Bénin: la corruption toujours collée au talon de Patrice

Le gouvernement du président Patrice Talon vient d’essuyer une autre humiliation de la part des cadres qui travaillent dans plusieurs ministères. Le conseil des ministres du mercredi 29 mai a révélé des cas de malversations financières faisant froid aux yeux. Près de deux milliards détournés et distillés dans les poches d’individus pourtant ancrés dans la rupture d’avec les vieilles habitudes. Les rapports d’audit ont mis à nu la qualité de ces « gars » qui accompagnent le régime de la rupture dans sa lutte autrefois qualifiée de tendancieuse contre la corruption et infractions connexes.

Chasser le naturel et il revient au galop, renseigne la maxime. Les cadres béninois ne vont plus jamais divorcer avec la corruption, le détournement de deniers publics, la surfacturation ou encore la mauvaise gestion. Ce n’est pas un souhait encore moins une prophétie. Les faits, recoupés et analysés, sont à vous  couper le souffle. Tous les vices que Patrice Talon entend sortir des pratiques des Béninois en chantant et dansant au son de la « rupture » et du « nouveau départ » pour révéler le Bénin in fine, ont la peau dure. Ils ne reculent devant rien. Ils sont collés à l’hypothalamus du pays. Sinon, avec les annonces, les actes, les mesures du gouvernement pour instaurer la gestion transparente et responsable de la chose publique, personne, fut-il proche du pouvoir, n’aura le toupet de s’attribuer ce qui ne lui revient pas de droit.

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Malheureusement, l’entourage de Patrice Talon pue tout sauf un nouveau départ. Après les cas sulfureux du ministère du cadre de vie où l’achat de motos et de voitures a fait objet d’une surfacturation, il fallait être un avide de la chose d’autrui pour imaginer qu’un cadre de l’administration publique pourra encore mettre la main sur un seul kopeck appartenant à l’Etat. Mais comme celui qui a bu une fois ne peut s’empêcher d’approcher ses lèvres d’une tasse, les éternels insatisfaits des ministères, seize ministères pour être plus précis, ont encore mis la main dans le panier étatique. Le plus effarant, c’est le nombre de ministère impliqué dans la filouterie. Plus de la moitié des ministères qui pourtant veillent autour du chantre de la rupture sont trempés sans vergogne dans le dossier que le conseil des ministres a bien voulu révéler au grand jour.

Mais doit-on laisser le serpent pour toujours taper dans les herbes? Il faut parfois oser. Oser mettre le doigt dans la plaie, même si çà doit faire mouche. En juin 2018, bientôt douze mois, le président de l’autorité nationale de lutte contre la corruption et infractions connexes, Jean-Baptiste Elias, au cours d’une de ses traditionnelles conférences de presse, a eu l’audace de pointer d’un doigt accusateur la justice béninoise. Elle aurait, si on s’en tient aux propos de Jean-Baptiste Elias, mis embargo sur le dossier relatif à la surfacturation découverte dans le ministère de Tonato. C’est peut-être l’impunité qui encourage les faussaires à foncer pour piller l’économie nationale.

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Certes dans le cas des seize ministères, le conseil des ministres a instruit le ministre de la justice d’engager des poursuites judiciaires contre les fossoyeurs de l’économie nationale. Patrice Talon aura laissé un goût d’inachevé si au terme de son mandat unique, en 2021, le bilan de la corruption reste inflexible. Il faut, tout comme les directeurs d’école qui ont pris quelques mesures de vivres scolaires, sanctionner avec la rigueur digne de la période révolutionnaire pour espérer danser sur ses talons au soir du 5 avril 2021. Autrement, ce mal à la peau dure, finira par avoir raison de tous les régimes qui se succèdent à la Marina en dépit de la volonté des capitaines de mener le bateau à bon port.

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