Bénin – Impasse électorale: les autorités morales silencieuses jusqu’au bout

Le peuple béninois, l’ex Dahomey traverse la période la plus sombre de son histoire. Cette situation est la conséquence logique de la disparition des grands au profit d’intellectuels esclaves de l’argent, capables de toutes les compromissions pourvu que leur intérêt soit garanti. Dans ce désert moral, l’église qui de tout temps a pesé de son poids pour maintenir l’équilibre social, se renferme de plus en plus sur elle-même.

Le Bénin , le digne pays de Béhanzin, de Kaba et de Bio Guera de Mgr De Souza, du Bernadin Cardinal Gantin perd de plus en plus ses repères. Plus de grands, plus d’intellectuels intègres, plus de rois respectables et plus d’autorité morale capables d’influencer le cours des événements. Les derniers événements politiques du pays est bien symptomatiques de la décadence morale qui s’observe à tous les niveaux.

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Face à ce tableau sombre, le clergé catholique qui naguère jouait un rôle prépondérant de l’ombre et de surface pour faire ramener la raison dans la maison n’a fait que quelques adresses laconiques à l’endroit des acteurs politiques.

Des déclarations peu vigoureuses de l’Eglise catholique: 

Si dans la société béninoise, des rois, têtes couronnées et autres dignitaires se sont totalement compromis dans la politique et par la politique par des postures et des positions qui leur ont fait perdre toute autorité à quelques exceptions près, le clergé catholique qui continue d’incarner une autorité morale ne s’est pas suffisamment préoccupée de la situation sociale difficile que vivent bon nombre de béninois.

Il est vrai qu’en Janvier 2018, et le 7 Février 2018, l’église catholique s’est préoccupée de la situation socio politique du pays. Le 7 Février de la même année, le chef de l’Etat, le président Patrice Talon s’est entretenu avec le clergé catholique au sujet de ses inquiétudes sur la situation socio-politique dans le pays. Droit dans ses bottes et avec beaucoup de tact, le président Talon a dissipé les appréhensions du clergé catholique. « Chers évêques, le rôle de l’Eglise est de veiller. Mais notre pays… est un pays de polémiques et la subtilité du langage peut servir la polémique si l’on ne prend garde ; elle peut nourrir la polémique si l’on ne prend garde » a affirmé le président Talon devant les respectables membres de la conférence épiscopale. « Il n’y a pas de crise. Il y a une fronde sociale, c’est vrai ! Il y a une situation un peu tendue mais à vouloir préserver la paix, la quiétude, la tranquillité telle que nous l’entrevoyons… nous allons compromettre  la paix pour les temps à venir » a t-il fait savoir avant de conclure qu’il ne se passe rien dans le pays et qu’il ne se passera rien.

Des baumes passés aux hommes de Dieu dont il ne doute pas de la percutante capacité d’analyse de la situation sociale? Tout compte fait, la conférence épiscopale du Bénin reviendra à la charge à la faveur de la présentation de la lettre pastorale des évêques sur le carême pour rassurer l’opinion nationale. En effet, pour le père Eric Okpeitcha, chargé de communication de la conférence épiscopale, l’Eglise a sa méthode, son calendrier et son silence ne doit pas être toujours perçu comme une indifférence à la situation sociale. Le  silence habité de l’Eglise serait donc le respect d’une tradition qui amène l’Eglise à ne pas se jeter sur les sujets, mais à prendre le recul nécessaire pour analyser afin d’apporter des réponses appropriées. Il rassure néanmoins du fait que les évêques suivent de près tout ce qui se passe et d’ici quelques jours, ils se prononceront.

La tension sociale et la crise sociale 

Depuis ce mercredi 3 avril 2019, l’opposition a lancé un mot d’ordre de manifestation sur l’ensemble du territoire. La marche pacifique annoncée pour compter de ce jour aurait déjà fait plusieurs blessés. Cette situation de crise qui s’est installée depuis après un long temps de tension entre la mouvance et l’opposition pourrait ne pas atteindre ce niveau si le Bénin disposait d’une classe d’autorité morale traditionnelle qui inspire encore la crainte. Malheureusement, en dehors de l’Eglise catholique et de quelques dignitaires des religions traditionnelles dont les paroles restent encore crédible, il ne reste presque plus d’autorité morale susceptible d’être une référence et qui pourrait concilier les divergences de vision. Néanmoins, le clergé catholique est resté trop silencieux au nom de ses principes d’intervention.

Que les prières du moment puissent toucher les cœurs et la conscience des acteurs politiques afin qu’ils épargnent au peuple des souffrances qui en rajoutent aux problèmes quotidien.

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