Bénin: la CCIB ou une vache à lait?

La chambre du commerce et d’industrie du Bénin (Ccib) connaît des crises profondes depuis sa création. Après une mandature, il faut inéluctablement une transition pour organiser de nouvelles élections. Les conseillers qualifiés pourtant de vertueux n’ont pu faire la différence. Le gouvernement actuel s’apprête à réorganiser la maison des hommes d’affaires après avoir chassé Satchivi et compagnie.

Les hommes d’affaires béninois sont-ils en train de donner raison à Candide Azannaï qui embouche qu’il n’y a jamais eu de vertu en affaire? Les faits semblent lui donner un blanc-seing. En effet, après le mandat du président Atao Soufinao, l’institution consulaire a connu des jours sombres. Certains ont crié au scandale dans le temps. Les soupçons ont poussé le gouvernement de Boni Yayi à confier la gestion à titre transitoire de la Ccib à Pierre d’Alcantara Zocli. Sa transition qui a duré une éternité a fini par accoucher, près de trois ans plus tard, une Ccib de tous les espoirs. Jean-Baptiste Satchivi reçoit l’onction de ses pairs et surtout du gotha politique pour s’installer dans la maison. Les opérateurs économiques ont nourri l’espoir d’une renaissance de la structure. Hélas! la fin est d’autant pathétique que précédemment. Le 6 décembre 2012, le conseil des ministres a adopté les nouveaux statuts de la Ccib en vue d’aller vers les élections.

Le gouvernement Talon s’est vu obliger de passer un coup de balai sur l’équipe de Satchivi. Des griefs certains contre sa gestion. Une équipe transitoire encore installée pour relire les textes avant les nouvelles élections consulaires. L’administrateur transitoire en a aussi pour une durée à la Zocli. Rien ne prouve qu’après cette première prorogation, son mandat ne sera pas rallongé à nouveau en janvier 2020. Éternel recommencement! il faut de nouveaux textes pour asseoir véritablement une chambre de commerce au service des hommes d’affaires. La transition devient, depuis une soixantaine d’années, la mode de gouvernance de l’institution qui est censée créer plus de richesses dans le pays.

Au-delà de nouveaux textes que le gouvernement s’apprête à brandir en vue de nouvelles élections, un audit éclabousse la gestion des différents présidents. A première vue, il paraît que la Ccib a un naturel qu’on ne peut chasser éternellement. Pierre Zocli disait en 2012 qu’il doterait l’institution d’un arsenal juridique pour lui éviter des oscillations suicidaires. Sa thérapie n’est surement pas efficace. Le régime de la rupture, allié inconditionnel des réformes, tente, lui aussi, sa chance. A l’issue du processus, un nouveau bureau directeur sera élu. A moins d’une intervention miraculeuse, cinq ans plus tard, le gouvernement à venir aura encore à tout refondre pour partir sur de nouvelles bases.

Dans ces conditions, la Chambre de commerce et d’industrie du Bénin donne l’impression qu’elle sert plus des individus que la nation. L’arsenal juridique devrait prévoir un mécanisme qui éloigne l’institution des intrigues politiques. L’immixtion des politiques dans l’élection des conseillers biaiserait le choix et encouragerait le détournement, la mauvaise gestion de l’institution. A défaut d’avoir une Ccib digne du nom, il vaut mieux la fermer pour éviter des crises cycliques.

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