Bénin – Impasse électorale: Célestine Zanou indique la voie de sortie

La présidente de la Dynamique du Changement pour un Bénin Debout (DCBD), Célestine Zanou, a tenu dans l’après-midi de ce Mercredi 10 Avril 2019, une conférence de presse à Abomey Calavi pour se prononcer sur l’impasse électorale que traverse actuellement le Bénin et proposer sa solution pour une sortie de crise.

La présidente Célestine Zanou était face ce jour devant les professionnels des médias. La crise politique et l’impasse électorale actuelles justifiaient cette sortie de la présidente de la dynamique du changement pour un Bénin Debout. Dès l’entame de sa conférence de presse, elle a tenu à faire savoir que l’organisation régulière d’élection n’est nullement le signe d’une bonne santé démocratique surtout dans les pays africains.

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« J’ai coutume de dire que la démocratie est une culture et l’alternance son expression. Mais j’ai aussi affirmé et soutenu, tant sur le plan national qu’international que l’organisation des élections n’est pas toujours le signe d’une bonne santé démocratique » souligne-t-elle.

Le Bénin est en crise, ne pas le connaitre, c’est manquer d’être sincère

C’est un appel au respect du peuple et à la sauvegarde de la démocratie que l’ancienne directrice de cabinet du président Mathieu Kérékou a lancé à la classe politique et de façon particulière au président de la République. « Aujourd’hui, au Bénin, l’ambiance pré-électorale nous interpelle en tant que Mère et Femme politique. En effet, c’est la première fois que la communauté internationale est si préoccupée par l’organisation d’une élection au Bénin. C’est un signe avant-coureur qui n’augure pas d’un lendemain meilleur. C’est la preuve qu’il y a un malaise grave de portée qui dépasse la normalité et qui devrait nous interpeller tous. » a-t-elle laissé entendre.

En conséquence, poursuit-elle,  « c’est dire faux que de soutenir encore que la réforme du système partisan actuel n’a pas accouché dans son application d’une impasse institutionnelle et constitutionnelle. Et mieux, c’est également dire faux que de clamer haut et fort que l’application des lois issues de la réforme en cours n’est pas crisogène. »

Le devoir morale et politique du président Talon de reprendre la situation en main

La solution pour cette sortie de crise, estime la présidente pour la dynamique du changement pour un Bénin debout, dépend de la volonté du président de la République de trouver une solution à cette crise.  » Il importe que le Président de la République aille jusqu’au bout de son initiative du 6 mars 2019 où, en toute responsabilité, il fit constater à la classe politique, au peuple béninois et à la communauté internationale, que la réforme est inapplicable en l’état et qu’il faille la corriger sans violer la constitution de notre pays. » indique-t-elle. Ce n’est donc pas spéculer pour faire de la dramaturgie, poursuit-elle en lui demandant de reconnaître humblement que cette réforme du système partisan nous conduira dans la tenue d’une élection, qui, si nous ne prenons garde, nous entraînera dans le tréfonds du déchirement de notre vivre ensemble.

Des dispositions constitutionnelles à la portée du président Talon

Comme à son habitude, la présidente Célestine Zanou a livré quelques pistes de solutions puisées dans la constitution pour permettre au président Talon de sauver le seul label dont peut se prévaloir le Bénin. « Il (le président Talon -ndlr) doit aller jusqu’au bout, non pas parce qu’il le veuille tout simplement mais parce que les dispositions de notre constitution en ses articles 41, 53 et 59 lui en donnent la compétence et les prérogatives mais aussi l’engagent moralement et politiquement à sauver la patrie en danger »; a-t-elle indiqué. Dans cette logique, poursuit-elle, rouvrir le débat à l’Assemblée devient une possibilité et ce n’est qu’en cas de nouvel échec que le Président prendra ses responsabilités au regard des articles 41, 53 et 59 de la constitution.

Le Bénin doit choisir le moindre mal

Pour la présidente Célestine Zanou, le vide qui se profile est plus grave que le retour aux anciens textes avec une mise entre parenthèses de la réforme du système partisan et du code électoral ainsi que des actes subséquents notamment les congrès de dissolution des partis politiques ayant constitué les blocs.

Que va-t-il se passer si on n’organise pas les élections ? Où se trouve actuellement la pluralité consacrée par la constitution dans son préambule et son article 1 ? Où se trouve l’article 36 de notre constitution qui interdit la pose d’actes discriminatoires ?
Où se trouve le respect de nos engagements régionaux et internationaux ? S’est-elle interrogé.

« Après ces questions qui nous interpellent tous, ma démarche est d’abord celle d’une Mère avant d’être celle d’une Femme Politique qui voit venir le danger partagé par tout le monde. Je ne saurais donc rester insensible et indifférente : ce serait criminel de ma part. De ce point de vue, je fais observer que l’heure n’est ni aux récriminations ni aux condamnations encore moins à l’arrogance futile d’un vainqueur ou au ressentiment d’un vaincu humilié. L’heure est à la prise de conscience patriotique pour sauver le Pays. L’heure est à l’humilité. » a t-elle fait savoir.

L’appel de cœur de la présidente de la DCBD

Percevant la gravité de la crise et ses conséquences dont personne ne peut prévoir l’étendue, la présidente Célestine Zanou lance un appel de cœur. « Je nous invite à réunir à tous prix, les conditions d’une élection inclusive au lieu de foncer tête baissée vers une élection pseudo légale et exclusive. » Cet appel est particulièrement orienté vers le chef de l’Etat qui dispose plus de marge de manœuvre pour éviter au pays le pire.  » Je voudrais humblement m’adresser au Président de la République pour lui demander de faire usage des prérogatives qui sont les siennes pour ramener le calme et sauver le modèle de la démocratie béninoise. Il le peut ! Et l’histoire le lui revaudra un jour. La sagesse populaire de chez nous, nous enseigne, Monsieur le Président : « Lorsqu’on ne sait pas où on va, on sait au moins d’où on vient » souligne-t-elle.

La cause de la crise selon Madame Célestine Zanou

Quel est le problème aujourd’hui ? s’est-elle interrogée. Apportant elle-même la réponse à sont questionnement, elle affirme: « C’est l’engagement de notre pays de ne pas réviser les textes électoraux dans les six mois qui précèdent les élections, sauf consensus. Et le consensus dont il est question ici est loin d’être le consensus parlementaire. Il est celui de tous les acteurs politiques, politiques ici ne signifiant pas politiciens ni partisans mais de tous ceux qui s’occupent de la cité. » Elle relève dans ce cadre que le code électoral entré en vigueur le 9 octobre 2018 n’a totalisé les 6 mois d’existence qu’hier 9 avril 2019. Donc au 26 février 2019, date de clôture du dépôt des dossiers à la CENA où ce code est appliqué aux partis politiques, il ne totalisait pas les 6 mois requis par le protocole de la CEDEAO; souligne-t-elle avant de poursuivre: « la charte des partis politiques entrée en vigueur le 17 septembre 2018 n’a totalisé les 6 mois d’existence que le 17 mars 2019. Donc à la date du 26 février 2019, date limite de déclaration des candidatures à la CENA, elle ne totalisait pas encore les 6 mois. Donc ne pouvait être opposée aux partis politiques. » Elle en vient à la conclusion que mettre entre parenthèse au nom de la paix ces lois qui nous crées de soucis est bien possible.

Le président Talon ne doit pas faire le jeu des « jusqu’au boutistes »

« C’est faux de vous faire croire, Monsieur le Président, que le consensus est seulement celui du parlement. C’est également faux de vous faire croire que réunir les forces vives de la nation pour lever le goulot de notre engagement, serait convoqué une conférence nationale bis. C’est faux et archi faux » martèle-t-elle. « Monsieur le Président de la République, comme vous l’aviez fait le 6 mars dernier, il suffit d’élargir la rencontre aux forces vives de la nation avec un seul ordre du jour : obtenir le consensus pour permettre à tous d’aller à une élection discutée par tous en offrant aux citoyens la liberté du choix de leurs représentants. C’est bien cela la démocratie ! Et dans ce schéma, chacun trouvera son compte. » indique-t-elle.

Les trois urgences selon la présidente de la Dcbd

L’obtention du consensus par une rencontre des forces vives de la nation permettra en effet de maintenir les blocs sous le vocable alliances de partis. Les autres partis qui sont prêts et qui ne remplissent pas individuellement les conditions pourront se mettre en alliance pour aller à ces élections. Les partis qui sont prêts et qui remplissent individuellement les conditions pourront y aller. C’est du moins sa vision des choses pour sortir de cette crise pré-électorale. Pour se faire, elle estime qu’il y a trois choses à faire en urgence après l’obtention du consensus par le bon vouloir du chef de l’Etat pour sauver le modèle démocratique béninois. Ces trois choses se résument à la préparation des dossiers, à la révision du calendrier électoral et à la recherche de la paix.

  • L’heure est à la préparation des dossiers dans tous les camps et dans un très bref délai ;
  • L’heure est au resserrement du calendrier électoral par la CENA pour l’organisation d’élections législatives libres, et inclusives ;
  • L’heure est à la recherche de la PAIX pour sauver le peuple béninois et sa démocratie.

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