Bénin – Session criminelle du TPI: 2 condamnations et 1 acquittement dans un dossier de vol

Solennellement ouverte le jeudi 25 avril 2019, la première session criminelle du tribunal de première instance de première classe de Cotonou au titre de l’année 2019 a vidé ce jeudi 9 Mai son dixième dossier. Il s’agit d’un dossier de vol et d’association de malfaiteurs dans lequel deux présumés coupables ont été condamnés à 5 ans de prison et un troisième acquitté.

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Le 10è dossier de la première session criminelle du tribunal de première instance de première classe de Cotonou a été vidé ce Jeudi 9 Mai 2019. A la barre, un trio de malfaiteur à qui il est reproché des infractions de vol et d’association de malfaiteurs. Reconnus coupables de vol, deux des accusés ont écopé d’une peine de 5 ans d’emprisonnement ferme et le troisième, notamment Wilfried Ahogbehossou a été acquitté au bénéfice du doute. En détention depuis 2013, ils ont alors tous recouvert leur liberté.

Retour sur les faits

L’infraction remonte aux années 2002. Selon le récit des faits transcrit et publié par le quotidien du service public, dame Houéfa Katia Yvette Kèdoté a été victime d’un cambriolage au cours duquel son ordinateur portatif a été emporté. Quelques jours plus tard, le nommé Daniel Gbaguidi comme en bon samaritain, s’est rapproché d’elle et lui a proposé de l’aider à retrouver son ordinateur, car disait-il, les membres de la bande ayant opéré ne sont pas inconnus de lui.

Il a réclamé en retour une somme de cinquante mille (50.000) francs Cfa pour le retour prompt de l’objet volé. Malgré l’assurance de « l’agent secret » Daniel Gbaguidi, dame Yvette Kèdoté n’a pas donné foi à l’expertise auto-proposée de son vis-à-vis. Elle n’a pas cru devoir aussi en informer la police car jusque-là, rien ne semblait indiquer l’implication directe de Daniel Gbaguidi dans le braquage perpétré. Dame Yvette Kèdoté fera les frais de son mutisme, un an plus tard quand, dans la nuit du 17 au 18 juin 2013, elle est à nouveau victime d’un cambriolage au cours duquel les auteurs ont réussi à emporter une motocyclette de marque Haojue, deux (2) téléphones portables (l’un de marque Nokia et l’autre Samsung) et des numéraires.

Il a fallu que l’un des agresseurs de la victime, lors de ce braquage, ait oublié sa montre sur les lieux de l’opération pour qu’apparaisse le premier indice vers l’identification des filous. Cette montre, l’apprendra-t-on,se révèle être la propriété du nommé Daniel Gbaguidi. Ce dernier a été interpellé, accompagné de Gildas Zotto, alors que tous deux revenaient d’une autre opération à Cocotomey où ils ont cambriolé une boutique et emporté un butin bien curieux : des sachets de biscuits (Coaster), des bouteilles de riz soufflé et les petits sachets de whisky dont se gavent souvent les conducteurs de taxi-moto. Au moment de leur interpellation, ils détenaient des armes tout aussi curieuses : un démonte-pneu et un tournevis.

Le nommé Wilfried Ahogbehossou qui vivait avec Daniel Gbaguidi et avait l’habitude d’opérer avec celui-ci, va ensuite être interpellé. C’est ce troisième larron qui a d’ailleurs confirmé lors de l’enquête préliminaire que la montre bracelet retrouvée sur les lieux de l’opération survenue la nuit du 17 au 18 juin 2013, est la propriété de Daniel Gbaguidi.

Poursuivis pour vol et association de malfaiteurs, les accusés ont nié leur implication dans l’opération de juin 2013 et rejeté l’existence d’une quelconque association.
Daniel Gbaguidi n’a pas reconnu la montre comme étant sienne. Ecoutés par le juge du sixième cabinet du Tpi de Cotonou, les trois chipeurs ont été mis en détention le 6 août 2013.

La plaidoirie de la défense, le réquisitoire du procureur et la décision du juge

A la barre hier, les accusés Daniel Gbaguidi, Gildas Zotto et Wilfried Ahogbehossou sont restés constants dans la dénégation. Pourtant, Wilfried Ahogbehossou a réitéré l’appartenance à Daniel Gbaguidi de la montre bracelet retrouvée sur les lieux du braquage de dame Yvette Kèdoté en juin 2013. « Je n’ai jamais porté de bracelet. J’ai le sang chaud et quand je porte de bracelet, cela s’arrête », va déclarer Daniel Gbaguidi pour tenter d’établir son innocence dans ce braquage.

Toutefois, ils reconnaissent avoir mené des opérations de vols soit individuellement, soit en duo, mais jamais en trio. Relatant sa dernière expérience conduite avec Daniel Gbaguidi, expérience au terme de laquelle ils ont été interpellés, l’accusé le plus coopératif Gildas Zotto confie au Tribunal qu’ils avaient raté leur cible ce jour-là, parce que les concernés étaient encore en éveil.

C’est pour ne pas rentrer bredouille qu’ils ont cambriolé une autre boutique : « Nous n’avons emporté que des biscuits, des amuse-bouches, du whisky en sachet », a-t-il affirmé. Daniel et Wilfried ont aussi raconté quelques forfaits commis en duo. Il apparait dans les débats que le nommé Daniel Gbaguidi opère séparément avec les deux autres accusés. Tous ont nié l’existence d’une bande organisée à trois.

En définitive, les accusés ne se sont pas reconnus dans les deux infractions précises mises à leur charge. Mais une chose reste évidente et incontestable : le vol flagrant au terme duquel les nommés Daniel Gbaguidi et Gildas Zotto ont été pris.

Dans son réquisitoire, le représentant de la société a demandé que soient retenus à l’encontre des nommés Daniel Gbaguidi et Gildas Zotto, les faits de vol et association de malfaiteurs. Il a requis que Daniel Gbaguidi, qui opère apparemment dans plusieurs réseaux, soit condamné à quinze ans de réclusion et Gildas Zotto à dix ans. S’agissant du nommé Wilfrid Ahogbehossou, contre qui ne pèse aucun élément suffisant outre ses propres aveux, le ministère public a requis l’acquittement au bénéfice du doute.

C’est exactement ce qu’a plaidé l’avocat du concerné, Me Narcisse Oyobèlè. Il a même déploré le fait que son client ait passé autant d’années en détention en dépit du manque d’indices l’impliquant dans le braquage de juin 2013. Me Jonel do-Régo et Me Aziz Onifadé respectivement conseils des accusés Gildas et Daniel ont demandé au Tribunal de retenir contre leurs clients le vol simple et de disqualifier le crime d’association de malfaiteurs. Ils ont plaidé pour un aménagement de la peine. Mais ils obtiendront bien mieux !

Le Tribunal, après en avoir délibéré, a été bien clément. Wilfried Ahogbehossou a été acquitté au bénéfice du doute et les deux accusés (Daniel Gbaguidi et Gildas Zotto) dont les faits de vol sont établis, ont été condamnés à 60 mois de réclusion. En détention depuis environ 6 ans, ils ont alors recouvré leur liberté.

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