Bénin – Crise politique: que devient la main tendue de Patrice Talon?

Le  lundi 20 mai 2019, le Président Patrice Talon a fait une sortie médiatique pour annoncer sa volonté de mener un dialogue franc avec toute la classe politique. Cette sortie intervenait quelques semaines après la tenue des législatives controversées, suivies d’une crise post-électorale ayant occasionné des morts. Plus d’un mois après, que devient cette volonté d’aller au dialogue? Les différentes parties impliquées dans la crise sont-elles toujours disposées à se parler les yeux dans les yeux?

Depuis son message à la nation où il a tendu la main à la classe politique pour la résolution de la crise politique qui secoue le pays, le Président Patrice Talon et son gouvernement semblent être dans un mutisme qui font douter certains de la sincérité du chef de l’Etat. Ce doute avait été déjà soulevé par les partis de l’opposition qui disent avoir tiré leçon des actes posés par le gouvernement dans le cadre de la résolution de cette crise.

Mais au-delà des supputations, de façon concrète, il convient de se poser des questions sur les actes posés par le Président Patrice Talon pour donner un contenu à sa « main tendue ». L’état des lieux semble ne pas être en faveur du chef de l’Etat. De sources proches des principales forces politiques de l’opposition, aucune action n’a été concrètement menée à leur endroit pour la tenue d’un dialogue national.

Une opposition trop exigeante?

Au lendemain de l’annonce de la main tendue du chef de l’Etat, la classe politique a vivement réagi. Les partis satellitaires de la mouvance et le parti FCDB de l’opposition modérée, eux aussi exclus du processus électoral ont accepté la main tendue du Président sans autres forme  de procès. Mais du côté des partis de l’opposition « radicale », c’est un chapelet d’exigences qui a été avancé.

Pour un dialogue franc comme le souhaite le Président de la République, l’opposition exige l’annulation pure et simple des élections législatives du 28 avril 2019 tenues sans elle. En effet, malgré l’installation des députés de la 8ème législature, l’opposition refuse de reconnaître les membres de l’Assemblée nationale. Et la seule chose qui pourrait ouvrir la voie à un dialogue, c’est la reprise des élections. Une exigence qui visiblement n’a pas eu un écho favorable auprès du chef de l’Etat car pour lui, les élections sont terminées.

Le Clergé Catholique et la parenthèse de Tchaourou…

Même si le Président de la République n’a pas personnellement agi pour la concrétisation du dialogue entre acteurs politiques, le Clergé Catholique qui avait toujours proposé sa médiation pour la résolution de la crise a pris le devant des choses. Des rencontres ont été tenues avec des leaders politiques. Selon le point fait récemment par la Conférence Épiscopale, les séances d’échanges se poursuivent avec les acteurs de tous les bords.

Mises à part les démarches du Clergé Catholique, on a vu les sages et notables de Tchaourou et de Savè mener des actions pour le retour de la paix. Toutefois, il est à noter que ces actions sont liées aux derniers affrontements mortels enregistrés dans ces deux villes entre forces de sécurité publique et des manifestants.

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Un comité composé de sages et de cadres de ces villes ont rencontré le chef de l’Etat pour mettre fin à ces affrontements liés à une opération d’arrestation de présumés auteurs des violences survenues le jours des élections législatives. Dans la foulée, les manifestants ont aussi exigé la levée de siège autour du domicile de l’ancien président Boni Yayi coincé chez lui depuis le 1er mai 2019. Une exigence qui a été satisfaite quelques jours après pour permettre à Boni Yayi d’aller se faire soigner en Europe.

Le calme précaire…

Après la levée de siège autour du domicile de Boni Yayi, la tension politique s’est un temps soit peu calmée. Cette atmosphère est confortée depuis quelques jours par le brillant parcours réalisé par l’équipe nationale de football à la CAN 2019. Mais tout ceci risque bien d’être précaire si le Président Patrice Talon ne donne pas un contenu à sa « main tendue ». D’ailleurs, pour Guy Mitokpè, même si le Bénin remportait la CAN cela ne suffirait pas pour faire oublier l’atteinte à l’image de la démocratie causée par les législatives exclusives.

Ainsi, le chef de l’Etat, auteur de la main tendue devrait poser des actes concrets pour illustrer sa volonté à mettre définitivement fin à cette crise qui dure depuis des mois. Toutefois, le rôle des intermédiaires volontaires n’est pas à négliger. C’est le cas des  évêques qui travaillent pour la tenue du dialogue entre acteurs politique pour le retour de la paix.

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