Bénin – Crise politique: Orden Alladatin, un substitut du procureur?

Le député de l’Union progressiste, par ailleurs président de la commission des lois au parlement, sur une radio allemande, agite davantage une eau déjà trouble. Loin de calmer les esprits surchauffés suite aux événements post-électoraux, il enfonce le clou en listant nommément des boucs émissaires pendant que Patrice Talon est en course pour la restauration de la démocratie et de la paix. 

Le parti Union progressiste n’est visiblement pas disposé à aller au dialogue. Il est, peut-on se permettre de dire, dans une posture qui ne garantit pas la paix, la cohésion sociale et l’unité nationale. Se prononçant sur l’actualité politique nationale du pays, l’ancien disciple du parti de Joseph Djogbénou désormais fondu dans le baobab, n’est pas allé par quatre chemins pour nommer ceux qui ont armé les chasseurs pour venir tirer sur les forces armées à Cotonou. Orden Alladatin, défenseur ardent du régime de la rupture, connaît les commanditaires et les auteurs des tueries de Cadjèhoun.

En témoigne sa déclaration aussi péremptoire que gravissime. Abordant la question de la séquestration de l’ancien chef d’Etat Boni Yayi, le député répond sans ambages: « est-ce que nous pouvons permettre à un ancien chef d’Etat d’armer des chasseurs pour tirer contre les forces de sécurité? ». Alors que le procureur continue de faire les recoupements pour situer les responsabilités, un élu du peuple, l’un de ceux qui ont voté le code de procédure pénale, condamne déjà des présumés innocents. Cela va sans dire que la justice n’aura plus besoin d’auditionner les mis en cause si tant est que la preuve est parfaitement établie par les politiciens qui jouent désormais le rôle du ministère public dans une cour.

Alladatin contredit le gouvernement

Le gouvernement béninois, au moment des faits, a clamé urbi et orbi que les jeunes interpellés à Cotonou sont des gens recrutés d’un pays voisin pour embraser toute la ville. Quelques jours plus tard, le ministre de la santé, dans une déclaration en présence du procureur de la République, a affirmé qu’il y a eu de la drogue dans le sang des jeunes interpellés. Dans les multiples sorties du parquet, il n’a jamais été question de chasseurs armés pour affronter les forces de défense. Même le dernier cas, celui de Tchaourou qui a failli conduire à la cessation reste à clarifier. Certains ont proclamé l’intervention des chasseurs invisibles.

Police et armée incapable?

Après les différents soupçons quant à une supposée implication des chasseurs dans les émeutes de Tchaorou et de Savè, le président des chasseurs de la ville natale de Boni Yayi en a apporté un démenti formel. Dire aujourd’hui sur une radio internationale que c’est Boni Yayi, déjà en résidence surveillée, qui a pu armer les chasseurs, s’il était établi que les chasseurs sont réellement intervenus à Tchaourou et Savè, serait un aveu de l’incapacité de l’armée et de la police à surveiller un individu. Les citoyens du pays doivent alors s’inquiéter pour leur sécurité si tant est que celui qui est surveillé par un détachement armé, a pu, de sa cellule, armer d’autres chasseurs. La défaillance au niveau des forces de défense et de sécurité ne serait plus à démontrer.

Et si le juge Kodjo s’intéressait à Orden Alladatin?

Le député serait un témoin intéressant pour permettre au juge du quatrième cabinet de poursuivre ses enquêtes à l’effet de situer les responsabilités. A défaut de pouvoir écouter Boni Yayi hospitalisé, Orden Alladatin pourra assumer. Il est supposé qu’un parlementaire qui plus est juriste de son état ne peut faire des déclarations aussi incendiaires sans un minimum de preuves.

 

 

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