Bénin – législatives 2019: la déclaration contrastée de Moele-Bénin

Le parti de Jacques Ayadji donne l’impression d’être dans un monde à part. Une confusion se dégage de sa sortie médiatique de ce mercredi. Il est difficile pour les militants que pour les observateurs de jurer sur la position réelle du nouveau-né dont le rêve d’avoir des députés a été brisé dans les murs de la commission électorale nationale autonome.

 Le Mouvement des élites engagées pour l’émancipation du Bénin (Moele-Bénin) est fidèle à sa ligne de départ. Celle qui est de ne basculer ni dans l’opposition ni dans la mouvance. Moele-Bénin reste le seul parti qui réclame sa liberté vis-à-vis de tous les autres clivages politiques. Après son élimination de la compétition pour les prochaines législatives, Jacques Ayadji et compagnie n’ont pas voulu changer de direction. Ils revendiquent leur neutralité sans atermoiement. Ce qui dissipe les impressions que certains avaient d’eux. Le parti du renouveau démocratique de Me Adrien Houngbédji les avait soupçonnés d’avoir aidé à l’exclusion du Prd. Le maintien du cap en dépit des critiques que les responsables du parti essuient est une preuve qu’ils ont un objectif à atteindre.Logiquement, le Moele-Bénin ne peut soutenir aucun des deux partis retenus par la Cena pour continuer la compétition. Ceci pour crédibiliser sa neutralité.

Cependant, le vote est un devoir citoyen. Sans donner une consigne de vote, les leaders du tout jeune parti devraient appeler leurs militants à se mobiliser pour aller voter pour le parti de leur choix le 28 avril prochain. Mais dans leur déclaration, ils ont exhorté leurs partisans à respecter la discipline du parti. Quand bien même il n’est pas ressorti clairement dans leur propos le mot « boycott », cet appel au respect de la position du parti qui n’entend soutenir ni les progressistes ni les républicains semble un boycott déguisé. En 2016, alors que l’Union fait la Nation n’avait pas de candidat, Bruno Amoussou a invité les militants de sa formation politique à voter pour les candidats de leur choix au premier tour de la présidentielle.

Une dissonance dans la déclaration de Moele-Bénin

Pendant que Moele-Bénin invite ses militants à rester neutres le jour du vote, il dit « avoir pris acte » de la poursuite du processus électoral. L’appel implicite au boycott de l’élection est en opposition avec la prise d’acte de la décision du conseil des ministres du 3 avril. Mieux, il réitère son soutien indéfectible aux actions du chef de l’Etat tout comme les deux partis en course pour le parlement. Ce discours donne l’impression qu’il y a un malaise que les ténors de ce parti ne digèrent pas mais veulent jouer avec leur avenir politique. Il est évident qu’un parti qui se réclame centriste ne peut appeler à voter pour des partis de la mouvance présidentielle.

Les conséquences d’une telle posture

Si les militants d’un parti ne votent pas, les autres choisiront les députés qui vont les représenter pendant les quatre prochaines années. Les lois qui seront votées et promulguées seront imposées à tous les Béninois sans distinction aucune. L’autre paire de manches est que lorsque la majorité parlementaire va « dérailler » Moele-Bénin pourra se targuer de n’y avoir pas contribué. Au-delà de ce calcul purement politique, le peuple a besoin de s’acquitter de son devoir que lui confère la loi fondamentale.

Il ne faut pas perdre de vue les postes politiques qu’occupent la plupart des responsables de ce parti. Ne pas prendre acte de la poursuite du processus pourrait être considéré comme un crachat dans la soupe. Et les conséquences pourraient être amères.

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