Bénin – Haac 6è mandature: les journalistes peuvent-ils rêver?

Une nouvelle page vient de s’ouvrir dans l’univers médiatique béninois. L’équipe d’Adam Boni Tessi, la mandature de toutes les polémiques, a plié bagages. Une autre équipe vient de s’installer. Mais les professionnels des médias restent dubitatifs sur la susceptibilité de cette mandature à se départir des intrigues politiques pour mieux jouer son rôle régalien.

Rémi Prosper Moretti et son équipe ont pris officiellement les commandes pour cinq bonnes années. Ils auront, tel que le stipule la loi organique mais aussi la constitution, à réguler les médias tant du service public que du secteur privé. Elle a pour mission principale de réguler le travail des médias : presse écrite, radios et télévisions. À ce titre, elle veille à un traitement juste, éthique et professionnel de l’information, et à l’accès équitable des citoyens aux médias de service public.

Mieux, la constitution en son article 24 stipule que « la liberté de la presse est reconnue et garantie par l ‘Etat. Elle est protégée par la Haute Autorité de l’Audio – visuel et de la Communication dans les conditions fixées par une loi organique ». Mais depuis toujours, l’institution n’a jamais donné l’impression d’être un protecteur des médias. Elle joue au gendarme et ferme des organes comme si son rôle était de sanctionner ceux qu’elle devrait réguler. Le cas du Béninois Libéré sous la quatrième mandature, celui de la Nouvelle Tribune sous la cinquième en sont des évidences. Le brouillage des fréquences de radio sans la moindre réaction de l’institution s’érige en règle. La fermeture sans avertissement préalable des chaînes de télévision ont créé une dissension entre la Haac et les professionnels des médias.

Dans un climat pareil, le souhait de tout acteur des médias est de voir une équipe qui s’approprie les textes et les applique dans leur contexte. Curieusement, à la prise de service de la nouvelle équipe, le président Moretti, détenteur du pouvoir conservatoire, a annoncé les prémices d’une Haac sanctionnatrice. Dans son discours improvisé, il déclare que pour mieux faire leur travail « nous sommes ouverts au principe de la gouvernance concertée du chef de l’Etat« . Cette portion de phrase rappelle déjà des moments cauchemardesque à certains journalistes qui ont subi des représailles de l’institution par le passé. Ce principe que brandit déjà le président de la Haac peut être fatal aux médias qui ne s’aligneront pas dans la voie de la perversion médiatique.

La commission de la formation et de la documentation, pour mieux réguler les médias, aura fort à faire pour donner les armes nécessaires aux organes. Il est inconcevable de vouloir réguler des gens qu’on n’a pas formé ou contribué à former. A moins d’un miracle, cette mandature est dans la droite ligne de rééditer l’exploit des précédentes mandatures.

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