« Enlèvement » ou « séquestration » de Bouteflika, la justice suisse va-t-elle poursuivre l’affaire ?

Qu’adviendra-t-il de la plainte pour « suspicion d’enlèvement d’une personne incapable de discernement », déposée par une algérienne le 25 février dernier devant les juridictions suisses ? C’est la question qui taraude les esprits alors que Bouteflika est retourné en Algérie dimanche.

Le lendemain de l’arrivée d’Abdelaziz Bouteflika en Suisse, une Algérienne s’est rendue au poste de police de Le Mont-sur-Lausanne, une commune du canton de Vaud. Reçue par un inspecteur, elle a déposé une plainte pour « suspicion d’enlèvement d’une personne incapable de discernement ». Pendant près de deux heures, cette résidente suisse a expliqué qu’elle considérait que le président algérien, en raison de son état de santé, était victime d’un enlèvement et d’une séquestration. Non seulement la police vaudoise a pris très au sérieux cette plainte, mais elle s’est aussitôt entretenue avec un procureur concernant l’ouverture d’une enquête préliminaire.

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Seulement, voilà, Abdelaziz Bouteflika était attendu à la clinique de Genolier, où il se rend habituellement. L’établissement est situé dans la commune de Genolier, dans le canton de Vaud. Or, le président algérien, en raison d’un état « très précaire », et notamment d’une dégradation de ses réflexes neurologiques, a été transféré aux Hôpitaux universitaires de Genève (HUG), dans le canton de Genève. La plainte a donc été transmise à la justice du bout du lac Léman. Mais apparemment, les magistrats genevois se sont hâtés très lentement pour ouvrir une enquête, préférant laisser repartir dimanche 10 mars dans l’après-midi le chef de l’État à bord du Gulfstream 4SP de la République algérienne démocratique et populaire, indique le Point Afrique.

Et après le retour de Bouteflika ?

« Constatant que rien ne bougeait, l’Algérienne, qui a déposé cette plainte pour suspicion d’enlèvement, a pris contact avec moi en début de semaine. À mon tour, j’ai demandé la nomination d’un ou plusieurs curateurs en invoquant l’état de santé de M. Bouteflika qui, très vraisemblablement, est incapable de discernement », explique l’avocate genevoise Saskia Ditisheim, spécialiste de l’entraide judiciaire internationale. Par ailleurs, elle est présidente de la branche suisse de l’ONG Avocats sans frontières. Sa requête demande notamment d’« autoriser les curateurs à délier les médecins des Hôpitaux universitaires de Genève » du « secret médical ».

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La plainte pour « suspicion d’enlèvement » et la requête pour demander le placement sous curatelle du président Abdelaziz Bouteflika vont-elles tomber à l’eau avec le retour en Algérie du chef de l’État ? Théoriquement, non. En Suisse, en ce qui concerne la « séquestration » ou « l’enlèvement », la justice poursuit d’office. Mais va-t-elle pour autant envoyer des enquêteurs de l’autre côté de la Méditerranée pour mener à son terme cette enquête ? la question reste posée et à élucider.

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