Bénin – Révision de la constitution: Martin Assogba dans un mauvais rôle?

Le président de l’ong Alcrer, Martin Vihoutou Assogba, en fin de la semaine dernière, a sommé le chef de l’Etat ainsi que les députés, de tout faire pour la création d’une cour des comptes au Bénin. Alors qu’il est évident que la voie la plus indiquée pour cette réforme reste la révision de la constitution, certains se demandent si la société civile ne veut pas implicitement obliger les gouvernants à assouvir une soif longtemps non étanchée.

La révision de la constitution refait à nouveau surface. Avec la proposition de Martin Assogba, il s’aperçoit clairement que le Bénin sera contraint de toucher à sa constitution dans les tout prochains jours. Martin Assogba, désormais comparable à un activiste, fait les pieds et les mains pour se faire entendre par Patrice Talon. Pour le numéro un de l’Ong Alcrer, il urge de réviser la constitution. Il cite en exemple la France qui a révisé maintes fois sa constitution sans aucun inconvénient. Très actif désormais pour que son vœu le plus cher soit concrétisé, Martin Assogba semble oublier un passé pas trop lointain.

En effet, si Boni Yayi avait tenté sans succès de réviser la constitution courant 2013-2014, c’est parce que, croyait-il fermement, à l’amélioration du cadre institutionnel pour un sursaut économique. Trois axes phares avaient motivé la révision de la loi fondamentale, version Boni Yayi. Il s’agissait de: « la création et la constitutionnalisation de la Cour des Comptes, la Constitutionnalisation de la Cena, et l’inscription dans la Loi fondamentale de l’imprescriptibilité des crimes économiques« . Le prince de Tchaourou a défendu ce projet urbi et orbi sans pouvoir convaincre la classe politique encore moins la société civile.

Martin Assogba ravale-t-il ses vomissures ou sa mémoire est elle si courte?

Parmi les acteurs de la société civile qui ont protesté contre la réforme de l’institutionnalisation de la cour des comptes sous Boni Yayi figure en gros plan Martin Assogba. Il faisait partie de ceux qui ont proposé qu’une simple loi soit adoptée pour régler cette affaire en son temps. Mais six ans plus tard, il trouve qu’une « opération chirurgicale » s’avère indispensable pour lutter contre la corruption au Bénin. Il clame sur les plateaux de télévision que la constitution du Bénin doit être révisée parce qu’il est temps. Ce discours qui contraste radicalement avec sa position d’il y a moins d’une décennie surprend plus d’un. Soit le défenseur de la bonne gouvernance a omis ses propos d’hier ou il a décidé, pour des raisons que lui seul maîtrise, de ravaler ses vomissures.

Le Bénin a-t-il un problème texte?

Certes, le Bénin et le Mali sont les deux pays de l’espace Uemoa à ne pas disposer d’une cour des comptes. Mais, curieusement, les différents rapports de Tranparency international classe le Bénin à une bonne enseigne devant la plupart des pays disposant de la fameuse cour des comptes. Dans le top 10 des pays de l’Afrique les moins corrompus, le Bénin est premier dans l’espace Uemoa devant le Burkina-Faso et le Sénégal qui disposent pourtant des cours de comptes. Martin Assogba n’est certainement pas au courant de ce classement qui établit clairement que la cour des comptes n’est pas la panacée de lutte contre la corruption. Justifier une révision de la loi fondamentale par une institutionnalisation de la cour des comptes serait mal poser le diagnostique de la lutte contre la corruption.

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