusion avec le parti FCBE.

L’USL, seul parti de l’opposition ayant pu déposer son dossier

L’USL, parti de Sébastien Ajavon est le seul parti d’opposition qui a réussi à déposer son dossier auprès de la CENA après avoir pu payer la caution de 249 millions de Fcfa. Cependant, comme les partis FCBE et RE, ce dernier n’a pas pu obtenir le certificat de conformité auprès du ministère de l’Intérieur. Le code électoral ne stipule nulle part la nécessité de présenter ce document pour voir sa candidature etre validée, mais la CENA a imposé ce document en début d’année, ce qui devrait disqualifier l’USL.

Ainsi, aucun des sept partis qui ont présenté leur candidature ne semble répondre aux conditions établies par le Régime actuel et les exigences de la loi electorale et de la charte des partis politiques. Dans un tel contexte et si la loi est effectivement appliquée, alors nous pourrions nous retrouver dans un cas inédit avec une élection sans parti, une nouveauté dans la coutume du Bénin qui étonne toujours le monde…

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