Robert Dossou: « J’ai l’honnêteté de dire que nous ne sommes plus en démocratie au Bénin »

Ce vendredi 12 avril 2019, Me Robert Dossou a accordé une interview à Afrik Chrono Tv sur la sortie médiatique du chef de l’Etat. Dans son intervention, l’homme de droit a démontré que les propos du Président Patrice Talon illustre un projet de réformes politiques dont il est initiateur. Mais malheureusement, l’ancien président de la Cour constitutionnelle pense que ce projet n’est pas en harmonie avec l’option démocratique faite par la République du Bénin.

 Les réformes politiques engagées par le Président de la République ne sont pas en réalités en harmonie avec les principes démocratiques qui font du Bénin un exemple dans toute l’Afrique. C’est ce que pense l’ancien président de la Cour constitutionnelle qui met en cause les deux lois électorales récemment adoptées dans le cadre de ces réformes. « Mon impression est que ce programme détricote ce que nous avons fait depuis notre indépendance en 1960 pour construire patiemment à coup d’épreuves pour certaines personnes. Aujourd’hui, ceux qui n’étaient pas né ne pouvaient pas savoir ce que les uns et les autres ont enduré pour que tout doucement nous en arrivions à l’Etat de droit et à la démocratie », a-t-il fait savoir.

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Pour Me Robert Dossou, il serait difficile de dire avec tout ce qui se passe aujourd’hui que la démocratie qui a été les fruits de longues batailles, soit toujours en place au Bénin. « L’Etat de droit et la démocratie; toute la question est là. Aujourd’hui je dois considérer, j’ai l’honnêteté et le devoir de le dire; nous ne sommes plus en démocratie en République du Bénin. Je dis bien : nous ne sommes plus en démocratie en République du Bénin », a-t-il martelé.

Des arguments avancés…

Pour justifier ses dires, Robert Dossou évoque certains faits qui de son point de vue ont contribué à la destruction de la démocratie. Selon Robert Dossou, la presse ne se sent plus libre, la Haac qui doit garantir cette liberté de presse ne serait plus elle aussi libre. Pire, la séparation des pouvoirs consacrée par la constitution constitue aujourd’hui une vraie problématique, les restrictions des libertés de manifestations, les lois électorales taillées sur mesure. Autant d’éléments qui lui permettent de fonder son opinion.

« Il n’existe pas de lois électorales neutres. Le code électoral a été façonné pour conduire aux résultats que nous avons aujourd’hui, l’exclusion de certains. Une armée populaire de juristes de tout acabit, de tout ordre peut défiler sur les écrans, ça ne peut pas convaincre parce que nous ne sommes pas les géniteurs de la démocratie. La démocratie a un certains nombre de paramètres communs à tous les pays. Les spécificités de mise en oeuvre de la démocratie dans chaque pays ne doivent pas exclure les principes communs et globaux de l’humanité », a-t-il expliqué.

   Quid de l’Etat de droit…

En ce qui concerne l’Etat de droit, Me Robert Dossou indexe le système judiciaire qui selon lui est « terriblement instrumentalisé » . Une situation que l’homme de droit trouve très inquiétante; mais il y a quand même un aspect de la situation qui la rassure. « Je continue de m’inquiéter; mais je suis rassuré que le système qui est là n’est pas séparé du chef de l’Etat, et il l’a assumé hier. Il remet ainsi en cause l’organisation et le fonctionnement du système judiciaire qui selon lui ne permettent pas de parler convenablement  » d’Etat de droit ».

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