Coopération Bénin – Niger: Mahamadou Issifou négocie l’extradition d’un opposant auprès de Talon

Le président nigérien et président en exercice de la communauté économique des états de l’Afrique de l’ouest (cedeao), Mahamadou Issifou négocie auprès de son homologue béninois, l’extradition de l’opposant Hama Amadou.

L’opposant nigérien Hama Amadou est-il toujours dans le viseur du président Mahamadou Issifou? C’est ce que semble affirmer le magazine panafricain « Jeune Afrique » dans sa parution de ce mercredi 3 Juillet 2019. « Le président nigérien Mahamadou Issoufou a fait savoir à Patrice Talon qu’il souhaitait l’extradition de l’opposant Hama Amadou, qui vit en exil entre Paris et Cotonou » peut-on lire dans cette publication. Impliqué dans une supposée affaire de trafic de bébés, il a dû fuir le Niger en Août 2014. Condamné par contumace à 1 an de prison en Mars 2017, il vit depuis son exil entre la France et le Bénin.

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Dans la même publication, le président Patrice Talon aurait exigé de l’opposition nigérien de s’abstenir de toute déclaration publique hostile aux autorités nigériennes, sous peine d’être expulsé. Il aurait même informé son homologue nigérien qu’il a obtenu le silence du leader de l’opposition en exil à Cotonou. Mais cette recommandation du président béninois n’empêche pas l’opposant nigérien de s’activer politiquement à travers plusieurs rencontres politiques qu’il organise à travers différentes villes.

Hama Amadou visé par une autre procédure judiciaire: 

En dehors de l’affaire de trafic de bébés dans laquelle il a été condamné par contumace, l’ancien président de l’assemblée nationale du Niger, Amadou Hama est également visé par une autre procédure judiciaire. Il a en effet déclenché la colère du ministre de la Défense qui a annoncé son intention de «  saisir le procureur de la République en vue de l’ouverture d’une enquête pour propos diffamatoires et de nature à porter atteinte au moral et à la cohésion des forces de défense et de sécurité « . L’opposant nigérien avait en effet déclaré le dimanche 21 mai 2019, au détour d’une rencontre avec des militants de son parti, Moden Fa Lumana, à Istanbul, en Turquie:  » Ce gouvernement profite du problème d’insécurité pour délibérément envoyer à la mort une certaine catégorie de soldats nigériens délibérément, je le dis à haute et intelligible voix , s’ils ne prennent pas des mesures pour les radier, simplement, des listes de l’armée pour des motifs les plus absurdes, souvent ». Des déclarations qui ont fait mauvais effet auprès des autorités nigériennes.

Au sein du ministère de la Défense,  Hama Amadou est soupçonné de vouloir opposer des ethnies. Sa déclaration voudrait dire que les militaires tués étaient toujours des Djerma, ethnie dont il est issue.

L’opposant Hama Amadou a des ambitions pour 2021: 

La requête du président nigérien à son homologue béninois serait sans doute la conséquence de l’activisme débordant de l’opposant nigérien ces derniers temps. En effet, le chef de file de l’opposition nigérienne était le 12 mai 2019 au Ghana et dimanche dernier en Turquie où il est allé rencontrer ses militants et a clairement réaffirmé sa volonté d’être candidat à la présidentielle de 2021. Condamné à un an de prison ferme pour une affaire de trafic international présumé de bébés, un dossier jugé politique par ses avocats, Amadou Hama multiplient des rencontres politiques pour rester présents dans l’esprits de ses militants. C’est ainsi qu’il initie des rencontres politiques avec la diaspora nigérienne se présentant comme une alternative crédible au régime en place, alors qu’il n’est pas en mesure actuellement d’entrer dans son pays. En effet, depuis trois ans, il partage sa vie entre la France et le Bénin où réside une de ses épouses. Au-delà de sa volonté politique, pourrait-il être candidat, malgré sa condamnation ? Le président béninois pourrait-il répondre favorablement à la requête de son homologue nigérien? Seul le temps nous édifiera.

Retour sur la vie de Hama Amadou: 

Né en 1949, Hama Amadou est un homme politique nigérien, Premier ministre du Niger de 1995 à 1996, puis de 2000 à 2007. Il a également été secrétaire général du Mouvement national pour le développement de la société (MNSD-Nassara) de 1991 à 2001 et président du MNSD-Nassara de 2001 à 2009. Amadou appartient au sous-groupe des Kurtey, les Fula , et a grandi dans la région de Tillaberi, dans la vallée du Niger, au nord de Niamey.

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À la suite d’allégations de corruption contre son gouvernement, il a été démis de ses fonctions de Premier ministre par un vote de censure en 2007 à l’Assemblée nationale. En 2008, il est devenu la cible d’une enquête pour corruption qui l’a arrêté pour faire face à des accusations criminelles devant la Haute Cour de justice du Niger et démis de ses fonctions de président du MNSD.

Amadou a été président de l’Assemblée nationale du Niger de 2011 à 2014. Il a été élu à ce poste en tant qu’allié du président Mahamadou Issoufou, mais en 2013, il est entré dans l’opposition. Il a fui le Niger en août 2014 pour échapper à une arrestation pour des accusations liées à une enquête sur le trafic de bébés. Sur ces accusations, Amadou a été condamné à un an de prison, en mars 2017, par la Cour d’appel de Niamey et fut jugé par contumace à 1 an de prison ferme.