Bénin – Microcosme politique: deux figures emblématiques désormais derrière le rideau

Deux personnalités emblématiques de l’histoire politique du pays sont désormais derrière le rideau sous le dicktat de l’âge. Il s’agit du renard de Djrègbé, le professeur Albert Tévoédjrè et la dame de fer, la présidente fondatrice du parti de la Renaissance du Bénin. 

Révélés à la faveur de la conférence des forces vives de la nation de Février 1990, le renard de Djrègbé, le professeur Albert Tévoédjrè et la dame de fer, la présidente fondatrice du parti de la Renaissance du Bénin (RB) ont inscrit leur nom dans l’annale politique du pays chacun selon son style.

Acteurs politiques percutants, le professeur Albert Tévoédjrè et Me Rosine Vieyra Soglo ont fait parler d’eux dans le microcosme politique béninois notamment dans la plus haute sphère politique du pays, l’assemblée nationale.

Retour sur le parcours de deux grands acteurs politiques:

  • Rosine Soglo, le parcours d’une combattante:

Rosine Vieyra Soglo, née le 7 mars 1934 à Ouidah, une Commune du département de l’Atlantique est une femme politique béninoise. Révélée à la faveur de la conférence des forces vives de la nation de février 1990, elle devint « première dame » en 1991 avec l’élection de son époux comme le premier président de l’ère du renouveau démocratique. En 1992, elle créé le parti Renaissance du Bénin (RB), une formation politique qui s’est fortement implantée à Cotonou et dans le département du zou. L`année suivante, le parti publie un communiqué encourageant les partisans de son mari à rejoindre ce nouveau mouvement. En 2007, elle adhère à la coalition Alliance pour une dynamique démocratique (ADD) avec Antoine Idji Kolawolé et Bruno Amoussou. L`ADD se présente aux élections législatives de mars 2007 et obtient 20 sièges de députés.

Plusieurs fois élue député, Rosine Soglo a joué un rôle clé dans le fonctionnement de l’Assemblée nationale. Ses prises de position et sa langue qu’elle n’a pas toujours dans sa poche fait d’elle l’une des rares femmes politiques du pays qui sait défendre son point de vue à défaut de l’imposer. Elle a joué un rôle clé en sa qualité de doyenne d’âge pour le retour au perchoir du président Adrien Houngbédji dans un duel mortel qui l’opposait au jeune ministre des finances Komi Koutché.

De tempérament combattant, Rosine Vieyra Soglo a été souvent à l’origine de débats houleux au sein de l’hémicycle où elle a souvent l’art de faire sortir de leur gong ses collègues députés par sa liberté de langage. Au cours de la septième législature, bien qu’elle soit « impotante et aveugle » comme elle même se plait à le dire, elle a participé au débat politique qui a conduit au rejet du projet de révision introduit par le président Patrice Talon. L’un de ses derniers combats politiques qui l’a conduit derrière le rideau de la scène politique, car l’âge a finalement eu raison de son dynamisme.

  • Albert Tévoédjrè, la machine à idées:

Albert Tévoédjrè est né le 10 novembre 1929 à Porto-Novo, la capitale politique du Bénin. Marié à Isabelle Ekue, professeur de lettres, très engagée dans la lutte contre l’excision, le couple a trois fils et trois petits-enfants. La famille Tévoédjrè habite « Le Refuge du Pèlerin », une propriété située dans un village appelé (Djrègbé) non loin de Porto-Novo et qui accueille régulièrement des groupes de réflexion de vingt à trente personnes.

Après la proclamation de l’indépendance de son pays en août 1960, Albert Tévoédjrè, ancien dirigeant de la Fédération des étudiants d’Afrique noire en France et cofondateur du Mouvement africain de libération nationale, devient Secrétaire d’État à la Présidence de la République, Ministre de l’Information, poste qu’il occupe jusqu’à sa désignation comme Secrétaire général de l’UAM (Union africaine et malgache).

Après son départ de l’UAM en 1963, il donne des cours et dirige des séminaires de science politique à l’Institut africain de Genève et à l’Université de Georgetown de Washington, D.C.. De 1964 à 1965, il est chargé de recherche à l’Université de Harvard (Cambridge, Massachusetts) où il publiera son étude «Pan Africanism in Action – an Account of the UAM» (1965).

1965 : entré au Bureau international du travail (BIT), comme expert en planification de la main-d’œuvre
1966 : nommé Coordonnateur régional pour l’Afrique le 1er mars 1966 à Addis-Abeba avant d’être promu Sous-Directeur général le 1er janvier 1969.
1974 : nommé le 9 décembre Directeur de l’Institut international d’études sociales avec rang de Directeur général adjoint du Bureau international du travail
1976-1978 : Professeur associé de science politique à l’Université Paris-Sorbonne
1977-1978 : « Herskowitz Visiting Professor of Political Science at Northwestern University, Evanston, Illinois, USA
1977-1979 : Professeur en mission à l`Université nationale de Côte d`Ivoire (Abidjan).

À partir du 1er janvier 1984, il se consacre à l’Association mondiale de prospective sociale (AMPS), créée en 1976 sous son impulsion à l’issue du Colloque mondial sur les implications sociales d’un nouvel ordre économique international. En 1987, il crée le Centre panafricain de prospective sociale (CPPS), Institution de recherche, de formation et d’exécution de programmes en matière de développement socio-économique en Afrique. Ce Centre a abrité en 1989 la rencontre Afrique-Europe et le premier Forum de Porto-Novo sur les Droits de l’Homme, organisés par l’Association mondiale de prospective sociale, le Conseil de l’Europe et l’Organisation de l’unité africaine, à l’issue desquels la déclaration de Porto-Novo pour un contrat de Solidarité a été adoptée. Le CPPS est à l’origine de l’Initiative humanitaire africaine pour porter secours dans le domaine médical et nutritionnel aux réfugiés, ceux de la région des Grands Lacs notamment.

Membre correspondant de l’Académie royale des sciences d’outre-mer de Belgique, membre du Club de Rome et de nombreuses sociétés savantes à travers le monde, Albert Tévoédjrè a reçu plusieurs distinctions honorifiques dans l’ordre national de divers pays ainsi que la Médaille du Conseil de l’Europe, les Palmes académiques françaises et la Médaille internationale humanitaire. Il collabore activement au programme commun des Nations unies sur le sida ONUSIDA, notamment en ce qui concerne les dimensions culturelles et socio-politiques de la pandémie du Sida.

Tévoédjrè sur la scène politique béninoise dès 1990: 

Invité en qualité de personnalité à la Conférence des Forces vives de la Nation du Bénin, il a été chargé d’en présenter le Rapport général. Membre du Haut Conseil de la République, il est élu député à l’assemblée nationale en 1991. Président de la Commission des Relations extérieures, de la Coopération au développement, de la Défense et de la Sécurité, Albert Tévoedjrè a été l’un des acteurs politiques de l’opposition qui a donné du fil à retordre au président de la République d’alors, le président Nicéphore Soglo.

Machine à idées, le professeur Albert Tévoédjrè a été l’un des leaders d’opinion et homme d’influence qui a été à l’avant garde du retour du président Mathieu Kérékou au pouvoir en 1996. Il a également joué un rôle de premier plan dans l’avènement au pouvoir du président Thomas Boni Yayi en 2006.

Du 10 avril 1996 au 24 juin 1999, il a été Ministre du Plan, de la Restructuration Économique et de la promotion de l’Emploi ; assurant régulièrement l’intérim du Président de la République durant ses absences avec chaque fois délégation des pouvoirs de « Chef du Gouvernement ». Le 1er juillet 1999, il fut coordonnateur du Projet «Millénaire pour l’Afrique» qui fonctionne sous l’égide des Nations unies à travers une Commission Indépendante. De février 2003 à février 2005, il a exercé les fonctions de Représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies Kofi Annan pour assister les protagonistes de la crise en Côte d’Ivoire dans le cadre des stratégies de mise en application des Accords Kléber dits aussi de Linas-Marcoussis. Premier Médiateur de la République du Bénin en juillet 2006, le professeur Albert Tévoédjrè a décidé de se retirer de la politique avec l’âge. Devenu le frère Melchior, il s’est retiré de  toute fonction publique pour se consacrer à une vie de méditation, d’écriture de ses mémoires et autour d’un projet de tolérance religieuse.

Les points communs entre Rosine Soglo et Albert Tévoédjrè:

Le courage de leur opinion et leur combativité politique sont les traits qui rapprochent ses deux acteurs politiques de notre pays. Des références en matière de conviction politique qui doivent inspirer les jeunes qui aspirent actuellement à une carrière politique. Ce qui différencie ces deux personnalités politiques avec la classe politique actuelle, c’est qu’ils ne sont pas des faire valoir. Loin d’être des godillots, ces deux acteurs politiques hors pair ne sont pas des personnalités qui se laissent marcher sur les pieds. Aujourd’hui derrière le rideau, Albert Tévoédjro et Rosine Soglo doivent être une source d’inspiration pour beaucoup de jeunes acteurs politiques, surtout pour les femmes qui sont en train de faire leurs armes à l’assemblée nationale.

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