Bénin : l’alternative des jeunes pour une employabilité

L’éternel problème d’employabilité continue de gangréner la société béninoise. Les efforts des dirigeants à divers niveau peinent à assurer une jeunesse sans emploi et en proie au chômage. Face à ce manque criard, des jeunes ont opté pour une alternative qui leur procure une garantie professionnelle.

C’est une problématique cruciale dans la politique des dirigeants des Etat du monde. Et ceux d’Afrique n’en sont malheureusement pas épargnés. Comme on pouvait s’en rendre compte, un gouvernement ne peut, à 100%, garantir d’emplois à tous les fils et filles de sa nation. On note certes une forte croissance régionale ces deux dernières années, mais elle peut-être malheureusement fragilisée par le chômage des jeunes. Alors même que cette croissance surtout des jeunes devrait être un atout considérable pour le développement du pays, mais hélas. Conscients de l’intérêt de l’entreprenariat et son apport dans le développement sociocommunautaire, des jeunes s’unissent pour sortir de cette spirale des « sans emplois ».

A lire aussi: Bénin ; Montée des eaux du fleuve Niger: 16 villages crées pour reloger les zones à hauts risques

Avant tout développement, il convient de clarifier ce qu’on entend par employabilité. Ce mot désigne la capacité individuelle à se maintenir en état de trouver un autre emploi que le sien. Et naturellement, cette capacité fait appel à la fois au bagage accumulé d’expériences et de compétences utiles dans son métier actuel ou ailleurs, à la volonté d’anticipation et à l’autonomie que chacun doit manifester pour prendre le dessus d’une situation de changement, à la largeur de l’information et du champ de vision dont il dispose pour orienter ses choix.

Au Bénin, dans le Programme d’Action du Gouvernement (PAG) pour son quinquennat présidentiel, le Chef de l’Etat Patrice Talon a mis un accent particulier sur l’emploi des jeunes et des secteurs ont été ciblés afin de concrétiser une telle ambition au sommet de l’Etat. Malgré les efforts qui sont quotidiennement déployés pour l’atteinte de cet objectif qui permettra, à n’en point douter, de soulager les jeunes et de les sauver de cette jungle de sous-emploi ou du chômage, des études des différentes institutions montrent que le taux galope toujours.

Africa's Development Dynamics 2018
Africa’s Development Dynamics 2018

Selon le rapport de la commission économique pour l’Afrique du programme des Nations unies, le taux de sous-emploi est de 72% et le secteur agricole qui représente environ 32% du Produit intérieur brut (PIB) génère 45% des emplois. Suivant toujours ce rapport, le taux de chômage est de 2,6%. Face donc à la congestion du marché du travail formel, les jeunes se tournent vers le secteur informel. Ce secteur emploie au Bénin 93% des actifs du pays.

Rodolphe est un diplômé sorti de l’Université d’agriculture de Kétou, promotion 2016. Conscient de la problématique de l’emploi dans le pays et ayant aussi compris l’enjeu de l’employabilité, il s’est associé à deux de ces promotionnaires en créant le groupe « des jeunes ambassadeurs de l’agriculture diversifiée ». Au départ, témoigne Rodolphe, les bourses d’étude dont ils bénéficiaient ont été domiciliées dans une structure bancaire. Cette somme a constitué le capital qui a permis au trio de démarrer les activités avec l’achat d’un domaine exploitable de  deux hectares dans la commune de Pobè, dans le département du plateau, une localité située à 2h environ de route de Porto-Novo.

« C’est également de cette somme que nous avons pu acquérir le matériel nécessaire pour le démarrage effectif de nos travaux maraîchers et surtout de pisciculture », a-t-il soutenu.

Après un (1) an de gestion de cette ferme, le trio dispose aujourd’hui plus de six (6) hectares de terre exploitable sur lesquels il mène ses activités. L’ambition selon Rodolphe, c’est de disposer d’une ferme de référence en matière de la production bio des produits maraîchers et d’élevage de poissons en eaux douce. Suivant toujours son récit, cette activité que mène le trio a permis à chacun d’eux de disposer d’une parcelle habitable où deux d’entre eux, ont déjà construit et le troisième en construction. Des revenus qui leur permettent également de faire face aux autres charges dont ils sont quotidiennement confrontés.

Loin de Pobè et à quelques encablure de Cotonou, dans la commune de Sèmè-Podji, Etienne, mécanicien auto, Elisée, électricien auto et Jean, vulcanisateur, se sont réunis pour ouvrir un grand atelier professionnel où chacun intervient dans son domaine selon la panne qui amène le client. Grâce à ce travail concerté et cet esprit d’équipe, Etienne affirme qu’il ne paie qu’une seule patente, un seul impôt de la mairie et les taxes ne se calculent que sur le seul atelier qui est d’ailleurs un trois en un. « Ce qui nous permet de faire plus d’économie et de subvenir à nos besoins vitaux et ceux de nos familles respectives », a renchérit Jean.

Rapport Africa's Development Dynamics 2018
Rapport Africa’s Development Dynamics 2018

Le secteur de l’agriculture est toujours à l’étape rudimentaire et les moyens utilisés sont toujours archaïques. Une situation qui ne permet malheureusement pas l’autosuffisance alimentaire malgré les efforts des agriculteurs. Et pour accompagner ces derniers, un autre trio composé de René Hountondji,  Edgar Djenontin,  Prosper Doko ont pensé et inventé Aglo Bénin qui est une plateforme mobile de suivi des agriculteurs par des experts agronomes du pays et ailleurs. Désormais accrochés au défi de leur génération et ayant résolu ainsi leur problème d’emploi parce que ne se plaignant plus de leurs conditions de vie, ces trois jeunes béninois subviennent non seulement à leurs besoins vitaux mais également mettent leur savoir-faire au service d’autres agriculteurs qui en profitent et arrangent abondamment leur rendement agricole. Le rapport Africa’s Development Dynamics 2018 a également exposé les réels problèmes d’employabilité auquel est confrontée la jeunesse africaine.

A lire aussi: Bénin: résultats du concours d’entrée dans les lycées militaires

Des initiatives professionnelles qui sont certes de l’informel puisque ne se reposant pas sur des bases réglementaires en vigueur dans le pays, mais qui permettent aux acteurs de combler le fossé trop grand décrié observé entre la formation et le marché béninois de l’emploi. Des entreprises personnelles ou de petits groupes du genre n’en manquent pas et attendent parfois un petit coup de pouce pour non seulement se formaliser mais également pour générer plus d’emplois et absorber  le nombre trop élevé des  plus de vingt-deux (22) mille étudiants sortis des universités béninoises mais qui se retrouvent presque systématiquement au chômage.

Les commentaires sont fermés.

Ce site Web utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que vous êtes d'accord avec cela, mais vous pouvez vous désinscrire si vous le souhaitez. Accepter En savoir plus