Algérie : vers un pays sans président, l’armée à l’affût du perchoir ?

Une situation sans précédent est en train de se dérouler en Algérie, car il est possible qu’il n’y ait aucun candidat éligible à l’élection présidentielle prévue pour le 4 juillet.

Dimanche, date limite pour l’inscription des candidats, le Conseil constitutionnel a annoncé qu’il n’avait reçu que deux candidatures. Mais beaucoup d’observateurs disent qu’Abdelkrim Hamadi et Hamid Touahri, qui se sont inscrits à la dernière minute, ne seront probablement pas éligibles pour la compétition. Ils sont relativement inconnus sur la scène politique et les règles stipulent qu’ils doivent être parrainés par 60 000 électeurs ou 600 membres élus du parlement ou des conseils locaux.

Le Conseil constitutionnel dispose de 10 jours pour se prononcer sur leur éligibilité. Dans une interview à la radio nationale, Fatiha Benabbou, experte en droit constitutionnel, a averti que le pays pourrait entrer dans « une situation dangereuse ». « Nous n’aurons plus de président après le 6 juillet », a-t-elle déclaré, expliquant qu’au-delà de cette date, le président par intérim n’aurait plus aucun pouvoir constitutionnel.

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Les élections ont lieu pour remplacer Abelaziz Bouteflika, âgé de 82 ans, qui a été contraint de se retirer en avril de la présidence à la suite de manifestations de masse. Mais les manifestations se sont poursuivies, les manifestants étant mécontents que les alliés de M. Bouteflika, au pouvoir depuis 20 ans, organisent les scrutins. Ils sont dans la rue tous les vendredis depuis 14 semaines et les partis de l’opposition se sont également rangés de leur côté, réclamant le report des élections et la démission du président par intérim et du premier ministre. Des personnalités telles que Ahmed Taleb Ibrahimi, ancien ministre des Affaires étrangères, Ali Yahia Abdennour, avocat spécialisé dans la défense des droits humains, et Rachid Benyelles, général à la retraite, ont publié un communiqué commun avant la date limite des inscriptions, appelant l’armée à entamer un dialogue « franc et honnête » avec les manifestants.

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Mais le responsable de facto du pays, le chef d’état-major de l’armée, Ahmed Gaid Salah, a insisté pour que le vote se déroule afin d’éviter un vide constitutionnel. Selon Mme Benabbou, la loi électorale autorise le président par intérim à demander un nouveau vote avec 90 jours pour se préparer. Pourtant, même cela est peu probable pour apaiser les manifestants à moins que ceux associés à l’ère Bouteflika ne soient en charge d’aucun scrutin à l’avenir. Dans tous les cas, si un vide constitutionnel est constaté et que le mandat du président par intérim expire sans qu’il y ait élection, l’autre option envisageable serait que l’armée dirige la transition jusqu’à un nouveau vote. Certains observateurs indiquent que c’est peut-être l’objectif de Salah depuis le début même s’il dit ne pas vouloir entrer en politique. Toutefois, les manifestants ne risqueraient pas de permettre à l’armée de diriger le pays alors qu’ils viennent à peine de se libérer de 20 ans de presque musellement.

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