Bénin: quand la police républicaine inspire méfiance et indiscrétion

La police républicaine semble ne plus être la grande muette comme le pensent certains. Depuis quelques lustres, des informations censées être la chasse gardée des hommes en uniformes se retrouvent dans la rue. Les populations s’en servent pour manifester, à tort ou à raison. 

Soumaïla Yaya, le tout nouveau directeur général de la police républicaine doit discipliner sa troupe. Plusieurs faits vécus ces derniers jours donnent l’impression que la police républicaine est tout sauf l’allié de la discrétion. Le dernier cas en date est l’affrontement meurtrier qui est loin de connaître son épilogue dans la ville de N’dali. Tout est parti, à en croire les informations recueillies çà et là, d’une fuite d’informations. Un présumé braqueur qui aurait avoué être de la bande qui a étranglé, il y a deux semaines, un honnête citoyen dans le Borgou. Ce qui a suscité l’indignation des populations qui ont voulu se faire justice dans un Etat de droit.

Si l’attitude des populations est à déplorer, il ne faut pas perdre de vue la situation initiale qui a conduit à l’assassinat de trois vaillants hommes. Comment les populations ont-elles fait pour avoir accès au procès verbal d’audition du présumé braqueur? Qui a filé l’information relative aux déclarations du présumé chenapan aux conducteurs de taxi-moto? L’informateur semble être le premier coupable dans cette affaire. Etant donné que l’audition par un officier de police judiciaire ne se fait jamais en public mais dans un bureau, il y a lieu d’interroger celui qui a conduit l’audition du présumé malfrat quant à la fuite de l’information. Certes, il faut éduquer les populations à la citoyenneté et au respect des lois de la République. Mais quand ceux qui sont censés prendre de la hauteur en gardant certains secrets professionnels se donnent à diffuser tels des ondes, il y a de quoi s’inquiéter pour l’avenir.

Le cas de N’dali n’est qu’une partie visible de l’iceberg. Les hommes de rang semblent perdre les bonnes habitudes depuis peu. Il y a lieu, au-delà des efforts pour un retour à la paix dans la région septentrionale, taper du poing sur la table pour éviter que d’autres fonctionnaires de police n’emboîtent les pas aux incompétents ou complices de la population. Il ne faut pas non plus omettre l’amateurisme qui caractérise parfois les hommes en uniforme.

Les braqueurs dictent leur loi dans toutes les contrées du pays alors que sur les plateaux de télévision, les flics n’hésitent pas à dire que l’insécurité a reculé. Cette guerre de communication peut aussi amener certains citoyens à prendre leur responsabilité. La disparition mystérieuse d’un voleur de mouton samedi dernier à Gbodjè alors que la population l’a confié à une équipe de patrouille peut en être aussi une source de méfiance des populations vis-à-vis des policiers.

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