« Des étrangers armés » présents en Côte d’Ivoire: Henri Konan Bédié prêt à mettre le feu aux poudres

Mercredi 05 juin 2019 à Daoukro, au cours d’une rencontre tenue à l’occasion de la réception d’une délégation de son parti, Henri Konon Bédié, Président du Parti Démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) a incriminé, dans ses propos, « des étrangers armés » présents en Côte d’Ivoire. Une déclaration incendiaire à laquelle le gouvernement d’Alassane Ouattara n’a manqué de réagir.

Le gouvernement ivoirien a condamné samedi dans un communiqué des « propos d’une extrême gravité, appelant à la haine de l’étranger », tenus par l’ex-président Henri Konan Bédié, Mercredi 05 juin 2019 à Daoukro. « Actuellement, on fait en sorte que l’Ivoirien soit étranger chez lui. Mais les Ivoiriens n’accepteront jamais cela », a déclaré l’ex-président (1993-1999), selon le communiqué gouvernemental. Henri Konan Bédié, dans une vidéo diffusée sur le site internet de son parti incrimine « des étrangers armés » présents en Côte d’Ivoire. « Le moment venu, nous agirons, pour empêcher ce hold-up sur la Côte d’Ivoire sous le couvert d’orpaillage », déclare-t-il.

M. Bédié évoque aussi « d’autres (étrangers) qu’on fait venir clandestinement » et à qui « on fait faire des papiers », possiblement pour « fausser les élections de 2020 » (le prochain scrutin présidentiel). Dans un communiqué, le gouvernement ivoirien a condamné samedi ce qu’il qualifie de “propos d’une extrême gravité”, attribué à l’ancien président Henri Konan Bédié. « Cette déclaration intervient à un moment où plusieurs localités du pays sont secouées par des violences intercommunautaires qui se sont soldées par des morts, des blessés, des dégâts matériels importants, ainsi que par des déplacements de populations en détresse humanitaire », indique Sidi Touré, le porte-parole du gouvernement.

« L’instrumentalisation de la haine de l’étranger par M. Bédié et les dérives qui en ont résulté ont été à la base des différentes crises que notre pays a connues depuis le décès du Président Félix Houphouët Boigny », estime-t-il. En Côte d’Ivoire, pays dont une partie importante des 25 millions d’habitants est issue de l’immigration, la question de la nationalité est extrêmement sensible depuis une vingtaine d’années, notamment lorsqu’était apparu le mot d’“Ivoirité”.

Allié jusqu’à l’an dernier du parti au pouvoir du président Alassane Ouattara, le PDCI est depuis entré en lutte ouverte avec lui, dans la perspective de l’élection présidentielle d’octobre 2020 qui s’annonce déjà tendue.