Kemi Seba: » L’occident n’a pas à imposer sa vision de la démocratie »
Invité sur l’émission « Surface de Vérité » en marge de l’une de ses conférences sur le néocolonialisme français au Burkina-Faso, l’activiste Kemi Seba s’est prononcé sur la notion de la démocratie en Afrique.
Les analyses font souvent état de ce que l’Afrique est une mauvaise élève à l’école de la démocratie. Mais de quelle démocratie s’agit-il ? Celle inventée par l’occident pour contrôler la sphère politique du tiers monde ou celle définie par l’ancien président américain Abraham Lincoln (1809-1865) qui disait : «La démocratie est le gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple » ?
De toutes les façons, la marche engagée par l’Afrique vers la démocratie par la voie institutionnelle ne sera véritablement effective qu’avec l’essor d’une véritable culture démocratique des hommes, selon l’activiste béninois Kemi Seba.
Fustigeant l’instrumentalisation de la démocratie par l’occident pour contrôler l’Afrique, Kemi Seba avance: « La démocratie selon la vision occidentale n’a pas à être imposé aux pays du tiers monde. Chaque peuple a sa façon de faire la démocratie. » et d’ajouter dans un élan patriotique qu’on lui connait bien: « à chaque fois que vous prenez votre dimension patriotique pour le bien être de votre peuple, dérangeant parfois les intérêts occidentaux, vous êtes exclus de l’international socialiste, parce que vous ne répondez plus aux critères de la démocratie telle qu’ils l’aperçoivent ». L’activiste a mentionné l’exemple de quelques figures emblématiques du patriotisme africains ostracisés et mis à la touche voir assassinées par l’occident du fait qu’elles dérangent leurs propension à la domination et aux maintiens de l’Afrique dans la dépendance et la misère afin de tirer profit d’elle. C’est le cas de Gbagbo.
« Quand vous croyez au système et que le système ne croit plus en vous, vous êtes terminés », ajoute l’activiste au sujet de Laurent Gbagbo.
Pour Kemi Seba, la question de la démocratie ne se pose pas qu’en terme d’alternance: « Des alternances sont des hypocrisies. Mais, je ne suis pas systématiquement contre l’alternance. Quand un régime est dirigé par quelqu’un qui est mauvais il faut le changer », explique Kemi Seba qui ajoute : « Thomas Sankara aurait dirigé 20 ans ou 30 ans le Burkina-Faso ne m’aurait pas gêné(..) Khadafi a dirigé pendant très longtemps la Libye ça ne m’a pas gêné(…) tant que vous vous battez pour votre pays pour que votre pays puisse accéder à un certains nombres de choses ça ne me gène pas »
Le leader de l’ONG Urgences Panafricanistes a pour finir, rappelé que nous avons le devoir d’instaurer le schéma pluri-muliticivilisationnel qui permet à chaque peuple africain de pouvoir s’organiser en fonction de ses réalités. Une manière de dire que « l’Afrique doit inventer sa propre démocratie ».
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