Bénin – Gestion des sociétés étatiques: le privé pour suppléer le public?

Le gouvernement de la rupture, depuis son installation, s’est évertué à liquider des entreprises publiques. Certains hôpitaux ont été affermés. La gestion d’autres entreprises déléguée aux multinationales. A tour de rôle l’Etat cède ses sociétés aux privés pour devenir un spectateur au fil du temps.

Les différents audits réalisés dans les différents secteurs, audits dont un mythe entoure les résultats, ont contraint Patrice Talon et son gouvernement à prendre des mesures pour sauver ce qui peut encore l’être. C’est dans cette optique que dans les premiers mois après son investiture, le chef de l’Etat a décidé, de commun accord avec son gouvernement, de liquider la société nationale des produits agricoles (Sonapra). Plusieurs Béninois ont été contraints au chômage. Un mandataire gère depuis 2016 cette société qui était autrefois dans le giron de l’Etat. Pendant que certains diplômés errent encore dans la rue cherchant de quoi s’occuper.

Ce n’était que le début. Plusieurs autres sociétés ont reçu la dose nécessaire pour céder sous le coup des réformes. L’Onasa (Office national d’appui à la sécurité alimentaire), l’Ons (Office national de stabilisation et de soutien des prix des revenus agricoles) et la Caia (Central d’achat des intrants agricoles ont été liquidés à l’issue du conseil des ministres du 30 novembre 2016). Les travailleurs livrés à leur sort.

Après ce secteur aussi vital pour les Béninois, le gouvernement s’est attaqué au secteur sanitaire. La mauvaise gestion est à nouveau brandie pour confier les centres de santé de référence au privé. Besoin en est-il encore de préciser que cette fois il ne s’agira pas de liquidation plutôt que de l’affermage. Le champ lexical s’élargit. La gestion du port de Cotonou, quelques mois seulement après sa certification Iso, a été confiée à un gestionnaire. Même si le personnel grince les dents depuis que le Blanc a décidé de relire leur convention.

Le parc automobile de l’Etat a subi ces réformes sous une autre forme. Le leasing. C’était le vocable approprié pour doter l’administration publique en véhicules sous contrat avec le privé. Le gouvernement s’explique, à chaque changement de lexique, pour convaincre certains et laisser d’autres sur leur faim. Toujours est-il que le privé est en train de ronger le service public petitement.

En conseil des ministres ce mercredi 24 juillet, c’est le tour de la société nationale des eaux du Bénin de rejoindre les autres offices étatiques qui baignent sous le contrôle des privés. La gestion de la société pourtant récemment certifiée Iso 9001 version 2015 sera confiée à un mandataire. Ce n’est pas son frère siamois, la société béninoise d’énergie électrique (Sbee) qui va échapper à la colère des réformes qui paraît réfractaire à la gestion du personnel recruté par l’Etat.

L’école béninoise confiée à un privé ?

La rumeur fait le tour du monde. Un syndicaliste a donné l’alerte. Paraît-il que c’est la finalité des réformes en cours dans le secteur éducatif. Mais les actes du gouvernement semblent tout le contraire. Récemment, le gouvernement a nommé les membres du conseil national de l’éducation. A moins que ce conseil n’existe que de nom, le gouvernement ne pourra donc plus confier l’éducation à un privé, histoire d’améliorer les résultats. Encore que les réformes engagées portent déjà leurs fruits, au regard des résultats de 2019 aux différents examens. Toutefois, ce gouvernement donne l’impression que les cadres de l’administration publique, malgré les nombreux avantages dont ils bénéficient, sont improductifs. Et il urge de confier tous les secteurs clés du pays au secteur privé pour mieux le révéler. N’en déplaise à quiconque. Toujours est-il que la fin justifie les moyens.

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