Liaison ferroviaire Lyon-Turins: Matteo Salvini et Luigi Maio divisés sur le projet

La majorité au pouvoir à Rome s’est lancée ce samedi 9 mars dans un long « week-end de travail » pour éviter une éventuelle chute du gouvernement populiste. Les deux hommes forts du gouvernement italien, Matteo Salvini, vice-Premier ministre et patron de la Ligue (extrême droite), et son homologue Luigi Di Maio, chef de file du Mouvement Cinq Etoiles (M5S, antisystème) sont à couteaux tirés sur le projet de liaison ferroviaire à grande vitesse entre Lyon et Turin.  

Les deux hommes ont signé en juin dernier un « contrat de gouvernement » dans lequel il est stipulé que la liaison ferroviaire Lyon-Turin devrait être « intégralement rediscutée ». La Ligue veut que les appels d’offre pour la poursuite du chantier soient lancés comme prévu lundi par le conseil d’administration de TELT (Tunnel euralpin Lyon Turin), ce que refuse Luigi Di Maio. « Aujourd’hui, le vrai sujet, c’est qu’il n’y a pas d’accord au sein du gouvernement », a-t-il reconnu. « Je suis habitué à aller jusqu’au bout », avait affirmé jeudi soir Matteo Salvini, provoquant la colère de Luigi Di Maio.

Le chef de file du M5S a rappelé vendredi que la question de l’utilisation à bon escient de l’argent des Italiens était dans l’ADN du Mouvement Cinq Etoiles, créé sur une revendication d’honnêteté et de transparence. Luigi Di Maio a d’ailleurs lourdement insisté pour que l’argent des Italiens ne soit pas engagé dans l’immédiat par la poursuite de ce projet, dans la mesure où il doit être renégocié, notamment dans son financement.

« Il est juste de demander davantage de contribution à la France et à l’Union européenne. Tout peut être amélioré mais il ne faut pas l’arrêter. J’espère que le bon sens l’emportera », a indiqué vendredi Matteo Salvini. La Ligue entend bien aller de l’avant, insistant sur le fait que ces appels d’offre ne sont pas contraignants dans l’immédiat et qu’ils laissent le temps de discuter avec la France et l’UE, sans perdre les financements communautaires. La liaison ferroviaire entre Lyon et Turin alimente depuis des mois les polémiques au sein de la majorité formée par la Ligue, favorable à cette ligne à grande vitesse (LGV), et le M5S, farouchement opposé au projet qu’il considère comme un gaspillage d’argent public. Ce n’est pas la première fois que le gouvernement populiste italien est en difficulté sur les sujets qui le divisent du décret controversé sur la sécurité et l’immigration à la loi sur la légitime défense en passant par le budget. À chaque fois, un accord avait pu être trouvé, Di Maio et Salvini ayant à coeur de sauver leur « mariage » politique, conclu le 1er juin après les bons scores de leurs partis aux élections législatives du 4 mars 2018.

Mais cette fois, les choses s’annoncent plus compliquées. Vendredi, la presse italienne titrait sur « l’affrontement final » sur le TGV Lyon-Turin, tout en restant prudente sur les chances ou non de survie du gouvernement. Les deux hommes semblent en effet convaincus qu’ils auraient beaucoup à perdre en cas de chute du gouvernement et que celui qui en serait à l’origine en paierait le prix le plus lourd.

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