Bénin: après l’assignation à domicile, le président Yayi Boni pourrait-il avoir des craintes?

Après des semaines d’assignation à domicile, l’ancien président yayi Boni est-il entré dans une procédure judiciaire? Tout semble aller dans le sens de cette thèse avec la convocation qu’il vient de recevoir du tribunal de première instance de Cotonou.

Le président d’honneur du parti des Forces cauris pour un Bénin émergent, l’ancien président Yayi Boni sera écouté demain vendredi 7 Juin 2019 à domicile par le tribunal de première instance de première classe de Cotonou. Cette convocation fait suite à l’ouverture du dossier d’attroupement non armé dans lequel près d’une centaines de compatriotes présumés auteurs des actes de violence post-électorales enregistrés les 1er et 2 mai 2019 sont interpellés. Si cette convocation est un processus normal dans une procédure d’instruction, il n’est pas moins à craindre eu égards à la chronologie des actes qui ce sont succédés depuis le 1er mai dernier, que ladite procédure puisse conduire à une autre qui pourrait être préjudiciable au leader charismatique des fcbe.

Du flaggrant délit à l’instruction

Les 64 personnes arrêtées et poursuivies avec chef d’accusation  « attroupements non armés » lors des événements sanglants post-électoraux des 1er et 2 mai derniers à Cadjèhoun, un quartier de Cotonou, ont tous comparu le mardi 28 mai, devant le juge des flagrants délits. Mais ce dernier n’est pas allé au fond du dossier. Il s’est déclaré incompétent et a renvoyé tous les prévenus devant le juge d’instruction.

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Au vue des clarifications fournies ce mercredi 29 mai 2019 par Elonm Mario Pierre-Cécil Mètonou, procureur de la République,  « au fil des investigations, ce qui apparaissait au début comme un mouvement spontané s’est révélé être une action planifiée, concertée et coordonnée » . Avec l’apparition de l’élément intentionnel de l’acte des acteurs des violences post-électorales, la poursuite des présumés coupables en flagrants délits ne permettra pas de faire la lumière sur toute l’affaire. Aussi, pour permettre au ministère public de mieux se pourvoir, fallait-il que le juge des flagrants délits se déclare incompétent. En se déclarant incompétent, le juge du flagrant délit, le juge Rodolphe Azo permet au ministère public à mieux se pourvoir. Désormais, le juge d’instruction est saisi pour l’ouverture d’un dossier d’enquête afin de mieux apprécier ce qui s’est passé les 1er et 2 mai dernier afin de mieux administrer la justice.

L’apparition de commanditaires complique la procédure:

Dans sa sortie explicative du mercredi 29 mai 2019, le procureur Elonm Mario Pierre-Cécil Mètonou, a fait remarquer que des indices décelés des différentes procédures permettent d’établir des liens d’une part entre les personnes interpellées et d’autre part, entre elles et leurs  commanditaires. Ainsi, l’ouverture d’une enquête à travers une instruction permettra d’étendre la justice aussi bien aux personnes interpellées qu’à leurs supposés commanditaires. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’un juge d’instruction a été saisi de trente procédures concernant la soixantaine de personnes mises en cause, en application de l’article 483 du code pénal.

Le président Yayi Boni pourrait-il être un commanditaire?

La convocation adressée ce jeudi 6 juin 2019 à l’ancien président Yayi Boni ne signifie pas qu’il a une part de responsabilité dans les actes enregistrés les 1er et 2 mai dernier à Cotonou. Sa convocation répond à une nécessité ressentie par le juge d’instruction en charge de l’enquête d’avoir des informations de la part du leader charismatique des Fcbe; des enquêtes qui pourraient l’éclairer dans sa démarche de recherche de vérités pour élucider le dossier. Mais dans cette procédure, l’ancien président de la République pourrait craindre de voir sa responsabilité engagée?

La réponse à cette question est délicate et seule le juge en charge du dossier pourrait arriver à cette finalité. Mais la difficulté à répondre à cette question n’enlève pas la possibilité de chercher à savoir si l’un des commanditaires évoqués par le procureur de la république lors de son dernier point de presse ne serait pas le président- d’honneur du parti des Forces cauris pour un Bénin émergent.

Des déclarations pas bonnes pour l’ancien chef d’Etat

Depuis l’avénement des violences post-électorales, des voix se sont levées pour engager la responsabilité de l’opposition et notamment des anciens chefs d’Etat Yayi Boni et Nicépéhore Soglo comme les commanditaires de ces actes de violences post-électorales.

C’est le cas par exemple de l’élu de la 8è circonscription électorale qui n’a pas porté de gang en accusant nommément le président Thomas boni yayi comme le principal instigateur des violences du 28 avril 2019 dans le septentrion et ceux intervenues à Cotonou. En effet, le député de la huitième circonscription électorale n’en démord pas. Il croit dur comme fer que les actes de violence et de vandalisme pendant et après le scrutin législatif du 28 Avril dernier sont en grande partie le fait d’étrangers. Dans un entretien avec une chaîne de radio de la place le dimanche 05 Mai 2019 , Rachidi Gbadamassi a fait de troublantes révélations sur les exécutants qui ont semé la terreur à Parakou et à Cotonou ces derniers jours.

A en croire l’ancien maire de la commune de Parakou, Boni Yayi a recruté des étrangers pour massacrer les béninois. Il avance, et affirme avoir des preuves, que des chasseurs ont été recrutés dans la sous-région. Pour finir, le député réélu pour le compte de la huitième législature accuse les anciens Présidents Nicéphore Soglo et Boni Yayi d’être les commanditaires de ces actes de violence.  « La belle preuve, ils disaient Yayi au secours en saccageant les urnes. Donc c’est clair, pourquoi ils n’ont pas dit Gbadamassi au secours ? Donc, il y a des preuves concordantes à asseoir les responsabilités personnelles de Yayi et de Soglo », a-t-il conclu.

Ces déclarations du buffle de la cité des « kobourou » associées à celles du procureur de la république qui présument que les actes de violences observés les 1er et 2 mai derniers n’étaient pas spontanés mais prémédités, organisés par des commanditaires.

La procédure qui vient d’être enclenchée pour faire la lumière autour des actes et qui a conduit à la convocation de l’ancien président de la République pourrait-il conduire à une autre procédure si l’ancien président de la république est soupçonné d’être l’un des instigateurs des violences post-électorales? Une procédure normale devant la haute cour de justice selon les exigences constitutionnelles? Difficile d’être affirmatif. Mais depuis le 16 Avril 2019, admettons que tout est désormais possible.

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