CAN-Photographe : sur les traces de Didier Kpassassi 

Issue d’une lignée royale, Didier Kpassassi (41 ans) est un photographe béninois qui couvre depuis 2002 les plus grandes compétitions de la Confédération africaine de Football (CAF). Rencontré à Ismaïlia en Egypte à l’occasion de la CAN 2019, le natif d’Abomey nous parle de lui, de son métier, des difficultés, des avantages et autres. La photographie est une seconde femme pour Didier.

Détenteur d’un diplôme en photographie, il est reconnu mondialement comme un photographe sportif. Dans les années 2002, sa passion pour le sport, le Football en particulier lui a ouvert les portes de la CAN 2002. Tout est parti du match (éliminatoires) Togo – Angola à Lomé. En ce millésime, le jeune Didier fit la connaissance de feu Bob Assani.

C’est ce dernier qui lui a injecté le virus des CAN, nous a confié Didier Kpassassi. Dès lors, il mettait tout en œuvre pour couvrir ou être présent aux grands rendez-vous sportifs. Crédité de six CAN seniors, et plusieurs autres compétitions de jeunes, il s’annonce comme l’un des patrons de la photographie Sportive.

La photographie représente tout pour l’artiste,  » c’est ma vie, c’est ma seconde femme.« , a-t-il dit sur un ton très sérieux. Cette passion a été actée par la création d’un festival, dénommé la  » Quinzaine de la photographie  » au Bénin. L’objectif, c’est de valoriser l’art de la photographie et la découverte de jeunes photographes. Le Festival va connaître son cinquième acte en août 2019. A l’en croire, un travail de fond se fait pour inscrire ce festival au rang des meilleurs festivals de la photographie en Afrique. Son autre objectif est de créer un marché d’art contemporain autour du festival et vendre la destination Bénin.  » Quand il y a le marché, tu peux créer d’emplois et de devises.« , a-t-il expliqué. 

La découverte des cinq continents

Didier Kpassassi, grâce à la photographie a parcouru les cinq continents. En 2012, il était en Australie dans le cadre du salon international du tourisme. Lors de l’exposition universelle de Shanghai en 2010, il était au pays du « Soleil Levent« . Un pays dans lequel il est retourné  en 2017 après avoir reçu le prix de meilleur photographe en marge du concours  » Nouvel an Chinois« . Didier en 2014 était aux USA, puis en France en 2009, avec le ministre Galiou Soglo. Le jeune photographe a fait le tour de l’Europe passant notamment par la Belgique, l’Espagne, l’Allemagne,  les Pays-Bas, le Malte. Il a écumé son talent dans les grandes capitales d’Afrique.

A côté du travail, le mérite

Ces voyages, marqués par une riche bibliothèque d’images et une marque de fabrique (« Quinzaine de la Photographie « ) ne sont pas restés sans couronnement.  On retient entre autres : le premier prix de la photographie offert par l’ambassade de la Chine, la distinction de l’ONG « Zédaga« , la récompense pour le mérite de l’Association des Reporters du Togo. Le jumelage entre l’Association des photographes d’Arts du Bénin ( dont Didier est le président) et la Fédération française de l’art photographique. Ce dernier est une reconnaissance de l’étendu du travail abattu.

Un métier qui a d’énormes avantages

A en croire Didier, les avantages sont énormes.  Tu rencontres la Nature, les hommes, le beau paysage, les patrimoines matériels et immatériels. Sur une grande compétition comme la CAN, le premier avantage, c’est de nourrir l’esprit (accomplissement du rêve), c’est d’être aussi proche des décideurs du Foot africain et d’être proche des premiers acteurs que sont les joueurs. C’est un métier qui te permet de vivre comme un nomade. Tu assistes aux grands festivals, et salon du tourisme. « En un mot, c’est un métier que j’adore.« , a dit le photographe Didier.

Comme tout métier, des difficultés existent également au tour du métier de photographie.  » Moi, je n’aime pas trop parler des difficultés. J’ai l’habitude de les prendre du côté  positif.« , fait savoir Didier Kpassassi.

Conseil aux jeunes sur les grands événements

Généralement, en Afrique,  on a pas de spécialité. Le même photographe, au gré du vent est photographe mode, tantôt photographe de cérémonie, parfois photographe sportif ou bien photographe de presse. Didier invite les jeunes à surtout se spécialiser. Mais comprend que c’est pour des raisons pécuniaires que les jeunes en général sont obligés de travailler ainsi. Et ils le font bien. Car ils présentent des  » images qui parlent.« , comme le dit feu Bob Chakouri Hassani. Il invite les jeunes à être juste professionnels dans le travail, car toutes les images ne sont pas « publiables ».

Après six CAN, il y a lieu de passer la main.  »  Il nous a aidé  à avoir tout ce qu’on voulait. Avant l’obtention de l’accréditation, il était là pour nous aider à surpasser tous les problèmes professionnels sur le terrain. En tout cas, il me rappelle le doyen BOB avec qui, j’ai fait mon premier voyage. Il essayait de nous donner le positionnement, sur le terrain et bien d’autres.« , a témoigné un jeune photographe béninois pour sa première CAN en Egypte. Lors du match Maroc 1-0 Côte d’Ivoire, il y avait 80 photographes marocains. Nous ne Sommes pas aussi nombreux au Bénin sur les grands événements, alors on doit se donner la main.  » Et c’est ce que moi Didier, j’essaie de faire. « , a-t-il lancé.

Un métier qui nourrit son homme

Pour Didier Kpassassi, la photographie nourrit bien son homme. Quand tu travailles bien, tu gagnes beaucoup d’argent. Mais, le plus important, c’est d’avoir des contrats. Et ceci n’arrivent que si tu es reconnu et efficace. Au Bénin, il est difficile de reconnaître la valeur du photographe. Sous d’autres cieux, c’est une (le photographe) star. La belle preuve au festival de Cannes, au Fespaco et autres, c’est un tapis rouge qui est dressé aux photographes.

Didier N°289 en compagnie de deux photographes beninois

Une vie privée très discrète

« C’est un métier à risque », a confié Didier. A l’en croire, c’est la raison de sa discrétion et surtout pour laquelle il n’affiche pas sa petite famille sur les réseaux sociaux. Didier est bien papa, mais n’aime pas trop parler de ses enfants. Comme tout photographe de sa trempe, sa famille est la première affectée par son boulot.  Il quitte tôt et rentre tard. Et doit faire aussi avec des voyages imprévus hors du pays.  » Papa nous abandonne pour son métier. » , a confié l’un de ses enfants, rapporte un de ses amis proches.

Questions de vérités

Didier Kpassassi aime la femme. Cette dernière est un symbole, pour le Monde. C’est pourquoi il n’aime pas voir la femme souffrir. Didier est un homme ouvert, de teint clair, il a un visage souriant en compagnie de ses amis, mais seul, il a l’air soucieux et innocent. De sa démarche principale, le natif d’Abomey a un ton très imposant. Mais peut paraître doux par mesure de circonstance.

 » Votre défaut ? Je suis souvent incompris.  » , a confié le chasseur d’images. Il n’oubliera jamais le premier jour où il a eu au ministère des Sports (octobre 2007) son premier contrat. Ce jour a un goût de déclic pour lui. Cependant, il est très affecté  par la mort « prématurée » de Bob Chakouri et Jacque Roux. Leur présence selon ses dires aurait pu aujourd’hui lui ouvrir plus de portes.

A part la photographie, Didier adore fouiner dans la culture béninoise et va à la découverte des grands événements culturels ( la Ghaani,  les beaux reliefs du centre Bénin, les montagnes de l’Atacora, les palais royaux et les cultes Vodoun…).

Pour ceux qui ne connaissent pas Didier Kpassassi, il s’énerve rarement, mais quand on l’empêche de travailler, il devient furieux.  » Pour une cérémonie ou un match, tous les couloirs sont tracés d’avance. Alors si d’autres se permettent d’enfreindre les règles en se mettant dans le champ de nos objectifs,  ça m’énerve. Et quand c’est pour le travail, le ton peut hausser.« , mais cette colère ne finit que sur le lieu de travail, autrement dit de courte durée et le sourire revient.

Attaché à sa culture, par ricochet à l’art culinaire de son pays, Didier adore le  » Bomihô « , un met local du Royaume de Dahomey. Un met fait de farine de maïs, accompagné de poulets sacrifiés aux divinités locales. Il est très connu dans le centre et au sud du Bénin et prisé par les Ahôvi (princes).

Épris du vécu du feu, Cosme Dossa, célèbre photographe béninois peu connu au plan local et international, mais fin dans le travail et dont le nom rappelle les images du Dahomey et de la République populaire du Bénin (1950- 1976), Didier Kpassassi aimerait lui ressembler. Car comme le précise le site de la RFI, c’est un baobab de la photographie au Bénin qui a appris le métier par correspondance.  » C’était un professionnel, représentant de la marque Kodak au Bénin et qui avait appris la photo par correspondance. Il a laissé 15 000 négatifs et 600 positifs.« , peut-on retenir de son vécu.  » On ne peut avoir que de l’admiration et du respect pour ce personnage. Alors moi, j’ambitionne de faire mieux que lui.« , a confié le jeune Didier.

Enfin, Didier Kpassassi a tenu à remercier ses géniteurs, les frères Ahanhanzo (Delphin et Justin), les  ministres Ganiou Soglo,  Djenontin Valentin, Jean Michel Abimbola, le président Bio Tchane et Laurent Gnansounou Richard, pour leur apport dans sa carrière photographique.

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