Bénin: l’analyse de Claude Djankaki sur la rétrogradation de Hounnonkpè et Houndégnon

Depuis quelques jours, une décision de la Cour Suprême en rapport avec le grade de général obtenu par Nazaire Hounnonkpè et Phillippe Houndégnon sous le régime fait grand bruit. Selon la décision de la Cour Suprême, le grade de général accordé aux concernés est annulé pour diverses raisons évoquées. Sur la question, les vis fusent de toutes parts pour soutenir ou désavouer cette décision qui rétrograde ces deux responsables de la police. Du haut de son expérience dans l’administration du Ministère concerné, Claude Djankaki propose son analyse sur la question. 

La Cour Suprême est-elle en droit d’annuler le grade de général de Nazaire Hounnonkpè et de Phillippe Houndégnon? Face à cette question, l’ancien chef de Cabinet et Directeur des Etudes et de la Planification du Ministère de l’Intérieur propose une analyse qui permettra à chacun de se faire son opinion sur la décision de la Cour. Deux éléments importants sont à retenir de cette analyse. Il s’agit de l’acte « qui donne la force exécutoire à une nomination de grade« , de « l’autorité habilitée à enlever les grades » dans des conditions bien définies.

Analyse de Claude Djankaki

Dans les corps habillés , ce qui donne force exécutoire à une nomination de grade, c’est la cérémonie officielle de port de galons ou barrettes. En dehors donc du décret de nomination, c’est le jour où l’autorité habilitée donne la visibilité en posant les galons ou barrettes devant la troupe. Cet acte est aussitôt suivi d’obéissance du gradé par les agents subalternes, étant donné que la discipline fait la force des armées.
Au demeurant, le porteur de cette distinction qu’il soit en uniforme ou en tenue civile reçoit les honneurs dus à son rang.
Compte tenu de ce qui précède, la déchéance de grade devra respecter la règle de parallélisme des formes. C’est à dire l’autorité qui a placé les barrettes des deux Généraux doit-être la même pour les enlever au cours d’une cérémonie officielle de rejet de galons devant la troupe.
Un tel comportement pourrait poser des difficultés dans l’harmonie du groupe, étant donné que toute société est naturellement stratifiée et ce type d’acte est de nature à désarticuler les rapports professionnels.
S’il n’y a pas eu de comportement peu glorieux qui relèverait de l’apatridie et que, si ce n’est le défaut d’ancienneté, qui du reste a été déjà comblée qui est maintenant l’objet de la déchéance de grade, le Chef de l’État au regard de son pouvoir discrétionnaire a toute la latitude de régler au mieux ce cas dans l’intérêt de la cohésion sociale. Car, faudrait-il le rappeler, parler de son pays, c’est parler de soi-même, de ses incertitudes et de ses aversions. Nul ne peut le faire légèrement.

Claude Cossi Djankaki
Ancien Directeur des Études et de la Planification DEP ministère de l’intérieur les années 80
Chef de Cabinet les années 90.

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