Poème en l’honneur de l’armée d’Afrique libératrice de la France en 1944

Il y’a 75 ans, les tirailleurs africains libéraient la Provence( une région du sud-est de la France située à la frontière de l’Italie et au bord de la mer Méditerranée). Le 15 août 1944, l’opération Dragoon co-dirigée par la France et l’Amérique en Provence a été lancée. Ce débarquement en Provence qui reste moins connu, revêt pourtant une importance stratégique, et aussi symbolique pour la France. L’objectif? Prendre l’Allemagne en tenailles. 

Sur les quelque 400 000 soldats qui ont participé à l’offensive provençale, on en décompte pas moins de 250 000 sous les couleurs de la France venus majoritairement d’Afrique: tirailleurs sénégalais et algériens, goumiers et tabors marocains, pieds-noirs, marsouins du Pacifique et des Antilles… :« Chasseurs d’Afrique, goumiers, tabors, spahis, tirailleurs, zouaves, ils ont été les inlassables artisans de la victoire. », tels sont les propos de Jacques Chirac alors président de la France qui rendait hommages aux soldats africains en 2014.

A cette 75ème célébration de la commémoration du débarquement de l’Armée d’Afrique sur les côtes de la Provence, nous vous proposons un poème en l’honneur de ces soldats libérateurs de la France  en 1944, écrit par Mme Riche-Muller à Sigolsheim où se trouve une nécropole nationale militaire.

 

« Afin que nul n’oublie »

Au pied des monts bleutés, en un site historique
Il est une colline où flottent nos couleurs.
Endormis à jamais, abattus loin des leurs
C’est là que sont tombés ceux de l’Armée d’Afrique…
Alignés sous la Croix ou la Stèle hébraïque,
Arborant le Croissant du soldat musulman,
De modestes tombeaux témoignent de ce sang
Que versèrent pour nous ceux de l’Armée d’Afrique…
Et sur ce tertre obscure, morne et mélancolique,
Ils ne sont pas tous là : les autres, par milliers,
Ont jalonné de gloire en usant de leurs souliers
La route de l’Honneur, chère à l’Armée d’Afrique…
Quand ils ont débarqué, courageux, magnifiques,
Venus de Kabylie, d’Alger, venus d’Oran,
De Tunis, ou Rabat, de Dakar, d’Abidjan,
Ils étaient de chez nous, eux de l’Armée d’Afrique!
Ils s’appelaient Muller, Krauth ou
Bou-Haiche, Fernandez, Ouadi, Ginart ou bien Dardour
Ayant pour idéal de planter sur Strasbourg
Leurs drapeaux glorieux, ceux de l’Armée d’Afrique!
A leurs rangs s’ajoutait le peuple nostalgique
Ayant perdu la France en fuyant l’étranger
Qui dans «Rhin et Danube» accourait s’engager
Fiers de rejoindre aussi ceux de l’Armée d’Afrique…
Leurs grands chefs égalaient les Héros de l’Attique
C’étaient Juin et Leclerc, de Lattre ou Monsabert,
C’étaient Giraud, Valin, Brosset, de Boislambert,
Qui menaient au combat ceux de l’Armée d’Afrique…
Ils ont rétabli Rome en sa grandeur antique
On les a vus à Sienne, à Monté Cassino.
Dans la neige et le froid du Garigliano,
Dans Mulhouse et Colmar, ceux de l’Armée d’Afrique…
Après avoir vécu l’Aventure Homérique
Quand ils ont défilé sur les Champs Elysées
Les foules en délires étaient électrisées.
Et Paris acclamait ceux de l’Armée d’Afrique
Mais tant d’autres sont morts, en n’ayant pour musique
Que la voix du canon et la plaine du vent…
Passant, près de ces tombes arrête-toi souvent
Prie et recueille-toi ; là dort l’Armée d’Afrique.

Mme Riche-Muller de la Société des Gens de Lettres.
*Poème publié par une revue réalisée en 1994 par l’Association des Anciens combattants du Corps Expéditionnaire Français en Italie Toulouse Midi-Pyrénées en partenariat avec le Conseil Régional Midi-Pyrénées, le Conseil Général de la Haute Garonne et le Rectorat et l’Inspection Académique.

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