Bénin: après le parlement, « les 77 mairies aux couleurs de la rupture » en téléchargement

Le Bénin s’apprête à organiser au premier trimestre de l’année 2020 les élections communales et locales. A ce jour, aucun parti de l’opposition n’est juridiquement en mesure de se présenter à ces élections qui consacrent également le choix des conseillers locaux. Sauf compromis de part et d’autre, on s’achemine petitement vers une autre élection à polémiques.

L’histoire risque de se répéter dans moins de huit mois. Il sera procédé, à moins d’une décision politique, au renouvellement des conseils municipaux, communaux et locaux au premier trimestre de l’année 2020. Ceci en respect de la loi 2018-31 du 3 septembre 2018 portant Code électoral en République du Bénin. Mais curieusement, aucun parti de l’opposition n’est en mesure de présenter une liste de candidature. La raison est désormais un secret de Polichinelle. Le certificat devant permettre à toute formation politique d’avoir une personnalité juridique reste la pomme de discorde entre les leaders desdits partis et l’administration.

Écartés des consultations législatives du 28 avril 2019, les partis de l’opposition ont espéré une dissolution du parlement monolithique en vain. Aucun d’eux n’a pu obtenir le précieux sésame pour prendre part aux compétitions électorales. Des pourparlers, à l’initiative du chef de l’Etat, ont été engagés pour trouver un terrain d’entente. Curieusement, ils ont connu ou sont en train de connaître une si triste fin. Au lendemain de la rencontre de la Marina, Patrice Talon a instruit le ministre de l’intérieur, Sacca Lafia, à l’effet de délivrer les récépissés provisoires puis définitifs aux partis demandeurs. L’espoir a gagné les cœurs des militants et sympathisants. Quelle ne fut leur déception quand quelques jours plus tard, ils apprennent des conditions posées par le ministre avant de libérer les documents administratifs!

La course contre la montre

Certains partis, n’étant pas concernés par les nouvelles exigences de l’autorité, ont fini par rentrer en possession de leur certificat de conformité ou récépissé définitif selon le cas. Il n’en demeure pas moins qu’ils sont tous de la mouvance présidentielle. Ceux de la gauche, les plus radicaux comme on les qualifie, sont toujours dans la tourmente. Faut-il écarter de la coordination les membres influents qui impactent, qu’on le veuille ou non, la vie des partis dans l’espoir d’obtenir une existence juridique? C’est là toute la problématique. Si certaines formations ont pu harmoniser leur point de vue, d’autres continuent de s’entre-déchirer sur la conduite à tenir. Or, les élections communales, les plus importantes pour un parti politique sérieux et représentatif, pointent à l’horizon. Si rien n’est fait pour qu’à tout le moins un seul parti politique se réclamant de l’opposition dépose sa liste de candidature, alors le régime de la rupture va s’accaparer des pouvoirs à la base. Les invectives et menaces à n’en point finir seront tel une plantation dans un désert.

Et si Patrice Talon coupait la poire en deux?

Le chef de l’Etat est, dans le contexte actuel, le seul détenant la capacité de convaincre son ministre de l’intérieur à faire fi des exigences auxquelles il tient jalousement. Patrice Talon, pour réaffirmer sa bonne foi, peut se surpasser en se passant de la fermeté de Sacca Lafia pour délivrer, à titre exceptionnel, les récépissés aux partis concernés. Cela, loin d’une faiblesse de l’Etat, grandit le pays. Il ne coûterait rien d’ignorer intentionnellement la logique dans certaines situations juste pour sauver son honneur et celui de tout un peuple. Autrement, la prophétie de Nourou Dine Saka Saley sera concrétisée.

 

Les commentaires sont fermés.

Ce site Web utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que vous êtes d'accord avec cela, mais vous pouvez vous désinscrire si vous le souhaitez. Accepter En savoir plus