Bénin: la disparition des partis politiques de l’opposition actée?

Les partis politiques de l’opposition risquent de disparaître définitivement sur l’échiquier politique national. Depuis l’avènement des réformes politiques, il devient de plus en plus difficile pour certaines formations politiques d’avoir une personnalité juridique. Tous les espoirs au lendemain des législatives d’avril 2019 sont en train de s’écrouler au fil des jours pour ces partis.

Le chef de l’Etat vient de modifier légèrement son équipe pour mieux affronter les prochaines élections municipales, communales et locales. Ce remaniement beaucoup plus politique que technique était le carrefour de tous les espoirs pour certains partis politiques, ceux de l’opposition radicale en particulier. En effet, depuis le début de la crise, tout le malheur des partis de l’opposition, notamment les Forces cauris pour un Bénin émergent (Fcbe), l’Union sociale libérale (Usl) et le parti communiste du Bénin (Pcb) demeure le ministère de l’intérieur. C’est ce ministre qui est habilité à délivrer le récépissé provisoire puis définitif aux partis en règle.

Les micmacs de Sacca Lafia ont empêché l’opposition, en dépit de la volonté apparente du chef de l’Etat, de les voir participer aux élections législatives. Les autres partis qui se réclament de la mouvance présidentielle, excepté l’Union démocratique pour un Bénin nouveau (Udbn), ont reçu l’onction du ministre de l’intérieur pour aller aux élections. La Commission électorale en a bloqué certains pour diverses raisons. Les élections historiques ont fini par avoir lieu rien qu’avec les deux partis du chef de l’Etat. Patrice Talon, dans un message télévisé le 20 mai 2019, a annoncé ses intentions de corriger le tir. L’espoir renaît. Pour coller à sa parole, il convoqua tous les partis n’ayant pas obtenu leur sésame pour une rencontre de vérité.

Patrice Talon verrouille la porte de sortie

A la rencontre du lundi 15 juillet, les forces de l’opposition ayant déposé les dossiers avant les législatives et le chef de l’Etat avaient des avis divergents sur l’ordre du jour, ils ont pu s’accorder sur un délai d’une semaine pour octroyer une personnalité juridique à ces partis-là. Puis le lendemain, Sacca Lafia, ministre de l’intérieur, brandit une liste des conditions à remplir avant de se voir attribuer le fameux récépissé. Dans le lot, Fcbe de Boni Yayi et Usl de Sébastien Ajavon voire le Pcb sont les plus en vue. Depuis lors, rien n’a bougé. Le comble, Patrice Talon, dans son nouveau gouvernement, a maintenu le ministre de l’intérieur qui a créé tant de soucis aux partis de l’opposition. Ce qui sonne comme une manière de l’encourager à continuer sur la même lancée. Sacca Lafia, rigoureux et vindicatif, sauf miracle, ne délivrera pas le récépissé aux partis s’ils ne se conforment à ses exigences.

La médiation de l’église catholique en veilleuse

Bien avant le remaniement ministériel qui a semblé sceller le sort de l’opposition, il y a eu la médiation de l’église catholique. Au cours de la messe mariale à Dassa-Zoumè, les évêques ont exhorté les fidèles à prier pour le pays. Cela parce que la crise est profonde. Mais en réalité, ils avaient émis le vœux de rencontrer le chef de l’Etat pour lui faire le point des doléances recueillies auprès de l’opposition. Les deux courriers envoyés au Palais de la Marina sont demeurés lettre morte. Ils espèrent une rencontre avec le locataire de la Marina avant leur prochaine session en octobre. Faute de quoi, la médiation aura du mal à se poursuivre.

Vers la disparition inévitable des partis de l’opposition

Rien ne présage de ce que les forces de l’opposition soit autorisées à prendre part aux prochaines élections municipales, communales et locales. A sept mois environ de ces joutes, Fcbe, Usl, Pcb et dans une certaine mesure Restaurer l’Espoir ne peuvent nourrir l’espoir qu’ils prendront part à ces consultations. Or, deux élections aussi importantes de rater pèsent énormément sur le parti. Pas de représentant à l’Assemblée nationale ni dans les conseils communaux. Les partis seront fragilisés et disparaîtront d’eux-mêmes. Espérer la présidentielle de 2021 devient dans ces conditions une utopie pour ces partis. Patrice Talon remettra alors le pouvoir, s’il veut tenir parole et faire un seul et unique mandat, sur la cendre des partis autrefois bien ancrés dans toutes les communes, à un dauphin très paisiblement.

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