Komi Koutché: « De loin, Marcel donnait l’impression d’une personne compliquée… »

L’ancien ministre de l’économie et des finances, Komi Koutché a rendu un vibrant témoignage à son ex collègue, le ministre Marcel de Souza, décédé ce mercredi 17 Juillet 2019 des suites d’un arrêt cardiaque.

Des témoignages pleuvent depuis ce mercredi 17 Juillet 2019 où la mort subite de l’ancien président de la commission de la communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cedeao), Marcel de Souza a été annoncée. L’ancien ministre de l’économie, des finances et des programmes de dénationalisation , le ministre Komi Koutché n’est pas resté en marge des hommages rendus à l’illustre disparu.

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Dans une publication sur sa Page Facebook, il fait le témoignage des rapports d’étroites collaborations qu’il a eus avec celui qu’il appelait affectueusement « Fofo Masso ».  » je garde de Marcel de Souza de grands souvenirs, » peut-on lire dans son témoignage. Les deux hommes se sont connus dans le gouvernement du président Thomas Boni Yayi. Dès lors, s’est établie entre eux une affectueuse relation fraternelle.  » Marcel que j’appelais affectueusement “fofo Masso” me tenait presque par les bras à l’instar du père qui a amené son fils à l’école pour la première fois, » affirme-t-il. Une relation fraternelle doublée d’une relation de franche collaboration. « De loin, Marcel donnait l’impression d’une personne compliquée. Mais de près, il reste un homme de grande humilité, de contact et de cœur » témoigne-t-il.  Lire ci-dessous, le souvenir qu’il a gardé d’un homme qu’il a longtemps côtoyé dans le cadre professionnel.

Témoignage de Komi Koutché sur Marcel de Souza: 

Je garde de Marcel de Souza de grands souvenirs.
Mes premiers contacts proches avec lui ont eu lieu quand je suis entré au Gouvernement et notamment au moment où j’ai été appelé au poste de Ministre de l’Economie et des Finances. Les souvenirs qui retentissent dans ma tête sont ceux de mes premières participations aux réunions statutaires des organisations régionales et internationales partenaires du Bénin. Marcel que j’appelais affectueusement “fofo Masso” me tenait presque par les bras à l’instar du père qui a amené son fils à l’école pour la première fois.

Il me présentait aux acteurs clés avec qui j’étais appelé désormais à travailler non seulement en tant qu’aîné dans ce monde mais en tant que Barron du monde financier. A chaque pas, il me disait quoi faire. Mes souvenirs, ce sont également ses appels à chaque veille de voyage pour une réunion statutaire à laquelle il sentait que l’agenda gouvernemental ne me permettait pas de participer.

Il me demandait alors d’envoyer ma procuration et il me représentait. Il émargeait à ma place et m’envoyait mes primes aussitôt rentré au pays. De loin, Marcel donnait l’impression d’une personne compliquée. Mais de près, il reste un homme de grande humilité, de contact et de cœur. Parlant de son humilité, je me souviens encore d’un de ses actes qui m’avait, une fois, mis mal à l’aise lors d’un séjour à Washington dans le cadre des assemblées annuelles du FMI et de la Banque Mondiale.

Alors que nous devrions préparer un soir une rencontre prévue pour le lendemain avec le FMI, je m’apprêtais après le dîner à me rendre avec mes collaborateurs dans sa suite. Mais que ne fut ma surprise quand le téléphone de ma chambre sonna et c’était Marcel qui demandait si j’étais déjà en chambre. Aussitôt après avoir raccroché, je le vois débarquer avec tous ses collaborateurs. Je me suis retrouvé mal à l’aise et je lui ai dit “fofo Masso, c’est chez vous la réunion”. Il me répond avec son sourire habituel “MEFPD, c’est toi l’homme du dossier”.

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On a fait la réunion et malgré son expérience, il m’avait laissé prendre le lead de la rencontre le lendemain et ne faisait que compléter des aspects qu’il jugeait utile d’ajouter. Il nous est arrivé d’avoir lui et moi des affrontements d’idées sur certains dossiers d’Etat lors des Conseils des Ministres. Mais je trouvais toujours le moyen à la fin de chaque incident de me rapprocher de lui. Dès que je m’approchais de lui, à peine avions-nous commencé par mon “fofo Masso” habituel qu’il me disait “Komi ne t’en fait pas. Ça c’est passé”. Mais quand il sentait que j’avais raison, il me disait “excuses moi, il faut maintenant qu’on se parle toi et moi avant le
Conseil”.
Mon dernier contact avec lui remonte à avril 2018 à Abuja. En mission avec une délégation américaine venue assister à un forum économique, je l’avais rencontré avec son épouse à l’hôtel Hilton. Il s’était moqué de moi avec son humour habituel “avec tous les coups que tu reçois tu es encore si en forme? Quel est ton secret?”. Je lui ai répondu “fofo Masso, mon secret c’est tout ce que tu m’as enseigné”. Il s’était mis à rire. On est resté quelques minutes encore à causer et on s’était séparé. Je ne savais pas que, plus jamais je ne le reverrai.
Paix à son âme et que Dieu veille sur sa postérité. Marcel était pour moi un fofo et un conseiller.

Komi KOUTCHE.

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