Bénin: les législatives, la société civile et la démocratie

Les organisations de la société civile au Bénin subordonnant la transparence des élections à leur inclusivité ne comptent plus s’engager dans le processus électoral tant que cette condition ne sera pas réunie. Il y a quelques jours, c’est la plateforme des OSC dirigée par Fatoumatou Batoko Zossou qui a dans ce sens annoncé la réorientation de leur mission. Et, c’est sans compter avec la démission de Social Watch.

La société civile envoie un message fort aux décideurs de la République. Ses acteurs dont le mutisme a été diversement apprécié au sein de l’opinion nationale, a fini par se racheter. Même ceux d’entre eux qui prenaient fait et cause pour le gouvernement ont compris qu’il y a péril en la demeure. Plus besoin donc selon eux de jouer sur les nerfs ou de caresser dans le sens du poil. Il faut passer au concret. Il y a quelques jours, Jean-Baptiste Elias, a alerté sur la crise électorale et ses implications imminentes. Même s’il était dans l’expectative d’une sortie de crise, il voyait le pire venir. Il n’a pas été écouté. Peut-être que sa lecture de la situation et même des textes de la République est erronée.

Quelques jours plus tard, c’est la plateforme des organisations de la société civile qui réoriente sa mission vers la sécurité des individus devant se rendre aux urnes le 28 avril prochain. La présidente de la plateforme, ne voulant certainement pas être alarmiste, a joué sur les mots pour tenter de faire entendre raison à qui de droit. Hélas! c’est le statu quo. Désormais, disait-elle « le focus ne sera plus sur la transparence mais le focus sera sur la sécurité humaine ». C’est dire désormais que pour les OSC, les prochaines législatives n’ont pas d’enjeux. Parler donc de leur transparence serait, pour la société civile, synonyme de cautionner ce qu’elle appelle « le match amical ». Si elle n’entend pas baisser les bras, c’est parce que les élections pacifiques font partie de leur mission. Toutefois, elle ne s’engagera pas dans la sécurité humaine si les conditions ne le lui permettent. « Nous n’allons pas quand même laisser nos collègues observateurs, les jeter en pâture » affirme Fatoumatou Batoko Zossou.

Social Watch catégorique…

Le réseau Social Watch ne veut pas, quant à lui, jouer sur les mots. Il est catégorique. Il ne veut pas sécuriser les élections non « démocratiques » et non « inclusives ». Comme pour se désolidariser de la plateforme, il suspend sa participation aux activités entrant dans le cadre des prochaines élections législatives. « le contexte politique tel qu’il se présente ne permet pas de dire qu’il y a d’abord élection démocratique avant de s’engager pour sa transparence et sa crédibilité », regrette-t-il. Les organisations de la société civile prennent ainsi leur marque et ça va peser, qu’on le veuille ou non, sur le taux de participation aux législatives.

Le comportement de ces acteurs face à la situation est la preuve que les prochaines législatives constituent une épreuve pour la démocratie béninoise. Si la démocratie est éprouvée, la paix n’en sera pas épargnée. Raison pour laquelle, Social Watch lance un appel solennel. « Nous invitons par la même occasion toutes les institutions nationales, régionales et internationales de médiation, de prévention des conflits et de construction de paix à se mettre résolument au chevet des acteurs politiques du Bénin pour sauver la démocratie chèrement acquise par les Forces vives de la Nation et sauvegarder la paix« .

Entre la société civile, la démocratie, la paix et les élections inclusives, c’est une véritable histoire d’amour.

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