Bénin: Louis Vlavonou, un passé parlementaire qui suscite des interrogations

Élu à la faveur de l’élection des membres du bureau de l’Assemblée nationale huitième mandature par le bureau d’âge, le député Louis Vlavonou élu président du parlement sera contraint de changer de casquette pour réussir sa mission de deuxième personnalité de l’Etat.

De l’ardent défenseur du programme d’action du gouvernement, le « PAG- Bénin Révélé », au poste du président de l’Assemblée nationale, une institution de contre-pouvoir, le député Louis Vlavonou sera contraint de faire un effort monstre pour enlever sa casquette de partisan pour enfiler celle d’un président d’une institution de contrôle de l’action gouvernementale.

Louis Vlavonou, de 2016 à son élection au poste de président de l’AN

L’un des soutiens politiques de l’homme d’affaires Sébastien Germain Ajavon lors des élections présidentielles de 2016, le député Louis Vlavonou a tôt fait de fermer la page de la vague bleue (couleur du parti de Sébastien Adjavon) au lendemain du second tour des élections législatives qui ont  consacré l’élection du président Patrice Talon à la tête du pays. Devenu membre actif du bloc de la mouvance parlementaire au cours de la septième législature, Louis Vlavonou était au devant des gros dossiers qui nourrissent les polémiques au sein de l’hémicycle et dans l’opinion nationale.

En effet, défenseur acharné du « PAG-Bénin Révélé » à Ifangny et dans toute la 21è circonscription électorale, Louis Vlavonou a été auteur de plusieurs propositions de lois à polémiques.

Quelques lois à polémiques proposées par Louis Vlavonou

L’actuel président de l’Assemblée nationale, le président Louis Vlavonou a connu une vie parlementaire assez fournie au cours de la septième législature. Cette pro activité de l’homme s’est matérialisée par plusieurs propositions de lois au titre desquelles:

  • La proposition de loi portant charte des partis politiques

C’est un secret de polichinelle que l’actuel président de l’Assemblée nationale est l’un des géniteurs de la loi portant charte des partis politiques. Une loi qui a nourri la polémique au sein de la minorité parlementaire et au sein des juristes et personnalités politiques; une loi qui a conduit à l’élection législative de 2019.

  • La loi portant code pénal

l’honorable Louis Vlavanou a été également l’un des défenseurs acharnés du nouveau code pénal. Il affirmait notamment dans l’émission « Questions actuelles » du vendredi 15 Juin 2018 sur CAPP-FM que la polémique assourdissante autour de ce code n’a pas sa raison d’être. « Il n’y a rien de nouveau au sujet de la législation prévue dans le code pénal en république du Bénin récemment voté par les députés en matière de la répression de l’importation, la distribution et la commercialisation des produits pétroliers.  Ce code pénal n’a fait que reprendre la réglementation appliquée depuis 1983 dans notre pays » a-t-il justifié preuve à l’appui.

  • La loi portant suppression de grève en République du Bénin:

On doit pas aller avec la main motte avec les agents de santé, ainsi s’exprimait l’honorable Louis Vlavonou pour défendre la proposition de loi portant surpression des droits de grèves dont il est l’un des initiateurs. En effet, le député Louis Vlavonou, auteur du projet de loi portant retrait du droit de grève s’est prononcé sur les défalcations sur le salaire des agents grévistes. Dans une explication sur les fondements de la grève sur Cartes sur table, une émission de la radio Océan Fm, le député a dénoncé habilement le non respect des conventions auxquelles le Bénin est partie.

Mais il n’a pas fait de cadeau aux magistrats à qui Dieu a délégué une partie de son pouvoir selon ses propos. « Le cas des magistrats, c’est des hommes de droits. On devait être plus exigeant sur ça », avait-il affirmé. Il poursuit ensuite en ces termes : «  Celui à qui Dieu a transféré ses pouvoirs, parce que nul ne peut juger dit-on. C’est Dieu seul qui juge et Dieu par un transfert, leur a concédé le droit de juger ; c’est une grande responsabilité et par rapport à ça on devait être plus sévère vis-à-vis des Magistrats ».

Cette posture du député avait en son temps suscité la réaction du syndicat de l’ordre de la santé qui a répliqué en ces termes:

« Nous le regardons et nous l’observons sur trois plans.  Le premier plan,  c’est qu’il était syndicaliste à la douane. On a arraché le droit de grève aux agents de la douane. Ça  veut dire que  c’est lui qui avait vendu les siens pour qu’on les prive du droit de grève.

Le deuxième plan, c’est que  le Président Talon a mis la suppression du droit de grève  dans sa reforme. Le député Vlavonou lance un appel de pied au président, comme quoi il est prêt à l’aider. Et donc,  président  je veux t’aider.  Si tu as quelque chose à me donner,  donne le moi,  je vais t’aider à prendre la loi.

Enfin sur le troisième plan, c’est un député qui ne réfléchit pas. En principe, s’il réfléchissait,  il devrait s’intéresser aux raisons qui amènent les gens à aller en grève. Qu’est ce qui pousse les gens à aller en grève ? C’est ça qu’il faut voir. Mais,  il ne cherche pas à comprendre cela », avait rétorqué Adolphe Houssou.

En somme, l’actuel président de l’Assemblée nationale était un ardent défenseur du programme d’action du gouvernement. Maintenant qu’il est élu au poste de président d’une institution qui est appelée à contrôler l’action du gouvernement, pourra-t-il se débarrasser de la casquette de partisan pour enfiler celui de la deuxième personnalité de l’Etat afin d’éviter les critiques qui sont faits à son prédécesseur et pour éviter que la huitième législature ne soit que le prolongement de la septième?

Le président Louis Vlavonou doit surprendre les béninois et la communauté internationale

La huitième législature n’est pas née avec une odeur de sainteté. Elle incarne à l’analyse des commentaires sur le plan interne et dans les médias occidentaux, la rupture avec la démocratie née de la conférence des forces vives de la nation de Février 1990. Avec tout le commentaire suscité par les élections législatives de 2019 en l’absence des partis de l’opposition, des commentaires qui font souvent l’essentiel de l’actuel des médias européens, le nouveau président et d’ailleurs l’ensemble des députés de la huitième législature doivent surprendre les béninois et la communauté internationale en assumant leur mission républicaine en toute indépendance d’esprit et conformément aux dispositions de la constitution de 1990.

Ils auront en effet la lourde responsabilité de prouver à la face du monde que la démocratie n’est pas morte au Bénin comme l’affirme certaine opinion. S’il est admis la collaboration entre les institutions, cela ne doit pas se faire en dehors des dispositions prévues par la loi fondamentale.

Les commentaires sont fermés.

Ce site Web utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que vous êtes d'accord avec cela, mais vous pouvez vous désinscrire si vous le souhaitez. Accepter En savoir plus