Bénin – Sortie médiatique de Patrice Talon: les observations de Victor Topanou

Le professeur Victor Prudent Topanou décrypte l’émission « Le Moment Politique » du président Patrice Talon. Satisfait sur un certain nombre de points, l’universitaire désapprouve la lecture que fait le chef de l’Etat de certaines dispositions de la loi organique et évoque les éventuelles conséquences de la tenue des élections en l’état.

Victor Topanou n’a pas voulu rester en marge des débats politiques en cours. Initiateur d’une lettre ouverte adressée au chef de l’Etat très récemment et co-signataire d’une tribune toujours à propos des prochaines élections législatives, l’ancien garde des sceaux réagit à la prestation télévisuelle de Patrice Talon. Le professeur en science politique est d’avis avec le président de la République sur  certains aspects de sa sortie médiatique. Il s’agit en effet de l’idée de regroupement des partis en de grands ensembles. Même si l’ancien secrétaire général du gouvernement nuance sur le nombre de partis politiques qu’il faut pour éviter d’avoir les clubs électoraux, il croit que la question ne doit plus faire objet de débats puisque les partis « recalés » se sont conformés à la nouvelle charte des partis politiques. Le hic, à en croire Victor Topanou, réside en la tentative d’avoir forcément quatre partis au maximum.

Toutefois, le maître de conférences déplore l’opposition du chef de l’Etat à l’utilisation de l’article 68 de la Constitution. Victor Topanou soutient que l’interprétation que fait le Président Talon des articles 68 et 4 de la constitution est discutable sinon « insatisfaisante ». L’universitaire pense que l’article 4 qui inspire l’idée de la recherche du consensus par le parlement n’exclut pas l’intervention du chef de l’Etat. Si le chef de l’Etat soutient que la souveraineté du peuple s’exerce au parlement il n’en demeure pas moins, défend Victor Topanou, que « le premier des « représentants élus » est bel et bien le Président de la République. C’est lui seul qui incarne l’unité de la Nation ».  Pour le professeur de science politique « si chaque «Député est le représentant de la Nation toute entière », il restera toujours et avant tout, le député du coin : aucun député ne peut aller faire campagne dans une circonscription qui n’est pas la sienne ». 

l’article 68, une bombe atomique?

Si l’ancien garde des sceaux est d’accord que prendre une ordonnance constitue une « bombe atomique » ou « un coup d’état constitutionnel », il soutient que ce n’est pas parce que la constitution l’a institué qu’il faut en abuser. Il faut plutôt « en faire une utilisation juste et judicieuse ». Il soutient sa position en faisant remarquer que tous les anciens présidents du Bénin l’ont utilisé à des fins « juste et judicieux ». Victor Topanou pense personnellement qu’il y a menace sur l’Assemblée nationale si les élections se déroulent sans l’opposition. Même s’il est convaincu que seul le chef de l’Etat peut apprécier la menace.

La menace, selon le juriste, s’explique par les plausibles conséquences que les prochaines législatives pourront avoir sur l’image du Bénin à l’international et sur la paix. Il tire cela des propos du chef de l’Etat lorsque ce dernier dit  « C’est vrai que ce qui se dessine n’honore pas l’image de la démocratie béninoise. Je l’ai dit, je l’ai constaté et j’en ai été bien désolé ». La menace sur la paix qu’évoque l’universitaire est aussi, à l’en croire, constatée dans les propos du chef de l’Etat lorsqu’il a invité les leaders des partis exclus à ne pas brûler le pays.

Deux propositions de sortie de crise

« La première, c’est de reprendre, vous-même, sous votre houlette, les discussions politiques pour trouver un consensus que les Députés en session à partir du 12 avril pourront transformer en nouvelles lois« , recommande-t-il.  « A défaut de la première, partir du plus petit dénominateur commun du consensus pour prendre des ordonnances et rendre les élections inclusives », suggère-t-il. Cela pourra se passer d’une part, d’une modificationa minimade la Charte des partis en son article 56 pour permettre aux partis de l’opposition de compétir et, d’autre part, une modification tout aussi légère du code électoral pour réduire les délais« , poursuit-il  afin de tenir les élections le 12 mai prochain. « C’est encore possible ! », conclut-il.

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