Libye : les puissances occidentales et les EAU « s’opposeront à toute action militaire »

Les Emirats Arabes Unis, les Etats-Unis, la France, la Grande-Bretagne et l’Italie ont appelé à une désescalade en Libye après que la plus grande force militaire du pays (LNA) a avancé sur la capitale Tripoli quelques jours avant les pourparlers parrainés par l’ONU.

Les pays ont averti que toute action militaire aurait des conséquences après que le maréchal Khalifa Haftar, commandant de l’armée nationale libyenne, a ordonné à ses forces de s’emparer de Tripoli. « Nos gouvernements s’opposeront à toute action militaire en Libye et demanderont des comptes à toute faction libyenne qui précipiterait un nouveau conflit civil », a déclaré jeudi un communiqué conjoint publié par le département d’Etat américain. L’avancée de la LNA intervient quelques jours seulement avant une conférence nationale parrainée par l’ONU pour discuter des mesures à prendre pour la tenue d’élections nationales afin de mettre fin aux années de troubles après le renversement et l’assassinat du dictateur Mouammar Kadhafi lors d’un soulèvement soutenu par l’OTAN.

« En ce moment sensible de la transition en Libye, les positions militaires et les menaces d’actions unilatérales risquent seulement de ramener la Libye vers le chaos », ont déclaré les deux pays. Le Conseil de sécurité des Nations Unies examinera la situation vendredi lors d’une réunion d’urgence à huis clos convoquée par la Grande-Bretagne. Selon des témoins, la LNA semble se diriger vers Tripoli le long de la route côtière reliant l’Est et le sud-ouest de la Libye. La force du sud-ouest a été engagée dans des affrontements mercredi à Asabiah, à environ 110 kilomètres au sud de la capitale, faisant un mort. Jeudi, la LNA a déclaré que ses troupes avaient pris le contrôle pacifique de Gharyan, une ville située à 90 km au sud de la capitale.

Un revers pour les Nations Unies

Cette évolution est un revers pour l’ONU et d’autres pays qui ont tenté de jouer le rôle de médiateur entre M. Haftar et le Premier ministre Fayez Al Sarraj du gouvernement d’Accord national (GNA) basé à Tripoli. Les forces de M. Haftar ont lancé leur offensive lorsque le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, est arrivé à Tripoli pour préparer les pourparlers entre les différentes factions libyennes et les dirigeants politiques dans la ville de Ghadames, dans l’ouest du pays, du 14 au 16 avril. Jeudi, M. Guterres a lancé un « appel fort » en faveur de la désescalade et de la fin des déploiements des factions militaires libyennes.

« Il n’y a pas de solution militaire aux problèmes en Libye. La solution doit être politique et il est essentiel qu’une solution politique soit très forte grâce au dialogue », a-t-il déclaré après une réunion avec le président du Conseil de la présidence du GNA. Le chef de l’ONU a également expliqué comment il avait été « bouleversé et choqué » après avoir visité un centre de détention pour réfugiés et migrants.

Le chaos libyen et la crise migratoire

La Libye est devenue le principal point de départ des migrants qui tentent de rejoindre l’Europe de l’autre côté de la Méditerranée, les passeurs profitant du chaos qui règne dans le pays. Les États européens ont tenté de freiner le flot en aidant le gouvernement de Tripoli à renforcer ses garde-côtes et à mettre en place des centres de rétention pour migrants. M. Guterres s’est dit « choqué par le niveau de souffrance et surtout par le désespoir » qu’il a vu dans les camps.

« Il s’agit bien sûr non seulement d’une responsabilité pour la Libye, mais d’une responsabilité pour l’ensemble de la communauté internationale », a-t-il déclaré. « Je lance un appel à la communauté internationale pour qu’elle comprenne la nécessité de respecter pleinement le droit international des réfugiés et de traiter le problème de la migration d’une manière compatible avec la défense des intérêts de l’État, mais également des droits de l’homme. »

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