Bénin – A la quête de la paix: et si on changeait de fusil d’épaule?

Toutes les couches socio-culturelles se mettent à publier des déclarations invitant les hommes politiques à faire la paix. Chose que tout individu conscient devrait cautionner. La paix n’étant pas à décréter, il faut poser des actes allant dans le sens des discours pour espérer un retour à la normale.

Plusieurs personnalités morales ont jugé utile d’apaiser la tension post-électorale qui met le Bénin sous les feux de la rampe depuis peu. Rois, religieux, personnalités politiques, organisations de la société civile, invitent à la culture de paix. La paix est, à n’en point douter, le point de départ de tout projet. Sans elle, rien de bon ne peut se faire. C’est tout à fait normal que les personnes morales s’invitent dans le débat pour calmer les esprits. Nul ne sera de trop pour casser le rythme actuel de la fièvre politique du pays.

Toutefois, les appels à foison ne sont que de l’eau jetée sur le dos du canard. Le mal est là et il faut travailler à le curer. Sinon, les invites à la réconciliation, au dialogue ne peuvent recevoir d’écho favorable si les préalables ne sont pas établis. En 1989, lorsque les travailleurs ont décidé d’en découdre avec le président Mathieu Kérékou, Monseigneur Isidore de Souza revêtu de l’arme irrésistible de l’humilié a conduit les acteurs politiques et le peuple à prendre des décisions courageuses. Ce qui a permis aux deux camps (le pouvoir et les travailleurs) de s’asseoir autour d’une table pour sortir le pays de l’impasse. Même si la conférence épiscopale se dit disponible pour jouer à la médiation, il n’y a aucun acte de sa part pour rassurer les uns et les autres qu’ils ne perdront pas leur temps à faire un dialogue de sourd.

Les propositions de médiations ne se font pas dans les médias. Il y a des démarches en amont. C’est après avoir obtenu l’accord des protagonistes que vient la déclaration. L’histoire politique du Bénin renseigne que Monseigneur Isidore de Souza a réussi à obtenir du chef de l’Etat d’alors sa disponibilité à faire des concessions avant de s’offrir en médiateur. Les travailleurs, eux aussi, ont fait des concessions et accepté les propositions du prélat. Ce qui a conduit aux assises nationales pour rompre d’avec les méthodes révolutionnaires.

Si ce préalable n’est pas établi, il sera périlleux pour les artisans de paix de se faire entendre. Il faut se départir des discours parfois vaseux et poser des actes pouvant décrisper véritablement la vapeur d’effroi qui plane au dessus du Bénin.

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