[Enquête] Homosexualité : plus de 300 transgenres déjà existants au Bénin

L’affirmation de son identité sexuelle fait son apparition, petit à petit, dans la communauté béninoise. Tandis que les textes de la République sont toujours muets sur le sujet et que l’éducation socio-traditionnelle l’interdit à tout prix, des gens optent désormais de plus en plus pour une orientation sexuelle socialement peu recommandée au Bénin. Selon une étude réalisée par Plan international Bénin, la communauté LGBTQ comporte aujourd’hui plus de trois cent (300) personnes transgenres sur tout le territoire national.

Avant de présenter les quelques extraits statistiques de cette enquête, il convient de définir ce qu’est réellement un transgenre. Le mot transgenre, d’origine anglaise (transgender) a parfois une définition qui donne lieu à de controverse. Mais de manière très courante, le mot « transgenre » est utilisé pour faire référence à l’ensemble des personnes qui ressentent et/ou qui vivent une identité de genre en contradiction avec ce qui est socialement ou culturellement attendu en fonction du sexe biologique à la naissance.

[su_heading size= »17″]A lire aussi : L’homosexualité va-t-elle rester un crime au Kenya ? report de la décision de justice [/su_heading]

Suivant le rapport final de l’analyse de la situation des transgenres en matière de l’infection à VIH/Sida au Bénin (le nom complet du rapport), trois cents quarante et une (341) personnes transgenres ont été recensées. Trois cent-cinq (305) sont de sexe biologique masculin, trente-quatre (34) de sexe biologique féminin et deux (2) hermaphrodites (des personnes possédant des caractéristiques internes et/ou externes à la fois mâles et femelles). Dans ce lot, seulement quatorze (14) transgenres sont âgés de moins de 15 ans et tout le reste au-delà de 15 ans.

Daniel (nom d’emprunt pour des raisons de sa sécurité) est transgenre de sexe biologique féminin. Ce lundi 24 juin 2019, nous l’avons rencontré dans un quartier de Cotonou, un des lieux de sa communauté. Habillée en jean bleu, Daniel laisse voir son sous-vêtement du haut à travers les boutons non fermés de sa chemise noire. Elle a soigneusement entretenu ses baskets en cuir rouge vif et elle a fait une coupe de cheveu qu’elle a dissimulée dans sa caquette noire. Gérante dans une société de quincaillerie dans la ville de Cotonou, Daniel, 28 ans, dit avoir retrouvé cette identité comportementale à l’âge de 13 ans, l’année où elle passait en deuxième année au cours secondaire. « J’ai une fiancée, Arlette (un autre nom d’emprunt) aussi transgenre mais de sexe biologique féminin tout comme moi. Nous nous entendons bien mais notre relation n’est connue, pour l’instant, que par les membres de notre communauté. En public, nous nous affichons certes, mais seuls les ‘initiés’ sont capables de le deviner », nous a déclaré  Daniel au sujet de sa vie de couple. Célibataire et toujours sans enfants, Daniel est confrontée, tout comme nombre des personnes de sa communauté à l’éternelle problématique d’annoncer son orientation sexuelle à ses amis, parents et collègues de service.

Daniel est FtM qui désigne en Anglais, « Female to Male » tout comme sa fiancée. Et selon l’étude sur les transgenres au Bénin, près de 10% des femmes interviewées sont des FtM et neuf transgenres sur dix (89,6%) sont des MtF (Male to Female), donc des hommes en transition vers le sexe féminin. A 84,4%, ces personnes sont des célibataires.

[su_heading size= »17″]A lire aussi : Homosexualité: la fille de Jackie Chan s’est mariée à la Canadienne Andi Autumn (vidéo) [/su_heading]

Dans un entretien téléphonique exclusif que nous avons réalisé avec le président de l’Association des LGBTQ du Bénin, A. A. signifie que le Bénin doit « impérativement se doter des instruments législatifs nécessaires afin de non seulement reconnaître la communauté et d’accepter ses membres, mais de préserver les droits de toute personne ayant une orientation sexuelle différente du commun de l’opinion publique ». Il a tout de même annoncé que des démarches sont en cours pour cette fin au grand soulagement des membres de la communauté LGBTQ du pays. « Nous disposons des membres bien instruits travaillant dans de grandes administrations du pays et ils y s’y attèlent », a-t-il souligné.

Selon le rapport, la moitié (50,3%) des transgenres a le niveau du secondaire, un peu plus du tiers (37%) le niveau du supérieur et le dixième (9,1%) le niveau du primaire.  En ce qui concerne la situation professionnelle des enquêtés, un peu plus du tiers des transgenres sont des étudiants/élèves (37,0%). Ils sont suivis des employés restaurant/Hôtellerie (14,0%), de petits commerçants/revendeurs (13,6%), et des artisans (8,4%). D’autres professions (ouvrier, enseignant, artiste, employé de bureau, corps habillés…) ont été également enregistrées mais dans des proportions plus faibles (inférieures à 5%).

[su_heading size= »17″]A lire aussi : Brunéi: le sultan Hassanal renonce à la peine de mort en cas d’homosexualité et d’adultère [/su_heading]

En attendant de revenir sur la question avec une production spécifique, il convient de signaler que Daniel, transgenre, de sexe biologique féminin, évoque qu’elle a vécu dans un foyer monoparental étant donné que ses parents ont divorcé alors qu’elle avait trois (3) ans à peine. Et tout comme Daniel, 19,8% des transgenres disent n’avoir pas vécu avec leurs parents. Plusieurs autres facteurs sont énumérés dans ce rapport d’étude et nous y consacrerons une large part dans nos prochaines publications.

Les commentaires sont fermés.

Ce site Web utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que vous êtes d'accord avec cela, mais vous pouvez vous désinscrire si vous le souhaitez. Accepter En savoir plus